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𝐉e ne prends pas le temps de réfléchir deux fois. Comme avec Bailee, je cours aussi vite que je le peux sans jamais regarder en arrière. Je ne peux pas risquer de le voir, ou qu'il me voie. Tout ça représente le danger de me confronter à mes propres démons. Je ne pourrais pas survivre à une nouvelle chute.
Alors je cours. Je cours loin. Je cours vite. Mon esprit ne se fixe que sur un objectif : ne pas fléchir. La pression circule dans mes veines comme si elle était connectée à mon âme, absorbant chacune de mes respirations, de mes pas, de mes pulsations. Je ne m'arrête pas, sachant que le moindre arrêt pourrait être fatal.
Je dois me surpasser, aller au-delà des capacités de mon corps pour ne penser qu'à éviter la chute. Je ne peux pas laisser mes pensées m'engloutir. Mon corps doit dominer, alors que la douleur, la peine, la torture de courir aussi vite sans jamais reprendre mon souffle me prennent par surprise et m'empêchent de penser.
Pendant de longues minutes, je continue ainsi. Je ne sais pas précisément où je vais ; ça fait un moment que j'ai quitté l'appartement de ma mère. Je cours sans savoir où je vais, droit devant moi, sans même m'arrêter aux feux de la route. J'ai besoin de respirer, de remplir mes poumons d'air, mais je ne me le permets pas. Je ne peux pas me le permettre.
Pendant de longues minutes, je ne m'arrête pas, jusqu'à ce que mon corps ne puisse plus continuer et que je sois obligée de m'arrêter. Je me stoppe brusquement, manquant de tomber par terre, avant de me rattraper au banc le plus proche. Je m'appuie sur sa surface pour reprendre mon souffle, m'asseyant dessus et inclinant la tête en arrière pour sentir l'air frais sur mon visage.
Doucement, je prends de profondes inspirations pour retrouver mon calme. Tout le long, un seul visage revient dans mon esprit. Un visage que j'ai du mal à affronter. J'aimerais fermer les yeux pour chasser cette image, mais c'est impossible.
Impossible.
Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas envisagé la possibilité qu'il serait également là. Je ne sais pas pourquoi je ne me suis pas préparé à sa venue ici. Quand j'y réfléchis, ça semble évident. C'est tellement évident qu'il serait l'un des malheurs de cet endroit. Quand je pensais être libre, pensant que je pourrais être délivrée, même avec Bailee à proximité.
Mais maintenant qu'il est là, c'est impossible. Je ne peux pas fermer les yeux sur ce qu'il représente. Il m'est totalement impossible de ne pas penser à lui, à ce qu'il a fait, à ce qui s'est passé, aux conséquences que ça a eues
Comment pourrais-je envisager quoi que ce soit à ce sujet ? Je suis impuissante face à tout ce qui se passe autour de moi. Je suis impuissante face à lui. Et il le sait. Du moins, il le savait. C'est pourquoi il a agi ainsi. Il savait que je ne pourrais rien y faire.
Le revoir, c'est comme recevoir un coup de poing en pleine figure. C'est comme si je lui permettais de m'ouvrir en deux pour disséquer chaque noirceur qu'il a insérée en moi. Je parie que s'il pouvait voir tout ça, toute la souffrance, toutes les horreurs qu'il m'a infligées, il s'en réjouirait. Il serait tellement fier de lui-même d'en être responsable.
Je ne peux pas lui offrir ce plaisir. Peu importe si le Terrence de ce monde ne me connaît pas ; je sais qu'il en tirerait satisfaction. Parce que c'est ça qui le fait vibrer, n'est-ce pas ? La peine des autres, le plaisir de less voir souffrir au point où ils ne voient plus aucune lumière et se retrouvent confrontés au néant. C'est précisément ce qui fait battre son cœur, de voir tant de personnes souffrir autour de lui et d'en être responsable.
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A Life Without Me
Novela JuvenilEt si elle n'avait jamais existé ? Aelia, épuisée et désespérée, se tient au sommet du plus haut pont de la ville, prête à mettre un terme définitif à ses souffrances. Pourtant, lorsqu'elle effectue ce dernier pas, elle se retrouve inexplicablement...