10. Union

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Temps de lecture : 12 minutes.

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𝐉e ne suis pas certaine de savoir ce que je suis en train de faire, mais mon empathie a pris le dessus. Je tiens fermement le bras de l'inconnu dans ma main en le traînant avec moi en direction de ma mère. Je crois l'entendre dire quelque chose, mais je ne m'attarde pas sur ses paroles.

Je m'arrête juste devant ma mère, qui donne une dernière insulte à son téléphone avant de se tourner vers moi. Elle essaie d'abord de m'offrir un sourire, comme si elle n'avait pas injurié mon père de tous les noms il y a à peine quelques minutes, avant que celui-ci ne s'affaisse lorsqu'elle remarque l'homme à mes côtés. Elle entrouvre les lèvres, cherchant à trouver la bonne question à me poser.

Derrière elle, nos produits sont scannés un par un, laissant le son des articles en bruit de fond. Elle est surprise, mais j'ignore si c'est du bon ou du mauvais étonnement. Je n'arrive pas bien à la déchiffrer.

— Euh... hey ? tente-t-elle, incertaine. Je ne suis pas sûre de te connaître.

Son ton n'est pas menaçant ; plutôt neutre pour le moment. C'est une bonne base pour la suite, je crois.

— Bonjour, madame, répond-il en lui tendant sa main. Je m'appelle Idir.

Elle lui serre la main, mais je les sépare rapidement en m'interposant entre eux deux, me positionnant devant ma mère en croisant les bras.

— Je me demandais si je pouvais l'inviter à notre dîner de ce soir, bafouillé-je.

Ma mère fronce les sourcils.

— L'inviter ? Mais–

— C'est juste qu'il n'a nulle part où aller. C'est un ami, m'empressé-je d'ajouter en voyant sa réticence. Un très bon ami. Et, euh... Et je n'aimerais pas qu'il passe la soirée seul. C'est tout.

Je sais que ce n'est pas la meilleure des excuses, mais elle tourne tout de même la tête vers l'inconnu pour l'observer. Elle le scrute dans ses moindres détails, s'attardant sur chaque aspect de sa personne. Elle ne veut pas laisser n'importe quel étranger entrer chez elle, et je comprends ça.

Toutefois, j'aurais besoin qu'elle soit de mon côté et qu'elle mette de côté son scepticisme, ne serait-ce que pour cette fois. J'en aurais vraiment besoin. C'est ce que j'essaie de lui transmettre à travers mes yeux, essayant de me faire comprendre. À côté de moi, je donne un petit coup de coude à l'inconnu pour qu'il coopère.

Je ne sais pas comment il le prend, mais je peux l'imaginer en train de sourire et d'offrir à ma mère un regard triste, semblable à celui qu'il m'a donné.

Ensemble, nous sommes plus forts.

— Je ne savais pas que tu t'étais fait un ami, dit ma mère en continuant d'avancer pour ranger nos articles. Tu n'as jamais mentionné personne.

Je tourne la tête vers l'homme.

— Oh, c'est... c'est vrai, oui. Désolée. Je n'y avais pas pensé.

Ou plutôt, je n'ai pas d'amis. Comment mentionner quelque chose qui n'existe pas ? Ma mère me regarde quelques secondes de plus, détournant ensuite son attention sur l'inconnu, puis revenant vers moi. Là, elle soupire.

— Très bien. J'imagine qu'une personne de plus ne changera rien. Je pense même que ça pourrait être une bonne chose.

Je ne peux m'empêcher de sourire à cette nouvelle, tournant la tête vers l'homme qui fait de même, bien qu'il soit un peu confus par ce que j'ai en tête. Rapidement, nous rangeons les courses dans les sacs, prenant soin de les trier à l'avance tandis que ma mère s'occupe de payer.

A Life Without MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant