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𝐉e ne sais pas combien de temps s'écoule pendant lequel le silence pèse entre nous, mais c'est bien plus que je ne peux supporter. J'ai tellement de choses à lui demander, mais si peu de moyens de lui dire. Idir et moi avions prévu tellement de façons de l'aborder, mais maintenant que je me trouve enfin face à elle, je suis incapable de prononcer la moindre syllabe.
Elle semble presque irréelle, comme si elle n'était qu'un fragment de mon imagination. Je n'ai aucune idée de qui est cette femme. Je m'étais dit qu'une fois devant elle, j'aurais réalisé que je la connaissais, mais non. Je ne la connais pas. Elle ne me paraît pas le moins du monde familière. Ce n'est qu'une inconnue qui agit de manière étrange et nous cache quelque chose qui nous dépasse.
Je ne sais pas à quoi je devrais croire, mais je sais qu'elle n'est pas arrivée sur ce toit par la porte que nous venons de prendre.
Et ça seul devrait m'alarmer.
— Qui êtes-vous ? demande Idir à ma place, avançant à son tour. Que faites-vous ici ?
La femme lui sourit avant de nous contourner pour s'aventurer sur le toit. Idir et moi nous retournons immédiatement pour ne pas la perdre de vue. Nous savons qu'elle pourrait nous échapper à tout moment.
— Vous n'êtes pas ici pour découvrir qui je suis, n'est-ce pas ? Pourquoi ne me posez-vous pas les vraies questions que vous avez en tête ?
Il avance vers elle, les poings serrés.
— Je veux savoir comment rentrer chez moi.
Elle rit moqueusement, plaçant ses mains derrière son dos avant de se retourner vers moi pour nous observer chacun notre tour. Elle commence par Idir, qui n'a rien de menaçant, mais dont la colère pourrait frapper n'importe qui. À côté de lui, je me sens soudainement beaucoup moins confiante. Beaucoup moins sûre qu'à notre arrivée ici pour la rencontrer. Je crois que le simple fait de la voir m'a totalement bouleversée.
— Rentrer chez toi ? répète-t-elle. Qu'est-ce que « chez toi » ?
Je fronce les sourcils. C'est quoi cette question ?
— Je ne joue pas aux devinettes, rétorque Idir. Dites-moi juste comment je peux rentrer chez moi, retrouver ma famille. Je veux juste sortir d'ici. Alors, s'il vous plaît, supplie-t-il. Dites-moi.
Sa voix est si faible que je doute de l'avoir entendue pendant quelques secondes. Je n'aime pas le désespoir dans ses paroles, comme s'il était arrivé à bout de ce qu'il pouvait supporter. Le sourire persistant sur les lèvres de la femme me dérange, comme si ça l'amusait. Je m'avance jusqu'au niveau d'Idir, serrant les poings de colère. Je chasse toutes mes incertitudes par la fenêtre et me concentre uniquement sur cette femme, la fixant du regard comme elle le mérite.
— Ce n'est pas si simple, répond-elle.
— C'est vous qui compliquez les choses, j'interviens d'une voix ferme. Vous vous jouez de nous. Ça vous amuse de nous faire ça ?
Lorsque nos regards se croisent, je devrais normalement me sentir intimidée, mais je ne le suis pas. Je garde la tête haute et lui rends cette intimidation qu'elle essaie de me transmettre. Je ne plie pas comme elle le voudrait. Je pense que ma résistance l'amuse encore plus ; son visage affiche un sourire malicieux, comme si elle était fière d'elle-même, fière de me déstabiliser.
— Je ne suis pas là pour vous tourmenter, déclare-t-elle en regardant Idir. Et je ne suis pas non plus ici pour vous sauver.
— Alors pourquoi êtes-vous ici ? la presse Idir, impatient.
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A Life Without Me
JugendliteraturEt si elle n'avait jamais existé ? Aelia, épuisée et désespérée, se tient au sommet du plus haut pont de la ville, prête à mettre un terme définitif à ses souffrances. Pourtant, lorsqu'elle effectue ce dernier pas, elle se retrouve inexplicablement...