27. Hésitation

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𝐋e lendemain, mon cœur est toujours aussi douloureux. J'essaie en vain de l'ignorer, mais chacune de mes pensées me ramène inévitablement à Terrence. Je tente toujours de comprendre ce qui m'arrive et de mettre des mots sur mon état, mais quoi que je fasse, tout reste flou dans mon esprit. Il y a ces pensées contradictoires qui se mélangent et traversent mon cerveau.

Toute la nuit, j'ai tenté d'y voir plus clair jusqu'à ce que plus aucune pensée n'occupe mon esprit. Finalement, ça n'a mené à rien, si ce n'est à davantage de confusion.

Le problème, c'est que je me sens coupable de ce qui lui est arrivé, tout en me détestant de ressentir autre chose que de la haine pour lui. J'ai l'impression que quoi que je fasse, ça me ramène à ce qu'il a fait et à ses conséquences. Je ne peux pas y échapper.

Je ne peux donc pas affirmer que j'ai réellement pu dormir hier soir. C'est même tout le contraire. J'ai passé la nuit à me retourner de gauche à droite, à fermer les yeux en espérant trouver le sommeil, pour ensuite me réveiller la seconde d'après avec le bruit de sa chute. Je n'ai pas cessé d'y penser, de rejouer la scène dans ma tête comme si ça pouvait m'aider à mieux la comprendre. Ça n'a fait que m'embrouiller davantage.

À présent, je ne sais pas du tout quoi faire ni dans quelle direction aller pour chasser ces pensées désordonnées de ma tête. Je crois que j'ai besoin de beaucoup plus de temps et de patience pour commencer à comprendre quoi que ce soit.

Dehors, le soleil est déjà levé. Je ne prends pas le temps de regarder l'heure, trop pressée de quitter la chambre pour manger quelque chose, n'importe quoi qui pourrait libérer mon esprit.

En atteignant le couloir, deux voix distinctes attirent mon attention. J'essaie de les distinguer jusqu'à réaliser qu'il s'agit de ma mère et de mon père.

J'approche alors de la porte menant à la cuisine, où ils se trouvent tous les deux. Je jette un regard si bref que ni l'un ni l'autre n'a le temps de me voir. Pourtant, moi, j'ai pu les voir l'un en face de l'autre : ma mère est assise sur l'un des meubles tandis que mon père est adossé à un autre, juste en face, les bras croisés.

— On doit essayer de la faire parler, chuchote ma mère. Je ne veux pas qu'elle se renferme.

Mon père semble prendre ses paroles avec précaution, comme s'il devait réfléchir en détail pour donner la bonne réponse. Pendant son silence, mes battements de cœur s'accélèrent et rivalisent avec la trotteuse de l'horloge en face de moi.

— On ne peut pas la forcer à parler, réplique-t-il. Elle nous parlera quand elle se sentira prête.

— Et si ce jour-là était trop tard ? Et si elle ne le faisait jamais ? Tu crois que je peux continuer à la voir souffrir sans rien faire ?

Ma poitrine se serre.

— Adelina...

— Ça me fait mal, Carsten. La voir comme ça... Ça me donne envie de m'en prendre à tous ceux qui lui ont fait du mal. On ne peut pas la laisser comme ça. Je sais qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Je sais qu'il y a un problème. Et j'ai besoin de l'aider.

Ma main saisit immédiatement le collier autour de mon cou – celui que mon père m'a offert. J'ai envie de pleurer en l'entendant dire ça. J'ai besoin de comprendre pourquoi les choses sont si différentes ici par rapport à ma réalité. Parce que dans ma réalité, ma mère fait partie de ceux qui m'ont fait du mal. Son absence et son manque de considération... tout ça m'a blessée profondément. Ça m'a fait sentir que je ne pouvais pas être aimée, que je ne valais rien.

A Life Without MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant