Prison dorée

Belle de loin, mais loin d'etre belle.

Yana

10 aout 2023

Le téléphone interne sur mon chevet sonne, le nom de Sara, notre gouvernante s'affiche.

- Bonjour Sara.

- Mme Gallo, Plusieurs paquets ont été livrés pour vous, ils vous attendent dans la salle de réception, voulez-vous que je les fasses déballer pour vous ?

- Sara, combien de fois dois-je te dire de m'appeler par mon prénom ?

- Combien de fois dois-je vous dire qu'il m'est impossible de faire cela ? Vous connaissez Mr Gallo mieux que moi, je ne tiens pas à perdre mon emploi.

Je ferme les yeux et prends une grande inspiration avant de répondre :

- Je descendrai les ouvrir moi-même dans la matinée, merci Sara.

Je fini d'enfiler ma tenue de sport et envoie un message à ma sœur :

« Colis à déballer, salle de réception à 9h ! »

Je sais qu'elle ne me répondra pas maintenant, je suis très matinale contrairement à elle et il n'est que 6h. A vrai dire, j'ai dit 9h pour être sûr qu'elle soit prête à 11h.

Il est un peu plus de 11h quand Chada décide enfin de m'honorer de sa présence. En entrant dans la pièce, elle écarquille les yeux comme une enfant dans un magasin de jouet.

- Wow, mais qu'est-ce que c'est que tout ça ?

- T'es en retard Cha.

- Tu n'avais qu'a pas me donner rendez-vous à 9h un dimanche matin ! C'est le week-end, je dors, tu devrais essayer.

- Tu dors tous les matins que Dieu fait, dis-je d'un ton amusé.

- C'est vrai, tu sais comment on appel ça ? Le beauty privilège ! Et du coup j'imagine que ça c'est ton « j'ai un riche mari » privilège ? dit-elle en pointant du doigt les 50 paquets qui jonchent le sol.

J'acquiesce.

- C'est nos 5 ans de mariage aujourd'hui, et comme 5 cadeaux « ce n'est pas assez pour ma précieuse femme », dis-je en prenant une voix grave, il m'en a fait 50.

- Ana, c'est incroyable, je suis tellement heureuse pour toi.

Un silence de quelques secondes s'installe, puis elle poursuit avec une voix beaucoup moins enthousiasmée :

- Tu n'es pas triste qu'il ne soit pas là pour le fêter avec toi ?

J'aperçois un soupçon de pitié dans son regard. Je me lève et avale la distance qui nous sépare afin de lui prendre la main pour la rassurer.

- Je vais bien Cha, Milo est un homme occupé, je le savais quand je l'ai épousé. On se rattrapera quand il rentrera à la fin du mois. Et puis, un Homme ça finit toujours par décevoir, l'argent non.

Je termine ma phrase par un clin d'œil et un sourire qui j'espère rassurant.

- Ne dis pas ça ! Milo t'aime, il ne te fera jamais de mal ! me dit-elle en fronçant faussement les sourcils. Puis elle hausse les épaules et ajoute : Mais tu as raison, a bat les Homme, vive l'argent !

Il ne lui en faut pas plus pour sortir son téléphone et commencer son « Unboxing » en vidéo.

Ma petite sœur a fait de son extrême beauté une force puisqu'elle est l'une des influenceuse beauté les plus influentes des États-Unis . Sa longue paire de jambes et sa taille fine viennent compléter son visage d'ange encadré par sa chevelure lisse et brune. Je pense être objective quand je dis qu'elle est sublime.

Au bout d'une trentaine de cadeaux, la porte s'ouvre sur Mana, notre tante. Mana n'a que 4 ans de plus que moi. Elle est pour ainsi dire, un accident de mes grands-parents maternel. Mais je ne les remercierais jamais assez de m'avoir offert l'une des personnes la plus chère à mes yeux. Je n'ai pas vraiment d'amis, mes acolytes sont ma sœur et ma tante. Il faut dire que nous avons eu des débuts tumultueux, mais avec l'âge, nous sommes devenus inséparable toutes les trois. Elle habite à une trentaine de minutes du domaine, dans un loft moderne en plein centre de San Francisco. Elle a profité du succès de ma sœur pour ouvrir une agence de gestion de carrière pour les célébrités qui fonctionne plutôt bien.

Elle entre en mettant son indexe en l'air, comme pour nous intimer de nous taire.

- Je me fou complètement de vos explications, si l'article est toujours en ligne dans les prochaines minutes, que dis-je, dans les prochaines secondes, je vous colle un procès au cul pour diffamation ! Croyez-moi, vous ne voulez pas avoir Mana Salhi comme ennemi ! Elle tapote deux fois sur son AirPods droit pour raccrocher, regarde la pile de cadeau, puis moi et dit : Est-ce qu'on doit craindre un procès du père Noël pour « concurrence déloyale » ?

- 5 ans de mariage ça se fête ! Répond Chada.

Je la regarde en souriant, tout en prenant soins d'éviter le regard de Mana, je sais que la pitié que je verrais dans son regard me fera l'effet d'une balle entre les deux yeux.

Chada termine de tout déballer, nous discutons un peu toutes les trois, puis elle finit par rentrer pour aller se préparer pour l'événement d'une marque de cosmétique. Le fait qu'elle habite avec mes parents et mes 2 frères dans une dépendances du domaine est plutôt pratique.

Je sens le regard de ma tante posé sur moi.

- Elle croit toujours que vous vivez le parfait amour ?

- Tu sais très bien que ça la détruirait si elle savait, dis-je les yeux dans le vide.

- Regarde-moi Ana, ça fait plus de cinq ans que ça dure, peut être que si tu...

Je ne lui laisse pas le temps de finir et accroche mon regard au siens.

- Mana arrête, tu es l'une des seules personnes au courant de toute cette mascarade. Et je veux que ça reste ainsi. Trop de personnes souffriraient si la vérité finissait par éclater tu le sais bien.

- Alors tu préfères tout porter sur tes épaules et souffrir jusqu'à la fin de ta vie ?

- Exactement. répondis-je sèchement pour couper court à la discussion.

- Ana, s'il te plaît... Jusqu'à quand ce faux mariage va-t-il durer ? Milo est un Homme dangereux, son regard fait froid dans le dos. Il est capable de trop de choses horribles pour être clean.

- « Jusqu'à ce que la mort nous sépare », dis-je résignée.

- Ne me donne pas de mauvaises idées !

- Mana, j'en ai déjà assez de couvrir un homicide, un deuxième serait légèrement trop pour moi.

Un silence s'installe, elle en profite pour s'assoir à côté de moi et poser sa tête sur mon épaule.

- Est-ce qu'il te manque ?

Ce qui reste de mon cœur se serre dans ma poitrine. Rien que le fait de penser à lui est une torture pour mon âme. Un petit moment passe dans le silence absolu. Je sais qu'elle attend ma réponse mais je ne peux pas me laisser aller, alors je fini par inspirer profondément en me levant.

- Je ne compte pas parler de ça.

- Ana s'il te plaît, tu feins toujours d'aller bien, tu ne parles jamais, tu vas finir par devenir folle. J'ai peur pour toi, tu deviens froide et vide de toutes émotions.

Je vois dans son regard qu'elle est réellement inquiète et je sens que la discussion peut prendre une tournure un peu trop profonde, alors je décide de faire ce que je fais le mieux : Fuir la conversation.

- C'est faux ! Je ressens toujours la colère, dis-je sur un ton faussement blessé.

- Ana ! Je ne rigole pas. Tu sais que je suis là pour toi.

- Oui je sais mais je vais bien, comme tu l'as dit, ça fait cinq ans maintenant, j'ai trouvé un bon équilibre ne t'inquiète pas pour moi.