Gabin - Devant l'immeuble d'Elizabeth

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Pied droit posé contre le portail de son lotissement, j'attends patiemment son arrivée. Je regarde l'heure pour la troisième fois en cinq minutes ; le temps me paraît si long.

Je lève les yeux et observe ma maison. J'ai appris à regarder les choses différemment depuis qu'Elizabeth est là. Dans cette attente ennuyeuse, je m'amuse à scanner chaque passerelle de ma maison, espérant peut-être y découvrir quelque chose de magique.

Soudain, j'entends des bruits de pas. Je me tourne et la vois ; elle est resplendissante dans sa tenue d'un noir aussi intense que le charbon. C'est la première fois que je la vois porter une robe. Par-dessus, elle porte un gilet en coton beige. Je lui souris. Elle arrive essoufflée vers moi, prête à enjamber le portail, mais je la bloque.

- Une dame en robe passe par la porte , pas par-dessus, lui dis-je.

Elle se redresse et je lui ouvre le portail une fois sa clé passée dans la serrure. Elle se joint à moi et remet ses cheveux en ordre.

- Ça va pour la tenue, pas trop chic, pas trop ringarde ? demande-t-elle.
Je souris et acquiesce.
- C'est parfait.

Elle tire sur sa robe pour la remettre en place et m'adresse un regard timide. J'essaie d'être bienveillant au maximum ; elle n'a pas l'air très à l'aise, mais je suis sûr qu'elle réussira à s'intégrer.

Nous arrivons rapidement chez Sébastien, la fête bat déjà son plein à l'intérieur. Elle agrippe ma manche et me lance un regard paniqué.

- Ne t'inquiète pas, on va bien s'amuser ! lui dis-je, tentant de la rassurer.

Elle essaye de m'accorder un regard rassurant, mais je sens bien son malaise.

- Je ne te lâcherai pas de la soirée," lui promets-je.
Elle approuve de la tête et nous pénétrons dans la maison. L'intérieur sent l'alcool et la cigarette, la plupart des gens que nous croisons nous saluent, surtout moi. La musique résonne dans toute la pièce centrale. Je commence déjà à suffoquer, mais cela ne m'a jamais empêché de profiter de l'ambiance des soirées ; cette impression d'être déconnecté de la réalité est bien au-dessus de ma maladie.

- Ça va ?" criai-je pour me faire entendre. Elle me répond à son tour en criant que ça va, mais qu'elle préfère sortir prendre l'air. Je lui demande si je peux venir avec, mais elle refuse. Je la laisse partir, persuadé qu'elle s'en sortira vivante. Elle est bien plus forte qu'elle ne le croit.

Je me mets à la recherche de Sébastien, que je n'ai toujours pas croisé, bien que nous soyons dans sa maison. Sur le chemin, je croise Charlotte vêtue d'une jupe rose fuchsia et d'un haut gris holographique, qui reflète les différentes boules disco disposées un peu partout dans l'immense pièce qui doit être le salon.
- Tu sais où est Seb ?" lui demandai-je.
Elle me fait un signe en direction de la cuisine. Je la remercie, puis elle retourne discuter avec une bande de gars de notre IUT. Je lève les yeux, l'époque où l'on jouait à cache-cache en pyjama dans le jardin est bien loin de nous.

Je me dirige vers la cuisine où notre bande d'amis s'enfilent des bières en cuisant des pizzas au micro-ondes.
- Salut les gars, dis-je en leur adressant un signe de main.
- Ça faisait longtemps !
- Ouais, j'étais occupé ces derniers mois, mais me revoilà, répondis-je.
Je ne sais pas ce que Charlotte ou Sébastien leur ont dit ou pas sur ma mère et moi, alors je préfère rester discret. Je m'assois entre Timothé et Andréa, oubliant que je venais chercher Sébastien. On me propose une bière, que j'accepte même si mon traitement n'est pas censé me le permettre.

Et s'il ne suffisait que d'une fleur ? - romanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant