Elizabeth - Sur l'herbe

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La lune se profile et ses faibles rayons se reflètent sur mon bracelet en argent. J'entends des pas feutrés provenant de derrière et j'en déduis que cela doit être Gabin à ma recherche. Je ferme les yeux et respire l'odeur fraîche de l'herbe sur laquelle je suis couchée. Les pas se rapprochent.

- Salut Gabin, dis-je.
- Perdu... s'exclame une voix.

Je me retourne assez précipitamment et trouve Sébastien debout derrière moi, les mains dans les poches de son jean gris.
- Ah... salut Sébastien. Gabin te cherchait avant, je dis.

Il s'approche de moi et s'installe à côté, je me décale pour laisser un espace plus grand entre nous deux. 

- Je sais, je l'ai croisé dans la cuisine, il s'enfilait l'alcool avec le reste de notre bande, me répond-il.

- De l'alcool... Ce n'est pas dangereux avec... tu sais...
Sébastien arbore un grand sourire et tourne le regard vers moi.
- Non, pas du tout, ne t'inquiète pas, il peut se le permettre.

J'acquiesce alors et me rallonge dans l'herbe, les mains derrière la tête. Sébastien fait de même, le silence règne entre nous, mais même sans le voir, je peux sentir son regard sur moi.

- Tu es jolie en robe, tu devrais en mettre plus souvent. 

Sentant son regard sur moi, je serre mes cuisses, sa remarque me gêne et me flatte à la fois. Je balbutie un remerciement et Sébastien se relève, se plaçant au-dessus de moi et me tendant la main. Je le regarde dubitatif.

- Tu as l'air d'aimer les coins d'herbe, entre ici, à l'école, au parc... donc si tu l'acceptes, je veux bien t'emmener loin de tout ce bruit et ces odeurs pestilentielles.

Je balbutie :
-Il faudrait que j'aille prévenir Gabin pour qu'il sache où je suis...
- Pas besoin, Elizabeth, il est en haut avec une fille.

En haut... avec une fille... j'encaisse mal sa réponse, je le savais depuis le début pourtant. Et puis, je ne risque rien avec Sébastien ; s'il est ami avec Gabin, c'est qu'il est un garçon bien.

Je me relève en tendant ma main vers lui.
- D'accord, je te suis.

Il me sourit, ses lèvres retroussées au coin de sa bouche. Il m'accompagne derrière sa grande maison vers la forêt qui se profile à l'horizon. Je le suis prudemment, mais je reste sur mes gardes. Je n'ai même pas totalement confiance en Gabin, alors en lui... 

Je reste derrière lui et m'arrête, faisant mine de refaire mon lacet pour attraper un caillou, comme me l'a appris ma sœur, que je glisse dans la poche de mon petit gilet beige. Il sera sali, mais tant pis.

Et s'il ne suffisait que d'une fleur ? - romanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant