Gabin - Salle de classe

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Mademoiselle n'est pas réceptive à mes réflexions, elle détourne la tête sans même m'adresser un regard. Elle a un visage harmonieux, de jolis yeux couleur noisette, de longs cheveux roux lisses, épais et soyeux, tout simplement parfaite. Elle jette de rapides coups d'œil en ma direction, rougissant quand mon regard croise le sien.

Le cours a déjà commencé, mais je suis hypnotisé par le mouvement de ses mains qui griffonnent des notes sur un petit carnet parsemé de gribouillis et de dessins en tout genre. Notre professeure parle du programme de l'année. On débute avec un premier travail à rendre à la fin de l'heure pour évaluer nos connaissances, par trois, sur l'auteur de notre choix. Je me retourne vers ma très chère camarade et voisine de classe.
- N'y pense même pas, souffle-t-elle.
- Mais je ne t'ai encore rien demandé !
- Oui, mais ça se voit sur ton visage.
- Tu vois, on se connaît déjà assez pour se mettre en groupe.

Je lui fais un superbe clin d'œil que je regrette immédiatement, et pour cause, pas l'ombre d'un sourire sur sa frimousse. Elle ne m'a sans doute pas reconnu, ou alors elle ne veut juste pas d'ami, mais elle va bien être obligée de travailler avec deux autres personnes, et je ne veux pas qu'elle s'aventure avec certains de nos camarades.
- Après tout, continue-t-elle, je ne connais personne et tu m'as l'air d'avoir une assez bonne culture littéraire.
Elle tourne la tête en montrant le reste de la classe et me dit à voix basse :
- Comparé à d'autres ici.
Son visage s'illumine légèrement et je souris. Elle doit faire référence aux rires que j'ai entendus au début du cours, mais je n'y ai pas prêté attention, mon esprit était déjà trop occupé avec autre chose.
- Il nous faut quelqu'un d'autre, dis-je.
Elle se ronge les doigts et regarde tous les groupes se former.
- Si on attend... peut-être qu'on pourra être que deux, me dit-elle.

L'idée d'être seul en groupe avec elle me remplit de bonheur. Je m'apprête à lui répondre que c'est une bonne idée, quand Charlotte, une amie d'enfance, me saute dessus.
- Gabinoucheee, m'appelle-t-elle d'une voix mielleuse.
Je vois mademoiselle ma voisine – dont je ne connais toujours pas le prénom – lever les yeux au ciel, et je pouffe de rire.

Et s'il ne suffisait que d'une fleur ? - romanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant