Gabin - Dans sa maison

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Cela fait maintenant une semaine que j'attends d'apercevoir l'ombre d'Elizabeth par la fenêtre de ma chambre. Une semaine que j'attends qu'elle passe la porte de notre salle de classe. Une semaine que je l'attends. Une semaine que je m'en veux d'avoir cru qu'être malade me dispensait de faire attention aux conséquences de mes actes.

Je n'ai plus le cœur à rire avec mes camarades ou mes amis, comme je le faisais auparavant. Le rire a toujours été mon refuge, comme si le fait de me montrer en forme effaçait la réalité qui n'allait pas tarder à me rattraper.

Mais depuis son départ, je n'ai plus la force de faire semblant, et j'ai l'impression que des forces, j'en ai de moins en moins. Ma toux s'est accentuée depuis quatre jours et je suis resté chez moi m'occuper de ma mère, revenue peu de l'hôpital. Le médecin m'a enfin expliqué les raisons de ses malaises et maux de tête à répétition : une surcharge de travail et un stress trop élevé.

- Laisse-moi retourner travailler, qui va payer les factures sinon ? me questionne ma mère.
- Mais maman, le médecin t'a fait un arrêt maladie pour le mois à venir. Tu seras payée à rester allongée et à profiter de ton fils. Si ce n'est pas le rêve de toutes les mères de famille.
- Tu as bien raison, mon fils.

Elle m'ébouriffe les cheveux. Je lui reprends son plateau repas et le ramène à la cuisine avant de revenir vers elle avec un jeu de cartes.
- Bataille ? me demande ma mère.
- Nan, injustice, c'est toujours toi qui gagnes !
- C'est toi qui me laisses gagner, je le sais, répond-t-elle en mimant une moue faussement vexée.
- Ahhh, je plaide coupable, dis-je en me laissant tomber en arrière sur le canapé.

Nous partons dans un fou rire, notre remède pour combattre notre morosité. J'ai dû rire un peu trop faussement, car ma mère fait sa moue de maman omnisciente. Elle me caresse la joue avec le revers de la main.
- Dis-moi, chéri, dis-moi ce qui ne va pas.
- Je ne veux pas te déranger avec mes histoires, maman.
- Tss, ne dis pas des bêtises comme ça et raconte-moi, je suis là, profite-en.

Alors je me relève et lui raconte tout. Ma rencontre avec Eliz, la soirée, la rumeur qui court, la "disparition" d'Elizabeth. Quand j'ai fini ma tirade, ma mère ne dit rien. Elle se contente de me prendre dans ses bras.
- Retrouve-la.
- Comment faire ?
- À toi de trouver, c'est toi qui la connais.

Et s'il ne suffisait que d'une fleur ? - romanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant