Je marche sur le toit de mon immeuble, le soleil nous fait cadeau de ses derniers rayons chauds, mais mes pieds ne me brûlent plus ; e me suis enfin habituée à marcher sur ce béton dur.
Je tourne sur moi-même, ce qui fait flotter mon haut en coton au même rythme que le vent, accompagné par mes cheveux qui suivent la danse en volant dans tous les sens. De loin, la scène pourrait drôlement s'apparenter à un rituel ou à une danse de la pluie, mais je profite simplement des derniers soirs agréables de l'été.
Nous arrivons bientôt au début de l'automne et le temps commence déjà à se refroidir. J'aime sentir l'air m'accompagner dans mes danses.Je ne sais pas si Gabin a vu mon mot, ou s'il l'a lu, je ne sais même pas si la proposition lui plaît. Je marche en direction du bord de l'immeuble. Je me mets debout, mes cheveux virevoltent au contact du vent. Je respire l'air pur de cette petite ville, et commence à accélérer, à faire le tour du carré formant le toit. J'accélère au rythme des gazouillements des oiseaux, le vide qui se profile sous mes pieds m'aide à me sentir vivante.
À cet instant, je ne pense plus à rien et je me contente de courir, marcher, tourner, danser. J'esquive de peu les chutes, heureusement j'ai la chance d'être plutôt adroite grâce à la danse.
Je tourne une dernière fois sur moi-même, ma tête n'en pouvant plus, puis je m'écroule sur le sol en fausse pelouse du toit.
Ma respiration est irrégulière. Je pose ma main sur mon cœur et je sens ainsi le pendentif que je porte, l'Ipomée de Gabin. Je me surprends à sourire. Je ne devrais pas m'attacher à ce charmeur, mais je chasse cette idée de ma tête, me disant qu'il n'a pas l'air aussi détestable que je le pensais. Et je m'endors simplement.Je me réveille au milieu de la nuit, personne n'est passé arroser les fleurs qui décorent le toit de l'immeuble alors je me promets de le faire demain.
Je me relève et me dirige vers la cage d'escalier. J'espère que je n'ai pas posé un lapin à Gabin.
Je rentre dans mon appartement que j'ai laissé ouvert, je soupire, quelle tête en l'air je fais parfois. Je me laisse tomber sur mon canapé et j'allume la télévision.
Demain, les cours reprennent. Je n'ai pas particulièrement envie d'y aller, mais ça me permettra de revoir Gabin. La télévision est ennuyante. Je ne sais pas pourquoi mes parents insistent pour que j'en aie une. Je m'assoupis et finis par me laisser guider dans les bras de Morphée.
Je suis dans la même allée sinistre, j'avance, vêtue de noir de la tête aux pieds, un bouquet de chrysanthèmes et de lys à la main. J'approche de sa tombe, mais ses démons extérieurs, mes démons intérieurs se mélangent, se confondent, me trompent, m'empêchent de respirer. Le bouquet se fracasse sur le sol.
Je crie.
Le cri résonne encore dans mon esprit quand je me réveille, essoufflée, à bout de force. Ma respiration est irrégulière, comparée à ce cauchemar qui, lui, est bien régulier et fréquent.
Il est bientôt l'heure d'aller en cours, je me lève donc pour me préparer et partir relativement tôt.
Je suis dans ma salle de classe, et relève la tête à chaque personne passant le seuil de la porte, espérant voir Gabin arriver. Les minutes défilent et parmi toutes les têtes, je n'aperçois toujours pas Gabin.
Il est peut-être en retard.
Pourtant, l'heure passe et je m'inquiète, je ne le vois toujours pas. Je m'efforce de me concentrer sur le cours de langue, mais mon cerveau préfère s'imaginer toutes les possibilités de pourquoi Gabin n'est pas là.
Je fixe cette chaise vide à côté de moi, j'aurais tant voulu le voir, j'aurais tant voulu qu'il se trouve à côté de moi, le remercier pour cette nuit incroyable, mais c'est impossible. Je serre fort dans ma main le pendentif que je porte.
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Et s'il ne suffisait que d'une fleur ? - roman
RomanceGabin cherche à cacher son secret pour paraître invincible. Elizabeth cherche à guérir de la perte traumatisante d'un être cher. Lui est un charmeur extraverti, et elle, une artiste introvertie. Rien ne les préparait à se rencontrer. Mais quand elle...