25. Notre escapade

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Morgan

"Les mots sont les passants mystérieux de l'âme."
de Victor Hugo

Le week-end est enfin là. Alors que je pensais flemmarder dans le lit avec Ariane, elle se lève en fanfare et m'ordonne de préparer un sac sans rien dire de plus que "maillot de bain, surprise, et une nuit". Dans la voiture, alors que j'essaye encore de lui tirer les vers du nez, elle me répond uniquement : "un autre pays". Que de mystère ! Mon esprit de déduction me porte vers l'Allemagne, mais franchement, avec tous ces noms bizarres et imprononçables de villages ou de villes, je ne sais pas trop.
Entzheim... Geispolsheim... Illkirch machin bidule... Y a carrément des noms composés... Imprononçables tout ça !

J'allume la radio et me laisse porter par le son d'Ed Sheeran, "Perfect". J'observe le paysage alsacien qui défile sous mes yeux. Les vignobles s'étendent à perte de vue, parsemés de charmants petits villages colorés. Les collines ondulent doucement, et les forêts de sapins ajoutent une touche de vert profond au panorama. En ouvrant la fenêtre, je suis immédiatement enveloppée par les senteurs humides de la nature, un mélange de mousse et de bois, imprégné de la fraîcheur de l'air matinal.

Évidemment, bercé par ces senteurs et cette tranquillité, je commence à somnoler. Mes paupières deviennent lourdes et je m'endors. Soudain, le volume de la radio augmente brusquement, et la voix autoritaire d'Ariane me tire de mon sommeil.

— Mo ! Réveille-toi ! Tu n'as pas le droit de dormir pendant que je te fais découvrir ce magnifique paysage ! s'exclame-t-elle.

Je sursaute, encore à moitié endormi.

— Hein, quoi ? Mais c'est tellement paisible... tente-je de me justifier.
— Paisible ou pas, tu restes éveillé et tu profites de la vue, ordonne-t-elle, en accentuant ses paroles de quelques mots en alsacien que je ne comprends absolument pas.
— Quoi ? Tu viens de dire quoi là ? répondis-je, confus et un peu amusé.
— Peu importe ! Concentre-toi sur le paysage, tu ne veux pas manquer la surprise à venir, n'est-ce pas ? ajoute-t-elle avec un sourire malicieux.
— Oui, Maîtresse, m'incliné-je en plaisantant, essayant de m'adapter à son ton autoritaire.
— C'est mieux ! Maintenant, regarde ces vignobles, ces collines, et ces villages. C'est un ordre !

Je ris, incapable de résister à son charme même lorsqu'elle est sévère.

— D'accord, d'accord. Je regarde, je regarde ! dis-je en me redressant et en me concentrant sur la beauté du paysage.
— Voilà un bon garçon ! continue-t-elle en souriant, satisfaite. Et n'oublie pas, la surprise est pour bientôt, alors garde les yeux bien ouverts.
— Oui, Maîtresse, réponds-je en rigolant, tout en me demandant ce qu'elle a bien pu préparer cette fois-ci.

Après environ trois heures de route et ma bataille intérieure pour ne pas fermer les yeux, nous arrivons à Neuchâtel, en Suisse. Il faut dire que leur circulation est bizarre : les piétons et les vélos sont prioritaires. Rien à voir avec Paris ! Un lac commence à se dévoiler à l'horizon, ses eaux bleues scintillant sous le soleil. Finalement, Ariane gare sa Mini devant un grand hôtel.

— Bienvenue en Suisse, dit-elle avec un grand sourire qui sublime ses beaux yeux verts.

Je descends de la voiture, ébahi par la vue. Le lac de Neuchâtel est magnifique, entouré de montagnes majestueuses. L'air est frais et pur, une bouffée de nature comparée à la grisaille parisienne.

— Tu m'épateras toujours, bébé.
— Attends de voir la suite, répond-elle en me faisant un clin d'œil.

Nous entrons dans l'hôtel, un établissement luxueux avec une vue imprenable sur le lac. Le hall est décoré avec goût, mêlant modernité et tradition suisse. Un portier en uniforme nous salue, et je ne peux m'empêcher de penser que c'est un peu comme être dans un film.

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