2. L'art de cohabiter

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Ariane

"Paris est la capitale des divines tentation"
de Zoé Valdès

Quelle nuit mais le pire, c'est ma tête là...au réveil !

Je m'efforce de discipliner mes boucles de la veille, en tapotant mes joues pour tenter de retrouver une apparence agréable à voir. Descendant dans la cuisine, vêtu d'un pyjama short, d'un tee-shirt et d'un long gilet, je suis à peine arrivée en bas que surgit une blonde aux allures de bimbo du salon. Elle porte un jean moulant, un décolleté plongeant jusqu'au sol et son maquillage semble un peu défraîchi... C'est sûrement notre vocaliste de la nuit dernière.

— Bonjour, dis-je.

Elle m'étudie attentivement et rétorque d'un ton peu aimable :
— Bonjour... Et qui es-tu ?
— Juste la nouvelle coloc, Ariane... Et toi ?
— Sandy, se présente-elle d'une voix plus douce en ramassant sa veste et son sac sur le canapé.

Sans plus de bruit, elle quitte l'appartement. Quelle bavarde au petit matin, peut-être qu'elle sera plus sympathique demain. Enfin, je dis ça, mais je n'ai pas entendu parler de petite amie.

Peu de temps après, alors que je remplis ma tasse de café noir, la voix presque familière du grand blond me fait sursauter. En me retournant, je frôle l'AVC ! Un colosse à moitié nu se tient devant moi, arborant de manière outrageusement sexy un jogging largement négligé.

Mayday, Mayday !

J'essaie tant bien que mal de détourner mes yeux de ses abdos saillants et de sa ligne de hanche séduisante qui me montre le chemin interdit. Mes yeux brûlent sur place, en fait, tout mon corps est en feu !

Oh. Mon. Dieu ! Une statue grecque vivante ! Je n'étais pas prête, je répète, je n'étais absolument pas prête ! Surtout pas au réveil ! Pas prête !

— Salut, déglutis-je alors qu'il affiche un sourire de charmeur. Un café ?

Je lui tends la tasse et m'en refait un autre.

— Ça va, as-tu bien dormi ?
— Bof ! Les murs ne sont pas très épais, Don Juan, insinué-je.
— Désolé, bâille-t-il ostensiblement comme si cela lui était égal.
— Tu viens de rater ta copine la vocaliste, lui lance-je, espérant que mon message passe.
— Qui ça ?

Bordel, je crois que ses neurones ne s'entrechoquent pas le matin.

— Sandy !
— Oh, mais c'est juste une connaissance.

Une connaissance ? Il me lâche ça comme si c'était banal, ordinaire.

— Tout bien réfléchi, je ne veux pas savoir, tu fais ce que tu veux, t'es chez toi, mais pour une bonne cohabitation, ça serait sympa de ne pas trop la faire crier, ironisé-je.

Un petit rictus se dessine au coin de ses lèvres alors que je m'installe à côté de lui, sur le seul autre tabouret.

— Tu veux que je grille du pain ? change-t-il de sujet avec un air maladroit. Je maitrise, alors profite.

Il s'attelle à sa tâche sans plus un mot, et nous entamons notre petit-déjeuner ensemble dans un silence gênant, échangeant des regards furtifs et des banalités telles que "passe-moi le beurre" ou "un autre café ?". Pendant ce temps, je parcours les réseaux sociaux et réponds aux nombreux messages de mon meilleur ami, Steve. Nous sommes très proches depuis l'école primaire, notre amitié s'est nouée instantanément. Après lui avoir raconté ma première soirée et détaillé la présence de cette bombe qui me sert de colocataire, Steve partage avec moi ses dernières aventures amoureuses, avant de revenir sur la musculature de l'adonis assis à côté de moi. En douce, j'envoie un ou deux Snap insoupçonnés.

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