7. Colocs et complications

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Ariane

"Les fantasmes ne commandent pas la vie sexuelle, ils en sont la nourriture."
de Henri Barte

— « Ma belle » ! Franchement, il a cru quoi ?... Qu'est-ce qu'il s'imagine ? Que je suis comme ses vulgaires gourdes qu'il ramène dans son lit !
— Qu'est-ce qui te dérange, qu'il a voulu te donner un orgasme ? me demande calmement mon meilleur ami en FaceTime.
— C'était un moment de faiblesse et puis pour commencer, il ne me plaît absolument pas !
— Si tu le dis !

Premièrement : Mo est trop jeune et gamin. Deuxièmement : trop Don Juan et pour finir, troisièmement : c'est mon coloc et puis c'est un super coup et il est canon ! C'est peut-être le quatrième point ça ? En fait, ce ne sont même pas des défauts pour les deux derniers ! Je suis en colère contre mes hormones et lui ! Pourquoi est-il aussi sexy ! Hein ? OMG, je suis foutue !

— BAE ! Tu m'écoutes ? râle mon BFF alors que j'étais complètement perdue dans mes pensées. J'ai mon rendez-vous qui va commencer dans quinze minutes, il va falloir que je te laisse.
— Il est beau ?
— Elle est grincheuse et presque mariée.
— Ok le wedding planner mais le témoin, celui dont tu parlais ?
— Qui ça ? fait-il de sa voix haut perchée semblant de ne pas comprendre.

Steve fait sa mijaurée mais je sais très bien qu'il craque pour l'un des témoins. Il l'a rencontré lors d'une soirée gay et depuis, il est complètement obsédé. Seul hic, il connaît bien mon ex ; d'ailleurs, c'est l'autre témoin du marié. Quand on dit que le monde est petit, là ça prend tout son sens ! Il sait très bien que je m'en fiche, je ne veux que son bonheur.

— Mais je reconnais cette voix, s'exclame Luce qui vient d'arriver.

Nous avions prévu de déjeuner ensemble, nous rentrons dans le café où elle a réservé une table. Steve et mon autre amie d'enfance continuent la causette, trop heureux de se remémorer des souvenirs avant de raccrocher. Luce a ensuite partagé avec moi sa fin de soirée après la boîte, où elle avait rejoint le latino avec qui elle dansait, mais apparemment, celui-ci n'était plus aussi séduisant au réveil.

— Non mais des fois mes hormones parlent plus vite que mon cerveau !

Je ne comprends pas du tout de quoi elle parle, absolument pas ! C'est ironique, bien sûr !

— C'était au moins bon ?
— Ben, il est plutôt monté comme un lapin que comme un cheval, se marre-t-elle.
— Endurant alors ?
— Rapide ! Trop rapide !... Bon, changeons de sujet... Toi. Ton coloc n'a pas fait trop de bruit avec ses bimbos ?
— Oh... euh... non, il est rentré seul.
— Elles ont dû préférer finir entre elles !
— Certainement, rigolé-je pincée.

J'aurais été un lot de consolation ? Non, mais pourquoi je me pose ce genre de question ? Il ne s'est pas passé grand chose entre nous, c'était juste des caresses... du frottage... du plaisir pendant ce frottage, et aussi des langoureux baisers...

Mon dieu, en plus, il embrasse si bien ! Ariane, ressaisis-toi ! Ressaisis-toi !

Mon amie poursuit en me décrivant son week-end avec son fils, qui normalement aurait dû être chez son père, mais celui-ci a attrapé une vilaine grippe. Colin a beaucoup de chance d'avoir ses deux parents présents, même si pour Luce ça ne doit pas toujours être facile de conjuguer son rôle de maman et sa vie de femme. Valérie, ma mère, a vécu une situation similaire, sauf que je n'ai pas de père. Et oui, je suis la fille de l'homme invisible ! Un fantôme du passé que je n'ai jamais rencontré et qu'on n'évoque que très rarement. Un sujet tabou pour Valérie et pour moi ; cela reste un sujet inachevé que j'enfouis profondément en moi. « Dans la vie, une femme doit se construire seule si elle veut survivre dans un monde d'hommes », si j'en crois la devise de ma mère. D'ailleurs, j'ai choisi un métier où je dois m'imposer, m'affirmer. Alors, allons bosser ! Et c'est d'ailleurs sur le chemin, direction mon boulot, que mon portable vibre.

Joue avec moi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant