Chapitre 4 - Diane

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Nous croyons, parce que nous avons des raisons de croire. IL veille sur nous et nous bénit chaque jour qui passe, IL se penche sur nous et nous offre des baisers bienveillants. Il est rare que nous devions nous plaindre de notre situation sous sa magie ou sa bénédiction, parce qu'IL est là, comme IL l'a toujours été. IL ne nous abandonne pas, jamais.

Je me souviens encore de mes premières fêtes du Soleil avec un tendre souvenir. Je pensais alors à la beauté de la cérémonie et de la chance de la jeune fille près de la Grande Prêtresse. Elle était destinée à prendre sa place, le moment venu. J'aurais tout donné pour être à sa place, pour ne plus vivre en dehors des murs protecteurs de Solisneir.

Je haïssais cet endroit. Près de la forêt aux pins immenses, c'est comme si un loup tout aussi grand qu'un arbre pourrait sortir et nous dévorer tout entier. Les murs protégeaient des dangers de la forêt. Mais, le pauvre village juste devant la cité, nous n'étions guère plus que le village qui cultive la nourriture de ces bouseux ingrats ! Nous étions réellement ceux qui avaient le plus besoin de la présence du Soleil Noir au quotidien.

Combien de nouveaux nés étaient portés disparus de notre village sans que la garde ne réagisse ? Combien de malades devaient encore mourir pour que l'on se soucie de nous ?

J'ai longtemps prié, avec mes sœurs et ma mère. Nous avons tant et tant prié, qu'IL nous avait écoutés deux fois. La première fois, IL envoya ma sœur au Couvent. La seconde fois ...

L'autre fois, IL s'est présenté à moi. Dans sa forme la plus gracieuse, dans sa plus belle beauté, IL s'est penché sur moi et m'a chuchoté des mots au creux de l'oreille. Ces paroles je les chéris comme mon plus grand trésor.

Et alors, j'ai fait ce qu'IL m'a demandé, lors de la cérémonie à son hommage, je me suis présentée. J'ai fait savoir la vérité de mon rêve. J'ai regardé le visage déconfit de la Grande Prêtresse et j'ai vu la colère de sa fille, car, le Soleil m'avait choisit. J'ai ressenti l'exaltation d'une rencontre avec lui et IL m'avait confié la responsabilité de Solisneir. Enfin, je pouvais entrer au Couvent et écouté ce qu'IL avait à me dire. Je pourrais faire respecter sa parole au plus grand nombre et j'espérais pouvoir faire changer le sort de mon peuple. Solisneir n'a pas à laisser une partie de sa population en dehors de ces murs, nous voulions nous aussi être protégés. Nous voulions pouvoir nous coucher en toute tranquillité.

Ce changement reposait dans mon cœur. Il me revenait de faire changer cette société et d'éradiquer la fausse parole que prêchait cette femme immonde qui nous servait de Grande Prêtresse.

Ce jour-là, le Soleil me caressa et je suis faufilé sur l'estrade et j'ai montré à tous qui étaient leur future cheffe. Personne ne put m'arrêter, personne ne le pouvait. On m'interrompit, mais mon œuvre était faite, et la véritable héritière du pouvoir s'était présentée à tous.

J'exalte toujours, car le regard de la Grande Prêtresse, je le connais. Je lis la peur dans ses yeux, elle sait que je ne raconte pas de mensonge.

On m'accueillit dans une salle, devant le Conseil.

« Tu dis que le Soleil est venu à toi, prouve-le.

—IL m'a raconté des choses. Que votre fille, elle n'avait reçu aucun rêve, ni aucun signe. Elle n'est pas digne d'être Grande Prêtresse. Je sais aussi, pour la supercherie du sceptre. IL me l'a montré.

—Quelle supercherie ? demanda la Grande Prêtresse, feignant la surprise.

—Le mentor Jacqueline a apposé un enchantement magique sur le sceptre. C'est ce qui a donné l'illusion que votre fille pouvait déjà manipuler la magie. Mais c'est faux.

—Eh bien, en ce cas, si vous êtes la choisie, montrez-nous cela. »

Je me concentrais et soudain, la magie du Soleil me répondit. La grande statue dans la pièce se mit à léviter toute seule. Je levais les mains pour l'encourager à s'élever plus haut encore. J'entendais les soupirs étonnés et les exclamations de surprise de toutes les sœurs présentes :

« C'est impossible ... ! »

IL me répondait et prouvait que j'étais prête, que j'étais celle qui reprendrait les rennes de cette ville. Pâle et horrifiée, la Grande Prêtresse s'approcha de moi et m'aide à reposer la statue là où elle devait se trouver. Puis, elle reprit la parole :

« Alors, vous êtes la future Grande Prêtresse et comme il le convient à mon rôle, je vous apprendrait tout ce que vous aurez à savoir. Je vous aiderais à prendre la place qui vous est dû. Sachez tout de même, que des gens ont vu votre visage, que le Soleil ne sera pas le premier à le découvrir, comme il se le doit normalement ... il va falloir vous purifier, et que vous portiez un voile.

—Cela va de soit, Grande Prêtresse. Je suis prête à faire tout ce qu'il faut pour répondre aux attentes du Soleil Noir. Je me montrerais digne.

—Le mentor Jacqueline vous donnera des cours et vous serez logée au Couvent. Je vous attribuerais une femme de chambre. Ne me décevez pas.

—Je ne porterais aucune honte au Soleil Noir, soyez-en certaine. Je suis prête à respecter tout ce qu'IL me dira de faire.

—Je me souviens de votre sœur, prononça alors la Grande Prêtresse. »

On ne parlait plus de ma sœur chez moi, elle avait disparue sans laisser de trace. Le Couvent avait dit qu'elle avait fui, qu'elle n'avait pas supporté la pression qu'on lui mettait ici et qu'elle ne méritait aucune compassion pour son comportement.

Je serrais des dents et détournais le regard :

« Nous sommes différentes. Je suis plus forte.

—C'est ce dont elle se vantait. Elle apprenait ses cours par cœur et était la première à chanter pour le Soleil. Pourtant, dès que ses premiers signes sont apparus, elle a fui. Elle ne supportait pas de voir la beauté, ni la magie de notre Dieu.

—Je n'abandonnerais pas, craché-je. J'ai été choisie, je me montrerais digne.

—Nous verrons cela. Allez-vous habiller. Soyez prête pour la prière, vous la présiderez avec moi. »

Le Soleil noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant