On me prépara une belle robe simple avec des broderies soignées. Ces broderies représentaient des scènes de vie quotidienne, des jeunes filles dansant sous la lune et souriantes. La lune reposait sur ma poitrine et les jeunes filles reposaient sur mes jambes.
Diane m'occupa à m'occuper de mes cheveux. Elle avait l'air aussi tourmentée que moi. On noua un foulard sur ma tête et je restais pieds nus.
« J'aimerais me dire que ça se passera bien ... Dame Justine dit qu'il demanda ta présence, seule.
—Tu l'as déjà rencontré, toi ? demandé-je en tentant de me calmer.
—Oui. C'est la plus belle chose que j'ai jamais rencontré. La plus gentille aussi. Il était convaincu que tu survivrais.
—Pourquoi l'appelle-t-on l'esprit de la Lune ?
—Il descend d'elle. Il semble y habiter et quand on le convoque, tu le vois y descendre et se poser devant toi. Il est grand, mais pas effrayant et impressionnant comme le Soleil. Il semble ... aimer tout le monde.
—Tu es sûre que je peux lui faire confiance ?
—J'en suis persuadée. Si une créature du même acabit que le Soleil peut nous aider à le vaincre, c'est lui. Pourtant, comme il est pacifiste, il ne s'en mêlera pas plus.
—Je te crois. J'ai peur de revoir le Soleil dans son être. De ressentir de nouveau cette peur dégoûtant au creux de mon ventre.
—Fais-moi confiance. Tu ne ressentiras rien de tout ça. Je sais que pour toi, la présence du Soleil a été pire que pour nous, mais, tu n'as rien à craindre.
—Je serais rassurée une fois que je l'aurais vu et que j'aurais survécu. »
On frappa à la porte de notre maisonnée. Jade entra, en souriant. Pourtant, je n'avais pas le cœur à répondre à sa sympathie. Diane sortit un moment et elles me laissèrent seules.
Je me regardais une dernière fois dans le miroir. Il me renvoya le visage d'une jeune fille perdue et trop naïve. Je détestais cette image. Je détestais être cette fillette perdue et isolée. Derrière ce faciès, il se cachait des traits du Soleil. Je pouvais les percevoir et je les haïssais, presque autant que mon air de petite fille.
Je remarquais mon nez, ma bouche que je n'avais pas héritée de ma mère. Des traits qui me séparaient de mon humanité tant chérie. Je voyais aussi mes mains qui ressemblaient à celles du Soleil. Des membres capables de tuer une prêtresse innocente, une bouche qui pouvait s'ouvrir assez grand pour y glisser le corps sans vie d'une dévouée.
Il fallait que je calme cette angoisse provenant du plus profond de mon estomac. Il fallait que je me concentre sur d'autres traits de mon corps. Mes yeux, je les tenais de ma mère. Mes cheveux, c'était les siens. Il fallait que je repense à son amour, à son affection.
« Ne pense plus à LUI, ne pense plus être son Rayon. Ne pense plus à ses vibrations. Ne pense plus au Soleil. Ne pense plus à ce qu'il a dit. »
J'avais les larmes aux yeux. Tous les péchés du Soleil semblèrent soudain refluer en moi, comme la vague agresse la roche. Pendant un moment, je voyais mes ressemblances et ma monstruosité en devenir.
« Je ne suis pas LUI. Je ne suis pas monstrueuse. Je suis la fille de ma mère. »
Je décidais de me lever et sécher mes larmes. Puis, je sortis de la maisonnée.
Il fait nuit. La lune laissait tomber sa lueur pâle sur nous. Un grand feu avait été allumé. Dame Justine s'approcha de moi et me tendit un bol à la couleur bizarre :

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Le Soleil noir
FantasyCélia, fille de la Grande Prêtresse de Solaria, est destinée à reprendre le rôle de sa mère à la mort de celle-ci. On la prépare depuis la naissance à ce rôle. Le jour se rapproche de plus en plus, pourtant, dans un pays où le rôle d'un Dieu prévaut...