« Mon Rayon, Mon Rayon, Mon Rayon. »
C'était un ordre, une obligation implacable et je l'entendis dans mon esprit. De crainte de voir s'abattre sur Solisneir des conséquences désastreuses, je me levais. Je m'habillais avant de me hâter vers les Portes de la Salle, déjà entrouvertes.
Personne n'était présent. Une émotion palpable et effrayante m'attrapa au cœur, comme si je pouvais ressentir celles du Soleil. J'entrais et m'avançais. Le tourment qui m'avait soudain prit dans le creux de la nuit se calma un moment. Elle fut vite remplacer par la présence du Soleil sur moi. Il se posta derrière moi. Cette fois-ci, je fus moins effrayée que la première fois, mais mon cœur palpitait et tout mon corps me criait de fuir.
Je devais néanmoins profiter de cette rencontre imprévue pour détailler au maximum cette pièce, dans l'espoir de trouver le passage qui menait à l'extérieur. IL leva la main et attrapa une mèche de mes cheveux et commença à jouer avec. Voir sa main si près de mon visage me fit sursauter et fermer les yeux brutalement. J'avais peur qu'IL n'abatte sa toute puissance sur moi, car, que pourrais-je y faire ?
Puis, IL leva de nouveau la main et défit les attaches de ma robe. Je me retrouvais en fine chemise de coton devant lui. Le son immonde et insoutenable qui montait et descendait de sa poitrine s'accentua comme le ronronnement d'un vieux chat qui profite d'une caresse. IL changea de place pour se poster devant moi. Je détournais le regard, car je ne voulais pas le voir. IL attrapa mon menton entre ses doigts, des doigts rugueux et épais qui se montraient pourtant si tendres. Je haïssais le regarder et le contempler.
Plus je voyais cette tête grotesque et informe, plus j'avais envie de vomir. IL faisait peur, et pitié à la fois. C'était une créature inhumaine et je me demandais comment IL pouvait être encore en vie. IL ne semblait pas réellement vivre. Je le compris quand je vis à ses poignets d'épaisses chaînes d'un métal ancien et rouillé. Sur ses jambes, les mêmes chaînes l'empêchaient de trop se mouvoir dans cette petite pièce.
Sa main descendit ensuite et IL posa un doigt sur ma poitrine, plus précisément sur mon cœur. Je fus prise d'une sensation effroyable. Plongée dans un état cotonneux, je peinais à garder les yeux ouverts. Pourtant, la Bête semblait dévorait le moindre sentiment qui provenait de mon cœur, et se nourrissait de ma beauté. J'aurais voulu pouvoir me défendre et le rejeter, mais je n'arrivais pas à faire le moindre mouvement. Même détourner le regard de cette immense boule noire me demandait trop de force.
« Mon Rayon. »
Je ne comprenais pas ce qu'IL voulait dire par ce mot. Je ne comprenais pas pourquoi il m'appelait comme ça. Ce mot ne m'évoquait rien, et pourtant, IL le répétait sans cesse. J'étais Son Rayon, car IL voulait que je lui appartienne. J'étais sa propriété et IL avait tous les droits sur moi. Mon cœur battait toujours aussi fort et je me sentis faiblir de plus en plus sous son influence :
« En-Fin. »
Puis, je compris qu'il ne disait pas Enfin. IL disait Enfant. Mon Enfant. C'est pour cette raison qu'IL m'avait convoqué et qu'il me répétait ce mot. IL voulait me dire que j'étais SON enfant.
J'ignore comment j'eus soudain la force de m'arracher de mon étreinte pour fuir. J'ignore encore comment j'ai pu regagner ma chambre après cette horrible rencontre. Ce n'était pas ma chambre au Temple, mais celle que je partageais avec Anne. Il faisait sombre et j'allumais toutes les bougies que je pus trouver pour les placer dans la pièce. Je refusais la pénombre et les ténèbres, comme si, dans le noir, le Soleil allait surgir pour m'attraper.
J'avais envie de vomir. Je n'arrivais pas à me calmer, mais je tentais de raisonner. Il n'avait jamais été question pour le Soleil de faire un enfant avec une Grande Prêtresse, c'était même impossible. Il devait forcément se fourvoyer. Je devais absolument en parler à ma mère pour comprendre. J'espérais qu'elle me dise que ce n'était qu'un mensonge, qu'IL souhaitait simplement me déstabiliser ou que ce qu'IL me considérait seulement comme sa fille mais que je ne l'étais pas.
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Le Soleil noir
FantasyCélia, fille de la Grande Prêtresse de Solaria, est destinée à reprendre le rôle de sa mère à la mort de celle-ci. On la prépare depuis la naissance à ce rôle. Le jour se rapproche de plus en plus, pourtant, dans un pays où le rôle d'un Dieu prévaut...