« Le désespoir a faillit te consumer. »
Affirma une voix douce dans les douces ténèbres qui m'entouraient. J'eus le courage pour ouvrir les yeux et contempler la personne face à moi. Même s'il n'avait pas la même forme, pas la même prestance, je reconnus l'Esprit de la lune. Il était un jeune homme de mon âge et il s'agenouilla près de moi. Il posa sa main sur ma tête et caressa tendrement mes cheveux :
« Tu t'es perdue. Bien loin de ta terre.
—Où ... où ?
—Tu es avec moi. Sur la lune. Je me disais que cette forme serait plus agréable pour interagir avec toi.
—Que ce qu'il s'est passé ?
—Le désespoir, la peur, les ténèbres ont faillit te consumer.
—Je sens encore la marque du Soleil sur mon cœur.
—Mais ne la sens-tu pas moins puissante par ici ? Les chaînes n'ont pas réellement réussi à suivre, par ici. Je combats toute invasion du Soleil. Je déteste sa présence.
—Alors, vous me détestez aussi ?
—Pourquoi te détesterais-je ? demanda-t-il en riant doucement. Ton essence est pure Célia, et rien d'autre. Quand tu la combats, la trace du Soleil disparaît, et alors, tu n'as plus aucune influence de ce monstre sur toi.
—Pourquoi vous m'avez fait venir ici ? Je ... Je vous fais perdre votre temps.
—Mon temps est infini devant moi. Ta peine et ta douleur m'ont touché au plus profond. J'ai eu envie de te réconforter. Si tu ne veux pas de moi, si tu ne veux pas te reposer ici, je comprendrais et je te redéposerais dans les bois.
—Non, non. Je veux bien rester, dis-je en détournant le regard. Cet endroit est si tranquille ... j'ai l'impression de n'avoir jamais connu un aussi beau calme de toute ma vie.
—Ma magie vibre de joie en partageant cet espace avec toi. J'ai eu beau créer des fleurs, des oiseaux, des cerfs et des loups pour me tenir compagnie, je me sens souvent seul. Je suis heureux de t'avoir invité.
—Il faudra bien que je retourne là-bas.
—Pourquoi es-tu si pressée ? Tu peines à respirer, tu peines à comprendre toutes ces sensations terribles qui t'enlacent. Tu n'es pas prête, constata-t-il.
—Je dois être prête. On m'attend. J'ai des responsabilités.
—Tu dois assumer ne pas être prête pour affronter le monde. Moi aussi, j'ai un jour ressenti les ténèbres du Soleil m'enlacer. Il m'a attaqué.
—Vous ... ?
—J'ai pensé que les hommes ne méritaient pas le traitement qu'il leur donnait. J'ai fait de mon mieux. J'ai dû guérir des centaines d'années, et encore aujourd'hui, je tremble sous l'influence passée qu'il a eu sur moi.
—Comment avez-vous fait ?
—Rien. J'ai accepté cette blessure comme faisant parti de moi, de ma magie. Elle a fini par se résorbé un peu. La tienne est encore sanglante, ouverte et terrible.
—Que dois-je faire ?
—Rien. »
Comment pouvais-je accepter de ne rien faire ? Ce n'était pas ce que j'avais apprit, j'étais destinée à être une battante, une reine, celle qui dirige. Je ne pouvais pas être immobile. Ma mère m'avait apprit, lors de mes leçons, que je devais toujours être active, ne laisser personne me plonger dans un immobilisme traître et sournois.
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Le Soleil noir
FantasyCélia, fille de la Grande Prêtresse de Solaria, est destinée à reprendre le rôle de sa mère à la mort de celle-ci. On la prépare depuis la naissance à ce rôle. Le jour se rapproche de plus en plus, pourtant, dans un pays où le rôle d'un Dieu prévaut...