Jeudi 01 août 2019
Allongée sur sa planche, le regard rivé sur une nouvelle série de vagues qui se profilaient à l'horizon, Elisabeth attendait, plus décidée que jamais à franchir la barre et atteindre le line-up.
Trop fatiguée par ses entraînements des derniers jours, elle n'était pas retournée surfer le matin-même. Ils allaient donc voir, d'ici peu, si le plan de Léo aurait porté ses fruits.
A la vue d'un nouveau rouleau qui s'écrasa violemment à quelques mètres d'elle, Elisabeth sentit l'angoisse la gagner. Et si Léo s'était trompé ? Peut-être était-il encore trop tôt pour se remettre à l'eau... En plus, la houle semblait particulièrement impressionnante, ce jour-là.
Tentant d'ignorer la petite voix intérieure qui lui murmurait de faire demi-tour, Elisabeth inspira un grand coup et se mit à ramer avec détermination en direction de la barre. Elle allait le faire.
— C'est ça, c'est bien, Elisabeth ! l'encouragea Léo. Souviens-toi des sessions pour lesquelles tu as pris un max de plaisir ! Ne pense qu'à celles-là.
Lorsque la vague arriva à sa hauteur, Elisabeth appuya sur l'avant de sa planche puis ferma les yeux en repensant à sa rencontre avec le dauphin. A l'hippocampe et à toutes les merveilles qui se cachaient dans les profondeurs de l'océan. Alors, sans réfléchir, elle plongea finalement sous la vague et ressortit un peu plus loin. Elle franchit les autres vagues de la barre sans difficulté. Quand elle réalisa qu'elle avait réussi, Elisabeth se mit à rire toute seule.
— Ça y est, je l'ai fait, je l'ai fait ! Je suis de l'autre côté, ne pouvait-elle s'empêcher de claironner pour elle-même, au comble de la joie.
Jetant un rapide coup d'œil en arrière, elle croisa le regard de Léo qui, depuis l'autre côté de la barre, lui levait le pouce en signe de victoire. Elisabeth lui répondit par un sourire jusqu'aux oreilles.
Bon... A présent qu'elle se trouvait là, elle était bien décidée à en profiter. Apercevant une superbe vague se dessiner à l'horizon, elle rejeta en arrière une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux avant de se mettre à ramer. Elle était résolue à placer un layback snap, une sorte de bottom-turn amélioré. Quand elle se sentit propulsée par la vague, Elisabeth redoubla d'énergie puis sauta agilement sur sa planche. Elle réussit son bottom-turn sans problème. Mais, au moment de casser sa trajectoire, elle n'eut pas suffisamment de vitesse et fut immédiatement éjectée par-dessus la vague.
Léo la rejoignit bientôt, le regard rieur. Crachotant un peu d'eau, Elisabeth s'essuya les yeux et se fendit d'un immense sourire. Cette fois-ci, Léo rit franchement.
— Tu sais que tu es plutôt bizarre comme nana ? Il faut que tu te prennes une méga boîte pour que tu nous décroches un vrai sourire ?
— Euh, oui... Mais c'était tellement bon cette sensation de glisse ! Et tu as vu, j'avais presque réussi, jubilait Elisabeth toute excitée, avant de s'élancer de nouveau dans l'océan.Malgré ses nombreux déboires, loin de se décourager, Elisabeth repartait sans cesse à l'assaut des vagues, sous les yeux médusés de Léo. Sa peur de franchir la barre semblait ne jamais avoir existé.
Lorsqu'elle tomba pour la énième fois de sa planche, elle fut projetée au fond de l'eau et manqua de boire la tasse à deux reprises. Quand elle réapparut enfin à la surface, Léo semblait soucieux.
— Tu veux qu'on fasse une petite pause ?
Tant de fois elle avait surfé au bord en rêvant aux véritables surfs qu'elle pourrait faire plus au large. Alors maintenant qu'elle y était, pas question d'arrêter ! Elle voulait à tout prix arriver à placer cette figure avant la fin de la journée. Elle savait qu'elle en était capable.
— Non, c'est bon ! J'y retourne !
— Wahou, dis donc, tu es une vraie battante !Inépuisable, Elisabeth tentait encore et encore de placer son layback snap.
— Hé, miss ! l'appela Léo au bout d'un moment. Faudrait peut-être penser à rentrer, tu ne crois pas ?
Elisabeth jeta un coup d'œil à sa montre. Voilà déjà plus de deux heures qu'ils étaient sur l'eau.
— Oui... Laisse-moi juste deux minutes !
Elisabeth décida de faire une ultime tentative. Cette fois-là allait être la bonne ; elle en était certaine. Elle venait de se rappeler qu'autrefois, elle s'aidait toujours de son bras pour réussir cette figure : l'étendre en arrière dans la vague permettait d'orienter la trajectoire et de se rééquilibrer.
Attrapant une nouvelle vague, elle envoya avec facilité son bottom-turn puis leva la tête pour repérer le point de déclenchement du snap sur la vague. Autrefois, grâce à une bonne lecture de vague, Elisabeth était capable de savoir où aller taper d'un simple coup d'œil. Mais il faut dire qu'elle avait légèrement perdu l'habitude...
Quand elle situa le point de déclenchement, un peu plus bas sur la face de la vague, Elisabeth cassa brusquement sa trajectoire en mettant tout son poids sur le surf pour l'envoyer loin devant elle. Enfin, elle ramena sa planche sous ses pieds et termina son surf en se laissant doucement porter jusqu'au bord de la plage, devant Léo.
— C'est bon, on peut y aller maintenant, lâcha-t-elle d'un ton faussement modeste en même temps qu'elle sortait de l'eau.
Fière d'elle, elle ponctua sa remarque d'un petit sourire en coin.
Léo ne semblait pas en revenir.
— Eh ben ! Ça valait le coup d'attendre... Tu as une de ces maîtrises ! Et une fluidité incroyable quand tu n'as plus peur ! Tu m'as impressionné, vraiment.
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A contre-courant
Novela JuvenilLacanau, été 2016. Jeune athlète à l'avenir prometteur, Elisabeth Armilhac partage son temps libre entre les entraînements de surf, les sorties avec sa bande d'amis, son petit ami et sa sœur jumelle, Clara. Une existence heureuse et pleine de promes...