Vendredi 10 juin 2016, en début de soirée
Mélanie est revenue.
Je ne sais pas si je dois m'en réjouir. Dans un sens, ça m'arrangeait bien qu'elle ait quitté le club l'été dernier. En même temps, je dois reconnaître que ça faisait plaisir de la revoir après tout ce temps.
Mais maintenant que j'y pense, je ne suis pas certaine de t'avoir déjà parlé d'elle. Elle se formait pour devenir monitrice de surf et secondait Max dans nos entraînements l'an passé. Disons que c'était un peu comme notre second coach. En plus d'être devenue notre amie par la suite. C'était une très bonne entraîneuse et, surtout, une personne dotée d'une immense gentillesse.
D'ailleurs, un peu avant la sonnerie de treize heures, elle est passée nous récupérer au collège. Avec la bande, nous sommes tous allés nous faire une petite session de surf à la plage du Surf Club... au lieu d'aller en classe, je l'avoue. Maman serait folle si elle apprenait que nous avons fait péter les cours à moins de deux semaines du brevet, tout ça pour surfer... Mais c'était tellement frustrant ce matin d'être enfermée, assise derrière un bureau à écouter la vieille Madame Simonin nous raconter la vie de Charles Martel alors que par la fenêtre, on apercevait le soleil briller. En plus, c'est à ce moment que nous avons reçu un message de Mélanie pour nous annoncer qu'elle était de retour sur Lacanau. Avec, en prime, une superbe photo de la plage ! Alors ce midi, à la cantine, nous avons regardé la webcam de la plage sur le nouvel iPhone de Théo. Et effectivement, les conditions étaient idéales pour prendre quelques vagues ! La plage déserte, un vent offshore, de magnifiques rouleaux d'au moins un mètre cinquante, bien dessinés... On ne pouvait quand même pas laisser passer une telle occasion ! Surtout pour les deux malheureuses heures de cours qu'il nous restait... Et je ne regrette rien car c'était un pur régal ces vagues ! Nous avons bien dû rester près de trois heures sur l'eau... Et après, nous sommes tous allés manger une énorme coupe glacée au Café de la Place ! Après tout, on est jeune qu'une fois alors autant en profiter !Samedi 2 juillet 2016
Devine d'où je reviens ?! De l'inauguration de la Maison de la Glisse !! Et oui... Ça y est : elle est officiellement ouverte ! Papa a fait visiter les lieux aux nouveaux membres du Staff. Si tu avais vu leur tête lorsqu'ils ont découvert tout le matériel de glisse ainsi que la salle détente avec les canapés, le billard et les jeux vidéos... Car bien qu'elle soit avant tout destinée aux vacanciers, la salle sera accessible à tout le monde, y compris au personnel.
Papa a ensuite enchaîné sur une réunion d'informations (barbante, si tu veux mon avis) qui s'est terminée par un pot de bienvenue. Pour finir, nous avons mis la musique et avons fait une partie de baby-foot avec Clara, Papa et une partie du Staff. C'était sympa pour marquer le début de la saison ! Je sens que cet été va être exceptionnel...Lundi 4 juillet 2016, fin de journée
Un rapide petit mot pour te dire que nous sommes bien arrivés à Mundaka. C'est une petite ville basque espagnole, près de Bilbao, réputée pour ses vagues creuses et larges. Autrement dit, le lieu parfait pour la préparation au BigAir. En plus, je suis rassurée car cette année, c'est Pierre notre entraîneur pour notre semaine de stage. Je ne le connaissais pas mais cet après-midi, il nous a donné de très bons conseils. J'avais peur qu'ils ne nous collent encore le vieux Rolland, comme à chaque stage. Ou bien Étienne...
Bon, je te laisse, faut que j'aille aider les autres à préparer le repas !Mardi 5 juillet 2016, après l'entraînement
Rectification : je DÉTESTE Pierre comme entraîneur. Ce matin, alors que nous travaillions les bottom-turn, j'ai vu une magnifique série de vagues arriver un peu plus au large. Donc, forcément, j'en ai profité et j'ai tenté un aerial. Que j'ai pratiquement réussi à poser d'ailleurs ! Sauf que cela n'a pas plu à Monsieur le grand entraîneur qui m'a sermonnée parce que « je tentais vraiment n'importe quoi », soi disant... Mais s'il croit que je vais rester à barboter à trente centimètres de la plage, il se trompe ! Je compte bien m'entraîner dur jusqu'au jour du BigAir. Et ce n'est pas en faisant trois malheureux bottom-turn que je risque de le remporter...
Sinon, après le surf, Clara et moi avons marché pieds-nus sur des kilomètres le long de la plage. Et là, contre toute attente, nous avons parlé des parents, ce que nous n'avions jamais osé faire jusque-là. En fait, nous venions de les appeler pour leur donner des nouvelles et nous les avons entendus se disputer à l'autre bout de la ligne. Cette fois-ci, ils se reprochaient de monopoliser tout le combiné... De vrais gamins ! Le soir, alors que tout le monde dormait, j'ai rejoint ma sœur dans son lit et je me suis blottie contre elle. Elle est née quelques minutes avant moi (dix-sept exactement), ce qui fait d'elle la plus âgée de nous deux mais aussi la plus forte mentalement. Car j'ai beau jouer les grandes surfeuses qui met la pâtée aux garçons, en vérité, sous mes grands airs de fille cool et sûre de moi, je reste cette petite fille fragile et sensible. Clara m'a d'ailleurs murmuré « Ne t'inquiète pas. Quoi que fassent les parents, ça ne changera rien entre nous ». Bien que je le sache, j'avoue que j'avais besoin de l'entendre. Sur le coup, j'ai même cru que j'allais me mettre à pleurer. Jamais je ne m'étais sentie aussi proche de ma sœur. C'est tellement bien d'avoir quelqu'un avec qui l'on peut tout partager et sur qui l'on sait que l'on pourra toujours compter.
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A contre-courant
Teen FictionLacanau, été 2016. Jeune athlète à l'avenir prometteur, Elisabeth Armilhac partage son temps libre entre les entraînements de surf, les sorties avec sa bande d'amis, son petit ami et sa sœur jumelle, Clara. Une existence heureuse et pleine de promes...