Chapitre 9

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Le jour suivant, Elisabeth et Léo retournèrent s'entraîner en début d'après-midi. Désormais, c'était devenu une sorte de rituel entre eux.
A quelque chose près, chaque journée se déroulait de la même manière. A l'aube, Elisabeth partait surfer à la plage des Alizés avant de courir à sa leçon de littérature. Léo, de son côté, donnait des cours de surf aux vacanciers du village vacances. Puis, durant l'après-midi, les moniteurs et le groupe de jeunes s'adonnaient à une nouvelle activité. Ce n'est qu'après que Léo et Elisabeth partaient surfer ensemble. Exceptés les après-midis où Léo ne travaillait pas, ce qui leur permettait de surfer beaucoup plus tôt. Enfin, de temps à autre, quand il trouvait un moment de libre, Léo donnait rendez-vous à Clara pour une petite session de surf. Inutile de préciser le temps qu'Elisabeth passait chaque après-midi sous la douche pour tenter de faire disparaître sa teinture et retrouver son blond naturel.

Entre ses deux à trois entraînements par jour, Elisabeth finissait ses journées complètement exténuée. Dire qu'à peine un mois plus tôt, elle passait son temps enfermée dans sa chambre à étudier. La veille, en rentrant, elle était tombée de fatigue à tout juste dix-neuf heures. Son père l'avait retrouvée la tête dans ses bouquins et l'avait aidée à regagner son lit. Elle ne s'était réveillée que le lendemain, sans même avoir dîné !

***

« His worst memory : when he ... (have) to move to the capital ». Present perfect ou Prétérit ? Elisabeth n'en avait pas la moindre idée. Mais une chose était certaine : elle n'avait pas envie de passer sa soirée là-dessus. Pourquoi diable sa future école lui envoyait-elle tant de devoirs alors que la rentrée n'était même pas encore passée ?
Tentant de se concentrer à nouveau, elle relut la phrase à plusieurs reprises. Elle se souvenait avoir déjà appris la différence d'utilisation entre ces deux temps mais cela devait remonter à l'époque du collège, si ce n'est plus... Elle crut soudain se rappeler d'un livre de grammaire qu'une de ses profs d'anglais leur avait conseillé. Livre que sa mère lui avait bien entendu acheté. Et qu'elle avait dû garder quelque part dans ses affaires.
En fouillant dans ses tiroirs, Elisabeth remit facilement la main dessus. Mais elle n'eut pas le temps de le poser pour l'ouvrir qu'une feuille de papier s'en échappa. La partie gauche était déchirée, comme si la page avait été volontairement arrachée d'un cahier. L'examinant d'un peu plus près, Elisabeth se rendit compte qu'il s'agissait de l'une des feuilles de son journal intime.
  Elle fronça les sourcils, perplexe. Pourquoi donc une feuille de son journal intime était-elle déchirée ?
« Biarritz, juillet 2015 » lut-elle en haut à droite de la page.
Elisabeth frissonna. Biarritz, là où tout avait vraiment commencé. Le stage de l'été qui avait précédé l'accident. Le début de la fin. Elle avait alors quatorze ans à l'époque. La soirée de la veille de l'accident n'avait été que la réplique de ce qu'il s'était passé ce jour-là. Avec tout ce qui avait suivi, à savoir son wipe-out en surf.
Bien que prise d'un mauvais pressentiment, la curiosité fut plus forte et la poussa à poursuivre sa lecture.

Lundi 13 juillet 2015, fin de journée

Nous voilà à Biarritz pour le stage départemental ! Je suis toute excitée à l'idée de surfer tous les jours et de passer une semaine entière avec les copains ! Seule mauvaise nouvelle : comme chaque année, le comité départemental n'a rien trouvé de mieux que de nous mettre le vieux Rolland comme entraîneur. J'espère que je ne me retrouverai pas dans son groupe... Heureusement, Max prendra un groupe et Mélanie devrait en gérer un autre elle aussi. Ah oui, et il y a un quatrième entraîneur, beaucoup plus jeune, Étienne. J'ai entendu dire qu'en plus d'être moniteur, il était juge fédéral.

Mardi 14 juillet 2015

Ouf ! Je suis rassurée : je suis dans le groupe d'Étienne. Ça m'était égal du groupe dans lequel je tombais, du moment que je ne me retrouvais pas avec le vieux Rolland ! Mon souhait a été exhaussé. En plus, Étienne a l'air vraiment très sympa et compétent. Il m'a d'ailleurs félicitée à plusieurs reprises cet après-midi.

A contre-courantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant