Chapitre 4

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Quand Elisabeth et Léo se décidèrent finalement à rentrer, ils trouvèrent le groupe de moniteurs assis sur la plage. Thomas accourut à leur rencontre.
— Hey, Leblond, c'est l'heure de l'apéro ! s'exclama le moniteur avant de désigner Elisabeth du menton et de se tourner vers son copain, un sourire à demi moqueur. Au fait, j'ignorais qu'en plus des cours de surf, tu proposais aussi tes services comme baby-sitter...
Préférant ignorer la plaisanterie, Léo s'enquit, l'air espiègle :
— Il m'a semblé entendre le mot « apéro » ; qu'est-ce qu'on fait encore là ?
— Bonne question ! On peut y aller, maintenant que l'on t'a trouvé. On n'attendait plus que toi !
Léo s'essuya le torse avec sa serviette, un sourire en coin.
— Moi ou tu veux plutôt dire mes talents de barman ? Allez, avoue, personne n'a été capable de faire un cocktail buvable et vous vous êtes rendus compte que vous ne pouviez pas vous passer de moi ?
Thomas réussit à lui dérober sa serviette et riposta en lui fouettant les fesses avec.
— Mince... Comment as-tu deviné que l'on ne t'invitait que par intérêt ?
Face à leurs plaisanteries, Elisabeth réalisa soudain qu'elle était de trop et jugea le moment opportun pour s'effacer.
— Bon, je vais y aller, merci pour la leçon..., commença-t-elle timidement.
— Non, viens avec nous, c'est cool, la coupa Léo en s'appuyant avec nonchalance contre la barrière en bois. On va au quartier du Staff.
N'osant décliner l'invitation, Elisabeth se joignit au groupe avec réticence. Elle savait d'avance que le fait de se trouver seule avec des garçons la mettrait terriblement mal à l'aise, – mais plus encore, lorsque ces dits garçons semblaient tous tout droit sortis d'une bonne vieille série à l'américaine ! Et en même temps, il fallait bien avouer que l'idée de faire le retour escortée par ces six grands gaillards l'enorgueillissait plus que de rentrer seule pour ensuite passer la soirée en tête à tête avec son père, une fois de plus.
Et par ailleurs, elle était curieuse de voir à quoi pouvait bien ressembler le quartier du Staff. Situé à l'extrémité sud-est du village vacances et adossé au lac, son accès était strictement interdit aux vacanciers. Même sa sœur et elle n'y avaient que très rarement mis les pieds durant la saison touristique. A ce qu'on disait, d'énormes fêtes avaient lieu chaque semaine... Son père avait toujours affirmé qu'il s'en moquait et ne souhaitait pas savoir ce que ses employés faisaient de leur vie privée, du moment qu'ils se montraient frais et ponctuels en présence des clients.

Ils traversèrent le village vacances, pratiquement désert. A cette heure-ci, les vacanciers, tout juste rentrés de leurs excursions, aimaient généralement se reposer un moment dans leur mobil-home avant que les animations du soir ne débutent.
Lorsqu'ils pénétrèrent à l'intérieur du quartier du Staff, Elisabeth fut instantanément surprise par le sentiment d'ordre et de vie qui y régnait. De par son organisation, le « quartier » ressemblait en fait à un véritable petit village miniature. Le chemin serpentait à travers la forêt de pins autour duquel étaient disséminés une douzaine de petits bungalows, tous pourvus de terrasses. Quelques tentes étaient également plantées, tout autour. La quasi-totalité des saisonniers logeaient au village, ce qui représentait, à la connaissance d'Elisabeth, près d'une cinquantaine de personnes. Sur les barrières en bois, des serviettes et des combinaisons séchaient grâce aux derniers rayons du soleil tandis que des surfs et des vélos y étaient appuyés. Des planches à voile jonchaient le sol, un peu partout. Plusieurs personnes – pour la plupart des moniteurs, animateurs ou serveurs – étaient installées aux terrasses autour d'un apéro ou disputant une partie de cartes. D'autres, encore, étaient assis sur les barrières en bois des mobil-homes. L'un jouait de la guitare, l'autre faisait des étirements... Un peu plus loin, un petit groupe s'animait autour d'une slackline.
Maintenant, Elisabeth comprenait un peu mieux pourquoi, à chaque nouvelle saison, son père ne savait plus que faire des dizaines de candidatures qu'il recevait...
Au centre, semblait se tenir le QG avec une table de ping-pong, une petite aire de pétanque et, surtout, un vieux bâtiment qui avait été réaménagé en café bar. Des tables colorées étaient disposées un peu partout en terrasse ainsi qu'à l'intérieur du bâtiment. Des guirlandes composées de lampions et autres fanions étaient suspendues ça et là dans les arbres alentours, ce qui rendait l'ambiance vraiment cosy.
C'est ici qu'ils s'arrêtèrent.

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