Je m'assieds à notre table habituelle dans le réfectoire, essayant de trouver un peu de répit après une matinée exténuante de travail. L'atmosphère est bruyante, remplie des conversations animées des détenus et du tintement des couverts sur les assiettes. La cantine de la prison est toujours un mélange étrange de tension et de routine. Autour de moi, les visages sont fatigués mais détendus, les rires et les murmures créant un fond sonore familier.
Takeshi, assis en face de moi, pousse un soupir exagéré avant d'avaler une bouchée de son omelette.
— Je ne sais pas pour vous, mais je pourrais dormir pendant des jours, grogne-t-il, la bouche encore pleine.
Hiro, à ma droite, rit doucement.
— Toujours à te plaindre, hein ? réplique-t-il en levant un sourcil, son ton taquin adoucissant ses mots.
Takeshi lève ses baguettes en l'air dans un geste théâtral.
— Eh, j'ai bien le droit, non ? On est dans un pays libre ici, proteste-t-il avec une fausse indignation qui fait sourire tout le monde autour de la table.
Je souris en écoutant leur échange. La lumière crue des néons accentue les ombres sous les yeux de mes compagnons, témoignant des nuits agitées et du sommeil souvent interrompu.
Je lève les yeux et regarde autour de moi, observant les autres détenus. Certains sont plongés dans leur repas avec une indifférence machinale, tandis que d'autres participent à des conversations animées, leurs voix s'élevant au-dessus du bruit de fond. Un groupe à une table voisine discute à voix basse, jetant des regards furtifs autour d'eux comme s'ils redoutaient d'être entendus.
Mon regard croise celui de Jun, qui se tient non loin, son regard balayant la salle avec vigilance. Il a une manière de se fondre dans le décor tout en restant alerte, sa posture rigide soulignant sa présence autoritaire. Je détourne rapidement le regard, ne voulant pas attirer l'attention.
— En parlant de liberté, vous avez entendu parler de ce qui s'est passé hier soir ? lance Eichi en mastiquant bruyamment son pain, ses yeux brillants de curiosité.
Toshi, qui était resté silencieux jusque-là, hausse les épaules.
— C'est juste des rumeurs, répond-il en saisissant distraitement son poulet avec ses baguettes.
Intrigué, je me penche légèrement en avant, sentant l'intérêt grandir en moi.
— De quoi tu parles ? demandé-je, ma voix se frayant un chemin à travers le brouhaha ambiant.
Eichi baisse légèrement la voix, comme s'il partageait un secret.
— Y en a qui disent avoir vu Ryu près des douches, affirme-t-il, ses mots pesant lourds dans l'air.
Un silence tombe sur notre table. La mention de Ryu, même en murmure, suffit à capter l'attention de tous.
— Impossible, il est en isolement, rétorqué-je, sceptique.
Toshi, les sourcils froncés, ajoute sombrement :
— Peut-être qu'il a graissé la patte à un gardien, suggère-t-il, son ton empreint de résignation.
Je hoche la tête en silence, aussi consterné qu'eux. Le privilège appartient aux hommes riches, c'est d'autant plus vrai en prison. Les passe-droits et la corruption ne sont pas nouveaux ici. Je me demande à quel point il est facile pour quelqu'un comme Ryu de manipuler le système à son avantage.
Juste au moment où je commence à me perdre dans mes pensées, un bruit fort attire mon attention. Une altercation éclate à l'autre bout du réfectoire. Les regards se tournent vers l'origine du bruit, et je reconnais immédiatement le crâne chauve de Saiki, au cœur d'une dispute violente avec Renji, un détenu habituellement proche de lui. Le cercle de spectateurs se forme rapidement, chacun essayant de voir ce qui se passe sans trop se rapprocher.
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Sous haute surveillance - Sota [MxM]
RomanceDans la prison impitoyable Fuchu, à Tokyo, Sota endure chaque jour l'oppression des murs froids et des règles strictes. Quatre ans se sont écoulés depuis son incarcération, et les journées se confondent dans une monotonie étouffante. Mais lorsque Ju...