Les dix minutes se sont écoulées bien trop rapidement. Le souffle encore court, je commence à remettre mes vêtements en place. Jun, de son côté, boutonne son pantalon avec une hâte contrôlée. L'excitation de notre échange intime laisse place à une nervosité palpable, l'urgence de ne pas se faire remarquer reprenant le dessus.
Alors que je réajuste une dernière fois ma combinaison, je remarque les cheveux de Jun en bataille. Un sourire malicieux se dessine sur mes lèvres.
— Tu es décoiffé, tu sais ? plaisanté-je, en lui lançant un regard taquin.
Jun se fige un instant, ses yeux s'écarquillant avant de se tourner vers le miroir des toilettes. Debout devant le miroir, Jun s'efforce de redonner une apparence plus soignée à sa chevelure ébouriffée. Il tire une mèche, en aplatit une autre, tout en jetant des regards furtifs vers moi. Je ne peux m'empêcher de sourire, amusé par son effort désespéré pour se recoiffer. Le bout de ses oreilles prend une teinte rouge et son expression concentrée le rend encore plus adorable à mes yeux.
— Tu es parfait comme ça, murmuré-je en m'approchant de lui, mon ton à la fois tendre et taquin.
Jun relève les yeux, un sourire timide se formant sur ses lèvres. Il laisse échapper un petit rire nerveux, secouant la tête avant de se retourner vers la porte.
— Allez, il faut y aller avant qu'on nous remarque, dit-il, sa voix redevenue sérieuse.
Je hoche la tête, la réalité de notre situation reprenant peu à peu ses droits.
En sortant des toilettes, nous reprenons nos rôles respectifs, moi en tant que prisonnier et Jun en tant que gardien. L'intimité partagée quelques instants plus tôt semble presque irréelle alors que nous nous immergeons de nouveau dans la rigueur et les règles strictes de la prison. Jun garde une expression impassible, mais je peux lire dans ses yeux une douceur persistante, un écho de notre moment volé.
Nous marchons en silence dans le couloir, nos pas résonnant doucement contre le sol de béton. La tension entre nous, issue de notre intimité récente, commence à se dissiper lorsque nous apercevons deux gardiens escortant Ryu au loin. Dès que je l'aperçois, mon corps se tend instinctivement, chaque muscle se raidissant comme si j'étais prêt à affronter un ennemi. Mon regard se fixe sur lui, brûlant de haine brute et non dissimulée. Ryu sent mon regard avant même de me voir. Lorsqu'il lève les yeux, une expression mauvaise se dessine sur son visage marqué par les années de détention. Ses yeux plissés de mépris et de défi croisent les miens. L'atmosphère se charge de tension électrique, chaque fibre de mon être criant pour une confrontation. Jun, quant à lui, reste d'une impassibilité désarmante. Il ne prête aucune attention à Ryu, se contentant d'ajuster soigneusement ses mèches de cheveux. Son détachement apparent contraste fortement avec l'intensité de mon propre regard. Je respire profondément, essayant de calmer la rage qui bouillonne en moi. En passant à côté de Ryu, je sens son regard noir planté dans mon dos, mais je choisis de l'ignorer, imitant ainsi l'indifférence de Jun.
Nous retournons ensuite aux douches communes. Je reprends ma brosse et mon seau, plongeant à nouveau dans la monotonie de mon travail. Jun reprend son poste de surveillance, ses yeux scrutant les environs avec vigilance.
Le lendemain matin, le soleil éclaire le jardin collectif de ses rayons dorés, transformant ce petit coin de la prison en un espace presque paisible. Les plantes que nous entretenons sont en pleine croissance, ajoutant une touche de verdure vivifiante à notre quotidien gris.
Je suis avec Toshi, occupé à désherber les rangées de légumes. Notre relation s'est apaisée ces dernières semaines, les tensions d'autrefois se dissipent petit à petit. Nous discutons de tout et de rien, nos voix se mêlant au bruissement des feuilles et au chant lointain des oiseaux.
VOUS LISEZ
Sous haute surveillance - Sota [MxM]
RomanceDans la prison impitoyable Fuchu, à Tokyo, Sota endure chaque jour l'oppression des murs froids et des règles strictes. Quatre ans se sont écoulés depuis son incarcération, et les journées se confondent dans une monotonie étouffante. Mais lorsque Ju...