Chapitre 19

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La nuit est tombée, enveloppant la chambre d'une douce quiétude. La lumière tamisée de ma lampe de chevet jette une lueur chaude sur les pages de mon livre, et je m'abandonne à cette tranquillité. Le silence n'est interrompu que par le bruissement des pages et les sons lointains de la prison.

Je suis profondément absorbé par ma lecture lorsque j'entends soudain un bruit sonore provenant de la porte. Je lève les yeux, intrigué et légèrement confus. J'ai déjà pris mon dîner, et les visites médicales sont terminées pour la journée.

La porte se déverrouille lentement, et mon cœur rate un battement. Ma surprise se transforme en choc lorsque je vois Jun entrer seul dans la pièce. Vêtu de son uniforme de gardien, il dégage cette même aura de sérieux et de professionnalisme qui le caractérise. Ses cheveux sont en bataille, et ses yeux scrutent la pièce avant de se poser sur moi.

— Jun ? murmuré-je, à la fois étonné et ravi de le voir ici.

Il avance d'un pas mesuré, chaque mouvement empreint d'une tension contenue. La dernière fois que je l'ai vu, son visage était marqué par la peur alors qu'il se penchait sur moi, ma blessure à l'épaule saignant abondamment. Ce souvenir fait battre mon cœur plus vite.

— Salut, lance-t-il nonchalamment, comme s'il était normal de le trouver ici.

Il s'approche du lit, son regard scrutant mes traits pour y déceler le moindre signe de souffrance, avant descendre sur mon épaule bandée. La tension de cette nuit-là semble encore présente dans ses yeux, même s'il essaie de la masquer sous une expression professionnelle.

— Qu'est-ce que tu fais là ? demandé-je, curieux.

— J'ai terminé mon service, explique-t-il, sans vraiment répondre à ma question.

Il se tient près de moi, prenant appui sur le rebord métallique du lit médicalisé, ses yeux rivés sur les miens avec une intensité glaciale. Sa mâchoire est serrée, et je peux presque sentir la colère émaner de lui.

— Alors ? Tu n'as pas quelque chose à me dire ?

Son regard perçant me fait frissonner, et je détourne le regard, honteux. Je m'efforce de trouver les mots justes, mais ils semblent m'échapper.

— Explique-moi. Je ne comprends pas ce qui s'est passé... On dirait que tu ne t'es même pas défendu. Ça te ressemble pas.

— J'avais pas d'autre choix... C'est la seule solution que j'ai trouvée pour mettre Toshi et Eichi en sécurité, admis-je à voix basse.

Jun me dévisage, les yeux ronds, ahuri.

— Tu veux dire que tu t'es laissé faire ?

— Dis comme ça, ça à l'air idiot... ronchoné-je dans mon coin.

— Mais c'est idiot, Sota ! Tu aurais pu mourir, je te signale !

Jun inspire profondément, essayant visiblement de contenir sa colère. Je lève les yeux vers lui, touché par sa sollicitude qui transparaît sur son visage, malgré son ton dur. J'ai l'impression d'avoir 12 ans devant son sermon. Je soupire et prends un moment pour l'observer méticuleusement. Chaque détail de son expression est gravé dans ma mémoire. Son visage est beau, même dans la colère et la frustration. Ses traits sont parfaitement sculptés, avec une mâchoire forte et des pommettes saillantes. Ses yeux, habituellement si calmes et calculateurs, brillent d'une émotion intense, une combinaison de peur et de soulagement.

Je suis captivé par la douceur de ses lèvres, la courbe délicate de son nez, et la façon dont une mèche de cheveux s'échappe des autres, retombant sur son front. Cette vulnérabilité inattendue, cet éclat d'humanité derrière le masque professionnel, me touche bien plus que je ne l'aurais imaginé. Je vois en lui l'homme derrière l'uniforme, celui qui se soucie de moi bien plus qu'il ne le montre.

Sous haute surveillance - Sota [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant