Depuis la mise en garde de Jun l'autre fois, je suis constamment sur mes gardes. Les jours passent et je m'attends à ce que Ryu vienne me chercher des ennuis, mais rien ne se passe. Cette attente est presque pire que l'affrontement lui-même.
Je me lève chaque matin, mon esprit en alerte. Je fais attention à chaque recoin, à chaque bruit suspect. Je surveille constamment mes arrières, m'assurant de ne jamais être seul trop longtemps. La tension est palpable, et je ne suis pas le seul à la ressentir. Tout le monde semble marcher sur des œufs.
Je m'attendais à ce qu'il me tombe dessus dès sa sortie, mais il ne l'a pas encore fait. Ça me rend nerveux, cette attente prolongée. Je n'arrive pas à me détendre, pas même un instant. J'essaie de rester vigilant, mais c'est épuisant. Les autres me regardent parfois comme si j'étais paranoïaque, mais je sais qu'ils ressentent la même chose au fond d'eux. C'est comme si on vivait tous sous une menace invisible, une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes.
La journée commence finalement à la laverie. Les machines à laver ronronnent régulièrement, remplissant l'air de leur bourdonnement monotone. Le sol carrelé est humide sous mes pieds, imprégné d'une odeur âcre de produits nettoyants. À côté de moi, Toshi et Hiro s'affairent autour d'une des machines, chargée de linge à laver.
— Vous avez vu la tête de Nori ce matin, quand il a renversé son café ? lance Hiro en riant. C'était presque aussi drôle que la fois où il a glissé sur des nouilles.
Je ris, imaginant la scène. Toshi secoue la tête en souriant.
— Franchement, Hiro, tu trouves toujours un moyen de voir le côté drôle des choses, dit-il en attrapant un tas de linge à mettre dans la machine.
— Faut bien, sinon on deviendrait tous fous ici, répond Hiro en haussant les épaules.
On continue de travailler, bavardant et plaisantant pour faire passer le temps. On parle de tout et de rien : des dernières rumeurs qui circulent, des repas infâmes qu'on nous sert, des gardiens et de leurs manies.
— J'ai entendu dire qu'ils vont peut-être nous donner du poisson frais au réfectoire, au lieu de cette merde congelé, déclare Hiro en se penchant pour ajuster la machine.
— Tu es vraiment obsédé par la nourriture. Mais je dois avouer que j'aimerais bien goûter des sashimis frais, pour une fois, réponds Toshi.
Hiro acquiesce avec enthousiasme.
— Tu parles, mec. Des sushis, avec du poisson cru qui fond dans la bouche, ça me manque tellement que je pourrais faire n'importe quoi pour en avoir un morceau.
— Je crois que tu rêves, réponds-je en riant. Mais ça serait pas mal. Rien que l'odeur, ça me rappelle la maison.
Un silence se fait, juste un instant, alors qu'on pense tous à ce qui nous manque dehors. Mais Hiro, fidèle à lui-même, trouve un moyen de détendre l'atmosphère.
— Eh, vous imaginez un restaurant ici ! plaisante-t-il. « Le restaurant de sushi de la Prison Fuchu ». Vous imaginez le slogan ?
Toshi et moi éclatons de rire.
— « Venez pour les crimes, restez pour les sushis ! » ajoute Toshi en riant encore plus fort.
Les éclats de rire résonnent dans la laverie, et pendant un instant, on oublie où on est. On oublie la menace de Ryu, les murs de la prison, et on est juste trois amis en train de passer un bon moment. C'est ces petits moments de bonheur volé qui rendent la vie ici un peu plus supportable.
Toshi s'éloigne un moment pour aller chercher d'autres produits chimiques, laissant Hiro et moi près de la machine à laver. Il traverse la laverie d'un pas rapide, contournant les autres détenus occupés à leurs tâches. Le bruit régulier des machines à laver couvre presque le son de ses pas, mais je le vois s'éloigner avec détermination.
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Sous haute surveillance - Sota [MxM]
RomanceDans la prison impitoyable Fuchu, à Tokyo, Sota endure chaque jour l'oppression des murs froids et des règles strictes. Quatre ans se sont écoulés depuis son incarcération, et les journées se confondent dans une monotonie étouffante. Mais lorsque Ju...