Chapitre 11

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La journée commence comme toutes les autres, avec un petit déjeuner avalé en vitesse. Je rejoins Eichi dans la file pour le travail au jardin collectif. On avance en silence, profitant de ces rares moments de calme avant que la routine quotidienne ne reprenne.

En sortant des bâtiments de la prison et en entrant dans le jardin collectif, une bouffée d'air frais me frappe le visage, me rappelant que le monde extérieur existe toujours, même ici. Les rayons du soleil passent à travers les arbres, créant des jeux de lumières et d'ombres sur le sol. L'atmosphère est presque sereine.

Le jardin est un havre de paix dans cet enfer carcéral. Les massifs de fleurs colorées et les rangées de légumes bien entretenues tranchent fortement avec les murs gris et froids de la prison. Les odeurs de terre humide et de verdure remplissent l'air, offrant une évasion bienvenue de l'odeur stérile des désinfectants et de la sueur qui imprègne les couloirs. Je prends une profonde inspiration, appréciant ces moments en plein air. Travailler ici est l'une des rares activités que j'attends avec impatience. C'est une chance de reconnecter avec la nature et de me sentir un peu plus humain.

Eichi marche à côté de moi, les mains dans les poches, ses yeux balayant les lieux. Il semble un peu plus détendu que d'habitude.

— J'adore venir ici, dit-il en rompant le silence.

Je hoche la tête.

— Oui, moi aussi.

— Franchement, je ferais ce boulot tous les jours si je pouvais !

Je suis vraiment content d'être ici, loin des tensions et des conflits de la prison. Travailler dans le jardin collectif est une vraie bouffée d'air frais. Les couleurs vives des fleurs, l'odeur apaisante de la terre humide, le chant des oiseaux.... Ici, je peux trouver un peu de paix et de normalité. C'est une évasion, un sanctuaire où je peux oublier, ne serait-ce qu'un instant, la dure réalité de notre situation.

On traverse le jardin, passant devant des détenus déjà occupés à arroser les plantes et à désherber les parterres. Certains sourient, tout autant ravis que nous de trouver un peu de paix dans ce travail. Le jardin est divisé en plusieurs sections : une pour les légumes, une autre pour les fleurs, et une petite serre pour les plantes plus fragiles. Chaque section est soigneusement entretenue, les lignes de plants parfaitement alignées, ce qui montre à quel point ce lieu compte pour nous.

Je m'arrête un moment, observant une abeille qui butine une fleur de lavande, ses ailes transparentes captant la lumière du matin. Le bruissement des feuilles, le chant des oiseaux et le bourdonnement des insectes forment une symphonie naturelle qui m'apaise l'esprit.

Eichi me donne un coup de coude léger, me tirant de mes pensées.

— Allez, Sota, on a du boulot.

J'hoche la tête et on se met au travail, nos mouvements devenant automatiques alors qu'on désherbe les plates-bandes et arrose les plants. Le jardin collectif est notre refuge, un endroit où on peut, pour un moment, oublier les murs de béton et les barbelés qui nous entourent.

Alors que je travaille dans le jardin, mes pensées commencent à dériver. Sans vraiment m'en rendre compte, je me mets à chercher une silhouette familière parmi les gardiens et les détenus dispersés dans le jardin. C'est devenu une habitude, presque une obsession. Peut-être parce qu'il est différent des autres. Il est plus jeune, plus mystérieux. Ses mouvements gracieux et précis, son calme imperturbable. Tout chez lui semble calculé, maîtrisé. Il a une sorte de puissance tranquille, quelque chose qui attire mon attention.

Finalement, je le repère. Jun se tient près des rosiers, les bras croisés, surveillant attentivement le travail des détenus. À cette distance, je remarque que son visage, habituellement impeccable, porte maintenant des marques.

Sous haute surveillance - Sota [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant