Chapitre 22

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La semaine suivante, je me retrouve dans le réfectoire, entouré de Toshi et Eichi, mais mon esprit est ailleurs. J'essaye de me concentrer sur la conversation, mais mes pensées dérivent toujours vers Jun. Depuis qu'il est passé en équipe de nuit, je ne le vois presque plus, et ça me rend fou. Sa présence me manque.

Je pioche dans mon assiette sans grand enthousiasme, le goût de la nourriture me semble fade. Toshi et Eichi échangent des anecdotes et des blagues, essayant de me faire rire, mais même leurs efforts ne parviennent pas à me sortir complètement de mes pensées. Je m'efforce de sourire et de répondre de temps en temps, mais mon esprit revient toujours à lui.

Eichi me donne un coup de coude, attirant mon attention.

— Hé, t'es avec nous ? dit-il avec un sourire en coin. On dirait que tu as la tête ailleurs.

Je me redresse et essaie de me concentrer sur mes deux amis assis en face de moi.

— Ouai, désolé.


Le soir venu, après le repas, je ressens une montée d'excitation. Jun a enfin commencé son service, et rien que l'idée de le croiser suffit à accélérer les battements de mon cœur. La journée a été longue et marquée par l'ennui, mais maintenant, une lueur d'espoir vient illuminer cette routine morne.

Après avoir rangé mon plateau dans le réfectoire, je prends une profonde inspiration. L'atmosphère est plus calme, le brouhaha du dîner se dissipe progressivement, laissant place à une ambiance plus tranquille. Les lumières tamisées projettent des ombres douces sur les murs, et les voix des détenus, un peu plus calmes après le repas, créent une sorte de murmure apaisant.

Après avoir quitté mes amis, je me dirige vers le premier étage, là où se trouve ma cellule. Mes pas résonnent légèrement dans le couloir. Les odeurs familières de la prison, un mélange de détergent et de métal, me parviennent, mais ce soir, elles semblent moins oppressantes, presque réconfortantes.

En arrivant à l'étage, je scrute les environs, et mon regard se pose sur une silhouette familière. Jun est là, adossé à la rambarde, les yeux vigilants, scrutant les environs avec cette intensité qui le caractérise. Un sourire se dessine sur mes lèvres, un mélange de soulagement et de joie. Il est là, et rien que sa présence suffit à éclairer ma soirée.

Je m'approche de lui, essayant de contenir mon excitation. Jun me remarque immédiatement, ses yeux brillent d'une lueur que je reconnais, et un petit sourire en coin étire ses lèvres.

— Salut, dis-je en m'adossant à la rambarde à côté de lui, faisant face au vide.

Il continue de me sourire et hoche la tête, sans dire un mot. Nous restons là, côte à côte, plongés dans un silence confortable. Je regarde le rez-de-chaussée sans grande conviction, savourant simplement le fait d'être à côté de lui. L'atmosphère est paisible, presque envoûtante, malgré les bruits habituels de la prison. Je me sens étrangement à ma place, ici, à ses côtés.

Soudain, des voix s'élèvent, brisant la tranquillité de l'instant. Jun fronce les sourcils, son regard perçant se dirigeant vers la source du bruit. Deux détenus, visiblement en colère, s'engueulent violemment. Je me redresse, observant la scène à mon tour, curieux.

Je vois Jun analyser la situation, jaugeant l'intensité de la dispute. Ses yeux parcourent les deux hommes, évaluant s'il doit intervenir ou non. Les voix deviennent plus fortes, plus agressives. Puis, sans avertissement, les deux détenus commencent à en venir aux mains.

Jun soupire finalement, un mélange de lassitude et de détermination dans son expression. Ce simple soupir me fait rire malgré moi. Il tourne brièvement la tête vers moi, un éclat amusé dans les yeux. Notre complicité silencieuse est tangible, et ce bref échange de regards me réchauffe le cœur.

Sous haute surveillance - Sota [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant