Chapitre 8

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La cuisine est un endroit bruyant et animé. L'odeur de nourriture mélangée à celle des produits de nettoyage sature l'air, créant une atmosphère lourde et oppressante. Je prends un balai et commence à nettoyer le sol, tentant de me concentrer sur ma tâche d'aujourd'hui. Autour de moi, les autres détenus sont absorbés par diverses corvées.

J'aperçois deux détenus costauds avec des tatouages menaçants qui commencent à embêter Kei, à quelques mètres de moi. Il se concentre sur son travail, essayant de se faire aussi discret que possible. Ils le bousculent et lui lancent des remarques désobligeantes. Kei essaie de les ignorer, mais je vois bien la tension dans ses épaules.

— Eh, tu crois que t'es trop bien pour nous parler ? dit l'un des détenus en poussant Kei du bout des doigts.

Ce dernier perd l'équilibre et, dans un mouvement maladroit, fait tomber un seau d'eau. L'eau se répand sur le sol, créant une flaque qui s'étend rapidement.

— Putain, mais regarde ce que t'as fait, crie l'autre détenu en riant.

Kei, le visage rouge de honte, se précipite pour essayer de corriger la situation. Il attrape des serviettes en tissu à proximité et commence à éponger frénétiquement l'eau. Ses mains tremblent légèrement, et je peux voir à quel point il est stressé. Il jette des coups d'œil nerveux autour de lui, conscient des regards moqueurs et des murmures des autres détenus.

Koetsu, un gardien à forte corpulence, attiré par le bruit, intervient. Le regard dur et la mâchoire serrée, il s'avance vers Kei, furieux, et commence à lui crier dessus.

— Qu'est-ce que tu fous, espèce d'idiot ? Tu veux transformer cette cuisine en piscine ?

Kei se relève pour faire face au gardien et baisse les yeux, mortifié. Mais ce dernier ne s'arrête pas là. D'un geste brusque, il attrape Kei par le col et le secoue violemment.

— Réponds quand je te parle ! hurle-t-il.

— Désolé...

Le gardien finit par le lâcher pour inspecter le sol trempé. Humilié, Kei serre les poings devant cette injustice. Il lorgne les détenus responsables de son malheur, mais ces derniers rigolent bêtement devant ce spectacle. Je peux voir la rage bouillonner en lui. Il est à bout de nerfs, et je sais qu'il pourrait faire quelque chose de stupide à tout moment. Le poing serré, il s'apprête à avancer d'un pas lorsque Toshi intervient, attrapant Kei par sa combinaison.

— Hé, calme-toi, chuchote Toshi doucement. Ça n'en vaut pas la peine, tu vas juste aggraver les choses.

Kei lève les yeux vers la tête blonde de mon ami, et je vois son visage se détendre légèrement. Devant cet échange silencieux entre les deux détenus, Koetsu se tourne vers Toshi, un rictus méprisant sur le visage.

— C'est ça, écoute ta copine, petit, dit-il, un air de dégoût sur le visage.

Il toise Toshi de la tête au pieds avant de lancer :

— Il paraît que tu te fais sauter par tout ce qui bouge, 0198.

Il rit, un son froid et dénué d'humour, sa posture pleine de mépris. Toshi serre les dents, essayant de contrôler sa colère. Il garde une main ferme serrant le vêtement de Kei, refusant de le laisser replonger dans cette confrontation.

Autour de nous, les autres détenus observent la scène, certains avec curiosité, d'autres avec indifférence. La cuisine, malgré son activité frénétique, semble avoir ralenti pendant un instant.

— Faut dire, avec un visage comme le tien, je me laisserai peut-être tenter, laisse finalement échapper Koetsu.

Il s'avance, le bras tendu vers mon ami lorsque je fais volontairement tomber un plat en métal au sol, créant un vacarme assourdissant qui attire l'attention du gardien. Il se retourne brusquement vers moi, son visage rouge de colère.

Sous haute surveillance - Sota [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant