La sirène stridente résonne dans le couloir, me tirant brusquement de mon sommeil. Je cligne des yeux plusieurs fois, essayant de chasser la brume de la nuit. Le confinement est enfin terminé, mais la tension reste palpable. En me redressant sur mon futon, j'étire mes muscles endoloris par la semaine d'inactivité forcée. Le silence oppressant de ces derniers jours a laissé place à un murmure continu, signe que la prison reprend son rythme habituel.
Je me lève lentement, mes pieds rencontrant le sol glacé de la cellule. Un soupir m'échappe tandis que je me traîne jusqu'au petit lavabo pour me passer de l'eau froide sur le visage. En levant les yeux, je croise mon reflet dans le miroir : des yeux bleus identiques à ceux de ma sœur. Mon cœur se serre, une douleur familière me rappelant ceux que j'ai laissés à l'extérieur.
Je me change rapidement, enfilant l'uniforme de la prison. La routine matinale reprend ses droits. Je plie mon futon avec soin, le rangeant dans un coin de la cellule. Le bruit des portes de cellule qui s'ouvrent et des gardiens qui crient des ordres remplit l'air, un retour à la normalité dans cet environnement de béton.
Alors que je m'apprête à quitter ma cellule, je prends une profonde inspiration. La fin du confinement signifie retrouver les autres détenus, ainsi que mes deux amis. Bien que j'aie eu Eichi à mes côtés toute la semaine grâce à la proximité de nos cellules, je n'ai reçu aucune nouvelle de Toshi. J'espère que son altercation avec Saiki ne l'a pas trop affecté, seul dans sa cellule.
Je secoue la tête pour chasser ces pensées. Il est temps d'affronter la journée, de retrouver mes camarades, et de reprendre le cours de cette vie carcérale. Avec un dernier regard à ma cellule, je me dirige vers la sortie, prêt à affronter ce que la journée me réserve.
Je pénètre dans le réfectoire avec un mélange de soulagement et d'anticipation. Les visages familiers des détenus commencent à remplir l'espace, insufflant une touche de normalité à cette journée qui débute. À l'une des tables près du mur, mes yeux repèrent mes deux amis déjà installés. Leurs silhouettes familières me rassurent alors que je m'approche d'eux.
— Salut, dis-je en m'asseyant à leur table.
Eichi lève les yeux vers moi, un sourire accueillant aux lèvres. Toshi, lui, semble moins enthousiaste que d'habitude, mais il esquisse un petit sourire en me voyant.
— Alors, on fait la grasse mat' ? demande Eichi avec une pointe d'humour.
Je laisse échapper un rire, sachant bien que les grasses matinées sont désormais un lointain souvenir. Je prends place avec mon plateau à la main et attrape un onigiri au thon que je porte à la bouche. Observant Toshi, silencieux, qui mélange tranquillement sa soupe.
— Comment ça va ? lui demandé-je inquiet
Il pousse un soupir léger et hausse les épaules.
— Ça va, dit-il simplement, mais son expression en dit long.
Je fronce les sourcils face à son mutisme. Est-ce qu'il m'en veut aussi ? Je lance un regard vers Eichi, qui hausse légèrement les épaules comme pour indiquer qu'il est aussi dans le flou. Ne sachant pas quoi dire de plus, je me replie dans mon propre silence, occupé avec mon repas. Je continue de regretter de ne pas avoir pu intervenir pour le protéger ce soir là.
Eichi brise le silence tendu avec une blague maladroite sur la qualité de la nourriture. C'est typique de lui de chercher à détendre l'atmosphère, même dans les moments difficiles. Je lui adresse un sourire reconnaissant avant de reprendre mon repas, espérant que ce moment partagé nous permettra de retrouver un semblant de normalité.
Je quitte le réfectoire après le petit déjeuner et me dirige vers ma tâche assignée de la journée : nettoyer les cellules. Aujourd'hui, après la période de confinement, cela semble plus nécessaire que jamais. Les portes claquent derrière moi alors que je parcours les couloirs familiers. L'odeur âcre de désinfectant et de béton humide m'accueille à chaque pas.
VOUS LISEZ
Sous haute surveillance - Sota [MxM]
RomanceDans la prison impitoyable Fuchu, à Tokyo, Sota endure chaque jour l'oppression des murs froids et des règles strictes. Quatre ans se sont écoulés depuis son incarcération, et les journées se confondent dans une monotonie étouffante. Mais lorsque Ju...