Souvenirs du Passé

|19| Retour.

« Je n'ai plus qu'une seule mémoire,
  celle de ton nom. »

Le chemin du retour se fait en silence. Noah gare sa moto devant l'entrée de l'immeuble de Zack après que je l'ai informé que c'était là-bas et non ma chambre où j'allais passer la nuit.

Après chaque soirée on se retrouve tous les trois ici quel que soit l'heure à laquelle on sort ou l'endroit. Et bien que cette règle a été mise en place par Lucie, elle est en fait pour moi. Elle refuse catégoriquement que je me retrouve seule après.

Tu n'en as pas marre d'être un boulet ? Un fardeau?

Je réprime l'envie de vomir et sourit à Noah avant de le saluer avec un signe de la main et commence à partir.

Seulement je fais à peine un pas qu'une main, sa main m'attrape le bras et m'oblige à m'arrêter et me tourner. Et bien que des vêtements séparent nos deux peaux, je sens sa poignée comme si elle était directement posée, et je ne veux pas, je ne veux pas qu'il me lâche, jamais.

Mais avant que je puisse saisir la pensée qui vient de me traverser l'esprit il me surprend par sa question.

- Qu'est-ce qui ne vas pas ? Il me demande en me tenant toujours.

Comment il peut savoir? Encore?

Il ne peut pas savoir! Il ne doit pas savoir!

Après tout personne ne doit savoir la vérité. Il ne le faut pas! Sinon-

- Marceline!

Je sursaute en entendant mon prénom et je remarque que sa main ne tenait plus mon avant-bras mais qu'elle enveloppait la mienne. Ses deux mains l'étaient. Non seulement ça mais que j'avais enfoncé mes ongles sur sa peau, au point où le sang commençait à paraître.

- Je suis désolée ! Je ne voulais pas! Je lui dis en essayant d'enlever mes mains.

- Ce n'est pas grave. Il me répond en renforçant sa prise, assez m'empêchant de les libérer mais pas autant à me faire mal. Dis-moi ce qui se passe.

- J-Je ne sais pas de quoi tu parles. Je vais bien. Je lui dis en détournant le regard.

Avant que je ne puisse comprendre deux mains rentrent soudain dans mon champ deux visions et se posent sur mes joues et me forcent à regarder leur propriétaire droit dans les yeux.

Et je me rends compte que contrairement à d'habitude ils n'étaient pas aussi froids, ils le ne sont pas. Au contraire, ils brillent d'une intensité qui me bouleverse.

S'il te plaît ne me regarde pas comme ça!

- Tu ne vas pas bien.

Ne dis rien!

Je pose mes mains sur ses bras pour le forcer à me lâcher mais à la place je le serre si fort que je crois que je pourrais déchirer ses vêtements. Mais il n'en dit rien et me regarde, comme s'il attendait que je lui transfert ma peine pour qu'il puisse la prendre.

Sinon... Sinon je risque de craquer.

- Je croyais que tu ne voulais pas savoir.

- Tant que tu ne le voulais pas.

- Je ne le suis toujours pas.

- J'ai changé d'avis.

- .... Pourquoi?

- Parce que je veux savoir. Tout savoir. Alors s'il te plaît dis-moi. Il me dit, non il m'implore.

Et je ne sais pas si c'est la façon avec laquelle il m'a demandé ou c'est la manière dont il me regarde mais je suis sûre que lui mentir ne servira à rien, et puis je n'en ai pas envie.