En quelques larges enjambées, Lysange rejoignit Ysandre qu'elle saisit par le devant de sa tunique en le forçant à se relever à moitié, affolant le guérisseur qui s'inquiétait autant pour l'état d'Ysandre que pour la blessure de Lysange. Gaëlan paniqua également, lui qui avait parlé à Ysandre durant leur détention pour s'efforcer de l'apaiser alors que Nigel jugeait tout cela plutôt normal.
Pendant que Lysange l'obligeait à tenir sur ses jambes, Torrie s'adressa à Ysandre, les bras croisés sur la poitrine, à peine plus empathique que sa camarade :- Ecoute, Ysandre, on voit bien que t'es pas au mieux mais, là, on est en danger et on doit encore sauver Abby alors reprend toi !
- A...Abby... Balbutia Ysandre. Je...je sais pas ce qu'ils lui font exactement mais...mais elle souffre ! Je le sens !
- Faut qu'on la retrouve. Déclara Lysange.
- Ysandre, te sens-tu capable de localiser où est Abélianne plus précisément ?
S'enquit Gaëlan, estimant plus efficace de compter sur les sens angéliques de leur compagnon que de fouiller l'ensemble du palais en espérant trouver Abélianne derrière une quelconque porte.
Légèrement plus en phase avec son environnement immédiat grâce à l'intervention de ses camarades, Ysandre acquiesça en essuyant ses yeux. La douleur d'Abélianne, qu'il captait sous forme d'échos qui se répercutaient violemment dans tout son être, formait une balise qui pulsait à plusieurs mètres, il lui suffisait de se diriger vers elle. Elle était suffisamment puissante, d'une nature qu'il n'avait jamais expérimentée, pour le plonger dans cet état catatonique.
Soutenu par ses compagnons et surveillé par les yeux soucieux du guérisseur,il parvint à ne plus se laisser submerger et il prit la tête de leur groupe malgré ses jambes vacillantes. Heureusement, d'après ce qu'il percevait, Abélianne ne se trouvait pas très loin, dans un autre secteur des sous-sols.
A cause de la souffrance qui vibrait dans sa poitrine et dans son crâne, il peinait à s'apercevoir de ce qui l'entourait, entièrement focalisé sur Abélianne et la véritable torture qu'on lui infligeait, et il accéléra le pas en la sentant se rapprocher sans même le remarquer.
Il fut soudainement stoppé par Nigel qui le tira brusquement en arrière et le bras de Lysange qui lui barra le passage en travers de sa poitrine. Ses compagnons le tirèrent derrière le coude que formait le couloir et que le jeune homme ailé s'apprêtait à franchir sans réellement le remarquer.
Un doigt sur ses lèvres pour lui conseiller le silence, Gaëlan lui désigna le fond du couloir, où s'ouvrait une lourde porte gardée par l'un des hommes que Nigel, Ysandre et Gaëlan reconnurent comme l'un de ceux qui les avaient enfermés en cellule.- Abby est derrière cette porte, indiqua Ysandre dans un murmure, faut qu'on y aille.
- Faut passer sans que ce type appelle des renforts. Avertit Lysange, la main sur sa plaie.
- La configuration semble être à notre avantage, observa Gaëlan, mais avons-nous réellement le temps d'élaborer un plan ?
- Je pense pas. On va improviser du coup !
En terminant de prononcer ces mots, Torrie saisit le bras du domestique, qui espérait pouvoir s'esquiver, à deux mains et, pivotant vivement sur ses appuis, elle le projeta sur le garde.
Entrainé par l'élan de la jeune femme, le domestique tituba de plusieurs pas jusqu'à heurter le garde, qui s'en retrouva déstabilisé, chancelant et se demandant ce qu'il venait de se passer.
En profitant avant qu'il ne se reprenne tant qu'ils jouissaient de l'effet de surprise, Nigel bondit sur le garde et le faucha. Tous deux roulèrent au sol en luttant sans grande précision.
Entraîné, le garde eut le réflexe de dégainer son épée, même si ce qu'il se passait exactement lui échappait encore. La taille de l'arme l'empêchait de réellement attaquer ou se défendre mais, d'un vif mouvement, il transperça Nigel, qui se tenait au-dessus de lui, à la poitrine du côté droit. La véhémence de Sang de Vampire retomba instantanément alors qu'il toussait un peu de sang.
Voir son amant dans une telle posture tira Gaëlan de la stupeur dans laquelle le geste de Torrie l'avait plongé et il se précipita vers eux. Saisissant Nigel par l'épaule, il voulut l'aider à se dégager de la lame mais le garde le repoussa à grands renforts de coups de pied, qui menacèrent de le faire chuter à terre.
Ne se souciant absolument pas de ce combat malhabile qui venait de s'engager, Ysandre se rua contre la porte, épaule en avant, dans l'espoir de la faire céder, obsédé par la douleur d'Abélianne qu'il sentait vibrer de l'autre côté. Il était incapable de se concentrer ou de remarquer autre chose. Prenant de l'élan, il se jetait contre le battant en appelant le nom de leur camarade.
A son tour, Lysange alla pour intervenir, comptant bien régler le cas de ce garde en quelques secondes, surtout alors qu'il gisait déjà au sol, mais de violents éclairs de douleur lui traversèrent l'ensemble du corps dès qu'elle effectua un seul pas. Habituellement, elle se moquait de la douleur, l'accueillant même,mais ses jambes ne semblaient pas le supporter et elles se dérobèrent sous son poids. S'agrippant au mur, elle tenta de rester debout, en vain, et elle glissa à terre dans un grognement avec une grimace, la main crispée sur sa blessure.
Le guérisseur se précipita auprès d'elle pour vérifier son état, se moquant totalement du reste.
Lysange en avait trop fait, avec les coups et le simple fait de rester debout. Les points de suture ne l'avaient pas supporté et avaient craqué. La jeune femme sentait le sang imbiber lentement ses bandages sous sa tunique. Frustrée de son inutilité, elle frappa du poing contre le sol, n'arrangeant certainement pas l'état de sa blessure.
Laissant sa camarade entre de bonnes mains, Torrie se glissa discrètement vers le garde, dont l'attention était déjà totalement occupée par Nigel et Gaëlan, qui s'efforçaient toujours de se débattre.
Bondissant, elle referma les doigts de sa main droite autour du poignet de l'homme, qui serrait toujours le poing autour du pommeau de son épée.La glace recouvrit sa main, qui se raidit autour de la poignée de son arme. D'un coup de pommeau d'une de ses dagues, elle brisa ses doigts qui tombèrent en dizaines de fragments glacés dans le hurlements de l'homme, le forçant à libérer son épée.
Nigel bondit en arrière, la lame toujours enfoncée dans sa poitrine. D'un coup de pied en plein visage, Torrie assomma le garde pendant que Nigel retirait l'épée de son corps dans un sifflement de douleur puis il la confia à Gaëlan, le plus apte à manier une telle arme grâce à ses compétences de bretteur cependant, l'épée était bien plus lourde et imposante que la rapière avec laquelle le jeune homme avait coutume de se battre.
Ecartant Ysandre de la porte avant qu'il ne se disloque l'épaule à force de s'acharner contre le battant, Sang de Djinn gela la serrure, répétant encore la même opération que précédemment mais, Lysange ne paraissant pas être en mesure d'user de sa force partiellement elfique, elle se servit à nouveau du pommeau de sa dague pour détruire sa glace et le mécanisme de la serrure avec elle.
Ysandre se précipita le premier dans la pièce, suivi de près par Torrie, Nigel et Gaëlan puis de Lysange qui, malgré la douleur, s'obligea à se relever pour emboîter le pas à ses compagnons, toujours soutenue par le guérisseur. Dès qu'ils entrèrent, ils furent accueillis par une rapière tendue dans leur direction.
Réagissant par réflexe, Gaëlan écarta cette lame, avant qu'Ysandre ne s'empale dessus, de son épée, dont le poids l'entraîna légèrement vers l'avant. Se mettant en garde, il fit face à son adversaire, Hugues De Rosamire. Son épouse se tenait légèrement en retrait derrière lui, choquée par leur soudaine intrusion. En revanche, il ignorait qui pouvait bien être le deuxième homme debout à côté de la table où gisait Abélianne mais il n'eut guère le loisir de s'interroger.
Peu habitué à combattre avec une arme aussi encombrante que l'épée, il devait particulièrement se concentrer pour la manier et parer les attaques de Hugues De Rosamire.
Se moquant toujours autant de ce qui l'entourait, Ysandre se précipita auprès d'Abélianne.
La jeune femme était allongée sur la table trônant au centre de la pièce, maintenue dessus par d'épaisses sangles de cuir à ses poignets et ses chevilles, visiblement inconsciente. Ses yeux roulaient sous ses paupières closes et elle remuait mollement en gémissant. Son était était vraiment préoccupant.
Inquiet, Ysandre s'attaqua fébrilement aux sangles qui retenaient Abélianne mais la lame effilée d'un scalpel qui se posa contre sa gorge le freina soudainement cependant, toujours aussi uniquement obsédée par l'état d'Abélianne, il ne s'en soucia pas réellement et il alla pour continuer à défaire les liens de sa camarade, ne songeant pas à l'éventuelle grave blessure.
Heureusement pour lui, Nigel réagit vivement en s'emparant d'une des bouteilles posées sur la deuxième table et en en frappant l'homme à l'arrière du crâne. Le verre éclata en répandant un liquide clair à la très forte odeur d'alcool et l'homme s'écroula, ne laissant qu'une fine ligne sanguinolente sur la gorge d'Ysandre en s'affaissant.
Le jeune homme ailé n'eut toujours pas le temps de libérer Abélianne.
Fannyba se jeta sur Ysandre et Nigel en leur ordonnant de ne pas s'approcher de sa fille. L'esquivant aisément, Nigel passa dans son dos et lui tira les bras en arrière pour la maîtriser.
D'un regard, il vérifia les positions de leurs autres camarades pour envoyer quelqu'un aider Ysandre et ainsi en finir ici le plus rapidement possible. Toujours engagé en combat avec Hugues De Rosamire, Gaëlan paraissait prendre lentement le dessus grâce à une plus grande vivacité. Grâce à lui, le père d'Abélianne ne représentait pas de problème pour les autres.
Le visage crispé de Lysange traduisait tous les efforts qu'elle déployait pour demeurer debout dans l'encadrement de la porte,qu'elle s'efforçait de bloquer. Elle semblait susceptible de s'écrouler au moindre pas.
Il ne restait plus que Torrie pour venir aider Ysandre auprès d'Abélianne, cependant, la jeune femme ne bougeait pas. Dès qu'elle était entrée dans la pièce, elle s'était immobilisé et elle n'esquissait pas le moindre mouvement depuis les dernières minutes. Ses yeux écarquillés fixaient le décors que l'étrange pièce dressait autour d'eux en se focalisant plus particulièrement sur certains des équipements et matériels.
Ses camarades des Déchus éprouvaient un profond malaise qui leur oppressait la poitrine depuis leur entrée dans cette pièce aux allures de laboratoire mais ils ne s'y étaient guère attardé,emportés par la situation et par l'urgence de secourir Abélianne, mais il s'agissait de quelque chose de bien plus intense pour Torrie et de légèrement différent. Le décors de ce laboratoire éveillait ses souvenirs qui remontaient sous forme d'images imprécises, noyées dans les brumes de douleur, et de sensations qui envahissaient son corps, la coupant de la réalité.
Nigel la fixa un instant, se demandant ce qu'il lui arrivait, n'ayant jamais vu sa camarade si exubérante avoir une telle réaction et jugeant que le moment n'était pas opportun pour entrer dans un état de choc inexplicable.
Tentant de l'en tirer, le jeune homme l'appela mais elle ne réagit pas au son de sa voix.
Pendant qu'il cherchait à attirer l'attention de Torrie, Nigel relâcha ses prises sur Fannyba, oubliant de se préoccuper d'elle, et elle parvint à se dégager. Ce faisant, elle donna un violent coup de coude dans la blessure pas encore guérie à la poitrine de Nigel. Ce dernier se plia en deux en étouffant une exclamation de douleur.
Libérée, Fannyba alla pour se jeter à nouveau sur Ysandre avec ses ongles comme seule arme mais l'extrémité d'un fouet s'enroula autour de ses poignets, les liant ensemble, alors que les lames prises dans les lanières de cuir s'enfonçaient dans sa chair.
Les regards de Nigel et Ysandre se tournèrent vers Lysange. Le visage de la jeune femme était blême et tiré, couvert de sueur. Invoquer ses armes était une action instinctive pour elle mais, actuellement, elle devait lutter pour ne pas perdre connaissance. Un voile obscure menaçait de descendre sur sa vision mais cet état ne l'empêcha pas de tirer brutalement sur son fouet à deux mains dans un cri de douleur, jetant Fannyba à terre avant de s'affaisser lourdement à son tour.
Déconcentré par les cris de son épouse et par ce qu'il se passait à quelques pas de lui dans le laboratoire, Hugues baissa sa garde et, d'un coup latéral, Gaëlan lui arracha sa rapière, qui vola hors de sa portée. Le menaçant de la pointe de son épée, le jeune noble le força à s'agenouiller, le maîtrisant.
Aidé de Nigel, Ysandre termina de détacher Abélianne qu'il redressa en l'appelant et en s'assurant de son état comme il le pouvait. La jeune femme gémit quelque chose qui ressemblait au nom d'Ysandre, ce qui paraissait indiquer qu'elle avait un minimum conscience de ce qu'il se passait autour d'elle, rassurant ses camarades.
Passant les bras sous ses jambes, Ysandre la souleva dans ses bras et se dirigea vers la porte en l'emportant, rejoignant Lysange que le guérisseur soutenait sans pour autant oser la sermonner alors qu'elle semblait à peine plus consciente qu'Abélianne.
Revenant auprès de Gaëlan, Nigel voulut l'entraîner avec eux mais le jeune noble lui signala qu'ils feraient mieux d'emmener Hugues De Rosamire avec eux pour s'assurer de pouvoir fuir en relative sécurité, même si l'idée ne lui plaisait pas. Lui donnant raison, mais comprenant qu'appliquer ce plan le gênait, comme le confirmaient ses mains légèrement tremblantes alors qu'il l'évoquait, Nigel lui prit l'épée et le poussa doucement vers Ysandre et Lysange.
Saisissant le gouverneur par ses vêtements, Sang de Vampire le força à se lever en le menaçant de l'épée en travers de sa poitrine puis il le tira à sa suite, sourd aux insultes dont Hugues les couvrait, lui et ses compagnons, en se focalisant plus particulièrement sur leur nature partiellement non-humaine et leur statu social inférieur.
Lysange, à moitié écroulée contre le guérisseur si dépassé par la situation qu'il agissait uniquement par automatisme en faisant le genre de tâches qu'il effectuait tous les jours et qui lui importait le plus, hocha le menton à l'adresse de Gaëlan et Nigel, jugeant elle aussi plus sûr pour eux de se garantir une assurance en la présence du gouverneur de la ville, puis elle se tourna vers Torrie, attendant qu'elle les rejoigne pour enfin quitter les lieux, mais la jeune femme demeurait figée au centre du laboratoire.
Pressé par leur situation et par l'urgence qu'il ressentait face à l'état d'Abélianne entre ses bras, Ysandre l'appela dans un cri. Cette fois, Torrie réagit, mais pas de la façon dont ses camarades l'escomptaient.
Dans un hurlement de rage, la jeune femme se jeta sur la table de matériel qu'elle renversa, piétinant les fioles qui ne s'étaient pas brisé en chutant, puis elle déploya ses pouvoirs. La glace remonta le long des murs, faisant éclater les pierres, et les flammes s'élevèrent sur le mobilier de bois.
Au cœur du chaos de feu et de glace, Torrie s'acharnait sur le matériel du laboratoire, le détruisant, avec ses poings, ses pieds ou ses pouvoirs. La jeune femme était totalement déchaînée pour une raison qui échappait à ses compagnons. Elle était tellement enragée qu'elle en semblait possédée.
Son malaise qui augmenta face au coffret contenant les gemmes laiteuses qu'on retrouvait dans les passages ne la freina pas un seul instant et elle le renversa au sol avant d'entreprendre de détruire les pierres sous sa glace ou ses flammes.
D'abord stupéfait par sa violente réaction à laquelle il ne s'attendait pas et par la brutalité de la colère et de la détresse de Torrie, qu'il ressentait par fortes vagues qui recouvraient partiellement la douleur d'Abélianne, Ysandre lâcha un juron en voyant les flammes dévorer la pièce. Confiant Abélianne à Gaëlan, qui vacilla légèrement sous le poids de la jeune femme, Ysandre se précipita auprès de Torrie, protégeant son visage du feu de ses ailes. Arrivant à la hauteur de la jeune femme, il la saisit par les épaules en la secouant pour tenter de la forcer à se reprendre.
Elle eut le réflexe de faire refluer sa magie pour ne pas blesser son camarade mais sa rage ne s'apaisa pas, Ysandre le percevait. Ne pouvant pas prendre le temps de lui parler pour comprendre ce qu'il lui arrivait et la calmer, le jeune homme l'attrapa et la jeta entra vers de son épaule. Ses ruades le déstabilisèrent mais, heureusement, elle n'était ni très grande ni très forte et Ysandre parvint à la maintenir sur son dos, s'aidant également de ses ailes.
Le jeune homme s'attarda encore un instant au milieu des flammes et de la glace pour ramasser Fannyba, qui gisait toujours au sol, sonnée,ne pouvant pas la laisser dans cette pièce détruite à la merci des éléments déchaînés par Torrie. La soutenant d'un bras et d'une aile dans son dos, Ysandre l'entraîna vers la porte, Torrie toujours sur son épaule. Il alla également pour relever le médecin que Nigel avait assommé mais il sentit la pointe brûlante d'une des deux dagues de Torrie appuyer entre ses épaules alors que cette dernière s'immobilisait soudainement :- Je t'interdis de sauver cet enfoiré, siffla t-elle. Laisse le crever, t'as compris ?
Ysandre perçut la rage brûlante de Torrie devenir glacée et il eut l'intuition très nette que la jeune femme aurait été parfaitement capable de le poignarder sous le coup de la colère si il ne l'écoutait pas. Jamais sa camarade ne lui avait paru si proche de la folie.
S'interroger sur ce qu'il lui arrivait exactement méritait qu'il s'y attarde, n'aurait-ce été que pour comprendre et soulager Torrie, mais certainement pas dans ce laboratoire en proie aux éléments.L'alcool contenu dans certaines des fioles brisées alimentait les flammes et le feu se faisait de plus en plus intense malgré la glace qui recouvrait une partie des parois. Plutôt que de risquer d'être englouti par le brasier, Ysandre se résolut à abandonner le médecin, préférant sauver ceux qui pouvaient l'être, notamment ses compagnons, et lui-même. Les voix de Nigel et Lysange qui l'appelaient depuis le couloir, le poussaient également en ce sens.
Laissant quelques plumes roussies dans le laboratoire, le jeune homme ailé le fuit enfin en emportant Torrie et Fannyba pour rejoindre ses camarades.
Tous s'élancèrent dans le couloir sans attendre. Une fois remontés dessous-sols, ils ne tardèrent pas à croiser le chemin de gardes,alertés par le pauvre domestique qui avait fuit dès qu'il l'avait pu, mais menacer Hugues et Fannyba suffit à convaincre les hommes du gouverneur de les laisser passer sans rien tenter contre eux.
N'éprouvant pas autant de scrupules que certains de ses compagnons, notamment Gaëlan, Lysange, dont l'état approximatif ne la rendait pas moins menaçante, ordonna qu'on leur donne accès au passage du palais.
La porte de la salle était béante, les gardes que Torrie y avait laissé ayant réussi à en sortir, et plus personne ne s'y trouvait. Nigel se chargea de verrouiller la porte en forçant la serrure.
Grâce au passage, ils purent fuir Sémoth sans laisser de piste derrière eux. Abandonnant Hugues et Fannyba De Rosamire dans la pièce, ils réapparurent à Port Tuath, au sud de Névinda, où une généreuse somme d'argent évita qu'on ne leur pose des questions quant à leur état relativement lamentable. En revanche, le guérisseur les suivit, craignant d'être accusé d'avoir collaboré avec les Déchus, ce qu'il avait effectivement involontairement fait.
Sa présence arrangea le reste du groupe car il put à nouveau soigner Lysange et les rassurer sur l'état d'Abélianne qui, d'après lui, s'améliorerait avec du repos sans lui laisser de séquelle, au grand soulagement de tous.
A présent, ils cherchaient à se remettre de l'enchaînement des derniers événements, assis sur le bord d'un quai à l'écart,déserté par les pêcheurs qui l'utilisaient puisque tous en mer à cette heure-ci. Abélianne reprenait doucement conscience, appuyée contre Ysandre, lui-même éprouvé par leur passage à Sémoth, Lysange restait allongée sur les pierres du quai, les jambes pendantes au-dessus des flots, suivant enfin les recommandations du guérisseur, qui les avait laissés après avoir dispensé ses soins, Torrie demeurait mutique, l'ensemble du corps contracté comme depuis les dernières heures durant lesquelles elle n'avait pas desserré les mâchoires, le regard perdu dans les reflets du soleil sur l'océan, Gaëlan se blottissait contre Nigel à la recherche de réconfort après les derniers événements assez bouleversants pour un jeune noble paisible comme lui, également dérangé et mal-à-l'aise de la manière dont il avait géré la situation à Sémoth et il se remettait également de la perte du sang qu'il avait donné à Nigel pour lui permettre de guérir de sa blessure.
Dès qu'Abélianne fut suffisamment consciente et en phase avec la réalité, elle confia son passé avec ses parents et ce qu'ils avaient tenté de faire dans ce laboratoire, tremblante encore alors que la douleur provoquée par l'expérience s'estompait lentement.
Lorsqu'elle eut terminé, Ysandre s'emporta, partageant l'étendue de la souffrance qu'avait ressentie sa camarade :- Mais ils sont complètement fous ! L'Ombre et toi...c'est une seule et même personne ! Ça t'aurait tuée si on était pas arrivé à temps !
- Je crois qu'ils préféreraient avoir une fille morte qu'une fille monstrueuse qui parcourt le monde avec une bande de mercenaires. Lança Abélianne.
- Tu n'es pas monstrueuse, aucun d'entre vous ne l'est, la contredit Gaëlan. Enfin, personne ne l'est dans sa nature mais on peut le devenir par ses actes...
- En parlant de ça, tu nous as fait quoi, Torrie ? Demanda Lysange sans détour.
- Je veux pas en parler. Siffla la jeune femme.
- Quoi ? Mais attend, tu peux pas juste... Commença à insister Nigel mais il fut interrompu par le hurlement de Torrie :
- J'ai dit que je voulais pas en parler ! C'est clair ?
- C'est bon, c'est pas l'important pour le moment, tempéra Ysandre. Ce qui compte c'est que...
- On est au complet pour aller chercher Manolis ! Termina Nigel. »
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Le Sang des Déchus - Tome 2 : Traîtres
FantasyAprès que Lysange ait été blessée, mettant sa vie en péril, le groupe des Déchus trouve refuge dans un lieu du passé d'Abélianne, qui dévoile alors certains de ses secrets. Heureusement, ils reçoivent l'aide d'un mystérieux personnage surnommé le Ma...