Le continent de Tientinildh était connu pour être plus pauvre que celui d'Heïllanore cependant, le royaume d'Orondd s'en sortait mieux que son voisin, notamment grâce à ses ressources aquifères. Entre le lac Zukkir et les deux ports construits sur les côtes de l'océan, la pêche était l'une des activités principales du pays, que ce soit dans un but commercial ou seulement pour se nourrir.
Le royaume était également très connu pour ses rizières, uniques à Thamarèthe, qu'on trouvait le long du fleuve Eokré ou de celui de Slayth ou encore sur les berges du lac. Le riz ainsi produit était exporté et vendu à Heïllanore et garantissait une source de revenu fiable et régulière.
Malgré ces ressources, que les autorités s'efforçaient de faire exploiter au maximum, la pauvreté rampait toujours à Orondd. Certains parvenaient évidemment à se créer une vie confortable malgré cette situation, surtout des propriétaires terriens qui faisaient exploiter leurs terres par des employés, qui s'échinaient dans les rizières, ou les marchands qui commerçaient avec Thamyre via le canal d'Eluville, ce qui était justement l'une des raisons principales à la construction de celui-ci.
La majorité d'entre eux n'approchait jamais ce qu'ils vendaient et ce qui leur permettait de maintenir leur train de vie aisé, à l'exception des quelques inspections de leurs terres que certains effectuaient parfois, certainement plus pour admirer leur propriété que pour s'intéresser à ce qui y poussait, et ils géraient, pour la plupart, leurs affaires depuis la capitale, Karynnksy.
La ville, la plus grande du royaume, trônait dans une plaine à mi-chemin de la rive ouest du fleuve Slayth et de la est du fleuve Eokré, entourée de rizières, à quelques kilomètres de la frontière avec Reynelsky. Certains travailleurs y vivaient, dans les quartiers modestes en périphéries des secteurs les plus riches, et avaient une marche de quelques heures à faire chaque jour pour se rendre dans les rizières.
Les citadins avaient l'habitude de chercher à égayer les murs bâtis avec les pierres grises et légèrement poreuses qu'on trouvait à Tientinildh en les ornant de gravures ou de plantes grimpantes. Les demeures les plus aisées étaient décorées de véritables fresques dont on animait et colorait les gravures avec une résine, dont chaque maçon avait son propre secret de la préparation. Les constructions traditionnelles étaient pourvues de toits pentus qui se prolongeaient au-dessus des façades jusqu'à former des auvents,sous lesquels les taverniers installaient leurs tables et leurs chaises en extérieur. Des lampes, carillons ou grappes de toutes sortes de petits objets, pendaient à leurs poutres. Les plus riches étaient recouverts de tuiles vernies, le plus souvent rouges ouvertes, mais la majorité était de planches de bois à la peinture délavées à cause de la pluie ou de la lumière du soleil.
Le palais royal était construit avec ce style architecturale traditionnel. L'édifice était connu pour son impressionnante tour principale, qui était même officieusement le symbole d'Orondd.S'élevant sur plusieurs mètres en dominant la capitale de toute sa hauteur, elle était composée de plusieurs étages concentriques qui semblaient comme posés les uns sur les autres, du plus grand au plus petit jusqu'à se terminer par un toit en pointe. Les auvents si typiques du royaume dépassaient de sous l'étage supérieur et chacun avait une couleur différente des précédents, déclinant ainsi tout le nuancier de l'arc-en-ciel.
Le reste du palais était plus classique, composé de différentes riches ailes qui s'organisaient autour d'un grand jardin intérieur.
Certaines parties étaient évidemment privées et réservées à l'usage personnel de la famille royale, comme la salle à manger située dans l'aile privée.
A part quelques domestiques passant régulièrement pour servir les plats ou remplir les coupes de vin, qui se déplaçaient discrètement et s'esquivaient sans le moindre bruit, se faisant à peine remarquer, seules quatre personnes s'y trouvaient, attablées autour d'une longue table marquetée.
Le souverain du royaume, Willheim Ophell, siégeait en bout de table, à la place du maître, sa position à table traduisant celle qu'il occupait socialement dans le royaume. A sa droite se trouvait son épouse, Ajina, initialement issue d'une famille noble de Port Potanek au sud-est du royaume. A côté d'elle mangeait la fille aînée du couple royal, Astrid, âgée de bientôt vingt-cinq ans et toujours sans époux, ce qui faisait de plus en plus jaser dans les hautes sphères d'Orondd et même des autres royaumes.
Face à elles, était installé Théobalde Ophell, à gauche du souverain, prince du royaume et frère de Willheim. Ses traits paraissaient être le reflet de ceux de Willheim mais un reflet déformé. Là où le souverain portait ses cheveux courts et déjà blancs malgré sa petite cinquantaine, Théobalde les avait longs, noués sur la nuque et encore foncés, poivre et sel, mais, surtout, il arborait une large cicatrice qui barrait sa joue droite en remontant jusqu'à son front.
Pendant que le reste de la famille conversait tranquillement de sujets sans grande importance, principalement les dernières nouvelles qui avaient plus ou moins secoué les sphères de la noblesse, Théobalde demeurait silencieux, feignant de préférer se concentrer sur son assiette devant lui.
La conversation dévia sur les nouvelles rumeurs qui couraient à Thamyre, des histoires sans intérêt particulier, comme la fugue du fils cadet d'une famille puissante d'Eluville, mais qui semblait passionner la noblesse, transmises par Fanathie, actuelle reine de Thamyre et sœur cadette de Willheim et Théobalde.
Son mariage avec Williame De Ohcaire avait scellé une solide alliance entre les deux royaumes, dont la plus grande concrétisation avait été la création du canal d'Eluville.
Ajina terminant de résumer la lettre de sa belle-sœur, par laquelle elle leur avait partagé ces nouvelles, Willheim commenta avec un certain dédain :
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Le Sang des Déchus - Tome 2 : Traîtres
FantasyAprès que Lysange ait été blessée, mettant sa vie en péril, le groupe des Déchus trouve refuge dans un lieu du passé d'Abélianne, qui dévoile alors certains de ses secrets. Heureusement, ils reçoivent l'aide d'un mystérieux personnage surnommé le Ma...