Chapitre 15 - Piégés

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Avant même de chercher à comprendre ce qu'il se passait exactement, Lysange commença à générer son fouet, se doutant parfaitement que ces filets qui les immobilisaient n'étaient pas tombés sur eux tout seuls. De son côté, Torrie dégaina ses deux dagues, la lame de la gauche devint incandescente alors qu'une brume glacée se dégageait de la droite. Que ce soit en les brûlant ou en les gelant et les brisant, elle comptait bien se libérer de ces filets.
L'imitant, Nigel s'empara d'un de ses poignards pour sectionner ses entraves et surtout celles de Gaëlan, alors qu'Abélianne condensait les ombres autour d'elle, y puisant de la puissance, de manière à pouvoir détacher la sienne de son corps et de la contrôler à distance comme une entité indépendante qui aurait pu soulever les filets.
De son côté, Ysandre ne pouvait pas bouger suffisamment, entravé, pour manier sa lance. Ecartant ses ailes autant que possible malgré le poids les écrasant en tirant douloureusement sur les muscles de son dos, pour soulever le filet et réussir à se glisser dessous mais on se jeta sur lui, enserrant ses ailes. Les os fragiles émirent un craquement, comprimés par les hommes qui pesaient dessus. A cause du filet plombé, se débattre se révéla presque impossible et il se retrouva immobilisé malgré ses efforts.
La douleur aiguë qui monta depuis le bas de sa nuque ramena soudainement Abélianne dans son corps, comme si elle venait de se retrouver brusquement coupée de ses pouvoirs, avant qu'elle ne puisse véritablement les utiliser. La jeune femme reconnut sans peine la sensation d'une aiguille qui pénétrait sa chair cependant, les effets ne ressemblaient pas à ceux des injections dont elle avait malheureusement coutume. Au lieu de la lourde torpeur de la teinture de mélandrie, elle perçut un liquide parcourir ses veines en les brûlant tout en provoquant d'insupportables démangeaisons. C'était comme si son corps cherchait soudainement à se débarrasser d'une partie d'elle-même.
Non loin d'elle, Lysange et Torrie émirent le même genre d'exclamations surprises de douleur puis de grognements qu'elle, également en proie aux effets de ces injections.
Le fouet de Lysange disparut soudainement entre ses mains et elle s'avéra incapable de l'invoquer à nouveau, comme si ses capacités venaient d'être bloquées. La dague gauche de Torrie s'éteignit et le givre qui recouvrait la droite s'estompa, comme si ses pouvoirs de semi-djinn devenaient subitement inutilisables cependant, elle restait armée de deux lames susceptibles de trancher ces filets, même si ce serait avec d'importantes difficultés.
Ne se décourageant donc pas,elle entreprit de scier les entraves qui la retenaient et qui la faisaient trembler de rage, elle qui ne pouvait supporter qu'on fasse obstacle à sa liberté d'une quelconque manière. La douleur de se retrouver immobilisée sous ces filets était bien plus violente que celle due à cette injection. Si il l'avait fallu, elle aurait rongé ces liens de ses propres dents, cependant, elle n'eut pas le temps de tenter de se libérer.
Dès que sa magie élémentaire l'abandonna, on lui bondit dessus pour l'immobiliser.Des poignes solides lui tordirent les poignets pour l'obliger à lâcher ses armes. Elle chercha à lutter mais les craquements que produisirent ses os semblèrent indiquer qu'ils étaient brisés et ses mains retombèrent, pulsant de douleur.
Nigel subit le même sort et ne put s'agripper à son poignard bien longtemps. Même si son métabolisme de vampire ne lui faisait pas craindre les blessures, la faiblesse qui ébranla ses muscles un instant fut suffisant pour qu'on lui arrache ses armes. Pendant qu'on se chargeait de l'immobiliser, il sentit qu'on le fouillait pour lui retirer ses autres lames ainsi que tout son matériel de voleur.
Des hommes neutralisèrent également Lysange, qui, malgré toute sa force de demi-elfe guerrier et sa détermination, ne put résister face au surnombre, déjà entravée et limitée dans ses mouvements par le lourd filet.
Gaëlan et Morcia furent probablement les plus aisés à maîtriser. Le premier peinait à gérer la stupeur et n'avait même pas sa rapière sur lui pour se défendre, l'ayant laissée pour ne pas se trahir alors qu'il se faisait passer pour un domestique. La seconde ne comprenait pas ce que tout cela signifiait mais elle ne s'en affolait pas. Après tout, cela concernait les Déchus et elle y était donc extérieure. Sans compter que, placée sous la protection du Marchand de Sable, elle ne redoutait pas grand-chose.
De toute évidence, si ils avaient rencontré si peu de patrouilles durant leur exploration du palais, c'était car la majorité se trouvait dans les sous-sols, comme pour les attendre. Ils savaient qu'ils allaient venir et cette nuit en particulier. On leur avait tendu un piège et ils étaient tombés directement dedans, oubliant la prudence alors qu'ils ne songeaient plus qu'à leurs retrouvailles prochaines avec leur meneur.
Quelqu'un avait averti les autorités de Névinda de leurs intentions et dans les détails.
A cette réflexion, Gaëlan et Abélianne tournèrent naturellement leur regard vers Morcia, la seule réellement susceptible de les avoir trahis cependant, Ysandre l'aurait su si elle les conduisait dans un piège, surtout après des jours en sa compagnie.
Sans retirer les lourds filets, qui les entravaient, on les ligota pour les immobiliser encore plus sûrement puis on les redressa alors que d'autres hommes allumaient les lampes accrochées aux murs. La lumière jaunâtre dévoila des uniformes bruns, vert émeraude et bleu paon, couleurs de Névinda, sans la moindre surprise, mais ces soldats arboraient sur leur poitrine un emblème avec un paon faisant la roue dont les plumes étaient ornées de pierres précieuses qui portait une couronne sur la tête et gardait une épée sous les griffes de ses pattes. Il ne s'agissait pas de simples gardes mais de membres de la garde d'élite qui recevait ses ordres directement du roi lui-même. Parmi eux, certains hommes ne portaient aucun uniforme et ressemblaient davantage à des mercenaires qu'à des soldats. Ysandre croyait même en reconnaître certains.

Le Sang des Déchus - Tome 2 : TraîtresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant