Chapitre 30 Axel

175 9 2
                                    


Après le Prime 8


Axel


Les larmes roulent en torrent sur mes joues.

Seul dans la chambre avec Lénie, je lâche enfin les brides à mes émotions. Elles se déchaînent comme la tempête qui me dévore le cœur depuis ce moment fatidique au prime.

Ma camarade est à mes côtés, je ne sais pas combien de temps cela fait. Après être entré dans le bus j'ai arrêté de prêter attention à quoique ce soit.

Je l'entends murmurer des choses en me frottant le dos, mais je n'écoute pas. Il n'y a pas assez de place en moi pour autre chose que du chagrin. Il sort de moi comme d'un volcan, furieux, par à-coups déchirant. Je l'évacue tant que je peux, rien y fait, il y en a toujours plus.

Chaque flash du prime en fait remonter. L'arrivée d'Amélie sur scène. La danse à deux et leur baiser final. Son... son désintérêt...

Je pensais être au-delà de ça, au-delà de me mettre dans cet état pour quelqu'un... je pensais pouvoir supporter une trahison, une de plus en tout cas... Mais mes poumons brûlent du manque d'air, l'oxygène ce n'est pas lui qui me le retire, c'est moi.

Moi qui me punis pour avoir cru que ça pourrait se passer différemment. Moi qui veux juste arrêter de trembler comme si ma vie ne tenait qu'à l'attention de quelqu'un d'autre. Moi... qui me juge insuffisant malgré tout mes efforts et mon travail, et qui ne le serait peut-être jamais...

Les spasmes s'amplifient encore et je ne sais plus si la douleur vient de mon cœur ou de tout mon corps. Le bruit doit empêcher tout le château de dormir, c'est comme si le monde entier tremblait sur ces fondations. Le bruit du battement est si fort qu'il semble en dehors de ma poitrine, résonnant dans la pièce.

Je sens Lénie quitté mon côté, par fatigue ou abandon ? Je l'ignore. La différence n'est pas énorme de là ou je suis. Quelques secondes plus tard, la pièce devient plus calme. Le bruit s'est résorbé et il ne semble plus venir que de moi. Je reste sous la couverture avide de l'obscurité accueillante.

Il s'agit d'un moment de calme. Comme un noyer qui met la tête hors de l'eau une demi-seconde avant de replonger. Même si un noyé est une personne qui n'a pas survécu, mon analogie elle aussi tombe à l'eau.

Je m'endors à un moment durant la nuit, épuisé et rompu. C'est au réveil que je m'en rends compte, l'oreiller est marqué par les événements nocturnes et je le retourne pour ne pas y repenser. Je sens une chaleur contre mon dos, en me retournant avec précaution, je découvre la benjamine de l'aventure, lové en boule dans les couvertures, les cheveux en auréole autour de sa tête.

C'est elle qui m'a traîné ici la veille, en revenant du studio. Prétextant diverses choses elle a convaincu les autres que j'avais besoin de passer une nuit dans son nid douillet, comme elle l'appelle dorénavant. Forteresse solitaire au milieu du château, à l'image de son habitante.

Je lis la fatigue sur ces traits et ressens immédiatement une intense culpabilité. Elle est déjà si malmenée par cette aventure, et je lui apporte de nouvelles sources de soucis... Elle remue puis se réveille doucement, se frotte les yeux, fronce les sourcils en cherchant quelque chose du regard, puis, une fois les yeux sur le réveil, soupire un léger « encore cinq minutes » plaintif qui me met du baume au cœur.

Je me lève et trébuche sur les oreillers et couvertures étalées à même le sol. Il y en a suffisamment pour faire une gigantesque pyjama party. Décidément l'excès de confort est le light motif de Lénie. Le fait de s'être arrogé la chambre des filles était déjà un parfait exemple après tout.

Je tente de faire un brin de ménage, plus pour m'occuper l'esprit qu'autre chose. Les familles arrivent vers 11h30, il est à peine 10h. Je ne sais pas qui va venir, ni comment je vais leur faire face... J'ignore déjà comment je vais pouvoir regarder tous les autres candidats en face sans m'enfuir.

Dans tout le fatras d'affaires et de linge, je trouve un bout de papier prés de la porte. Un triangle déchiré, à peine quelques centimètres de côté. Dessus, dans une écriture penchée et un peu brouillonne, avec une seule phrase :

« Retrouve moi après le départ des familles, dans les jardins. »

Le message est signé d'un smiley aux yeux en croix...

Faisons danser nos voixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant