Chapitre 31 Julien

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Après le Prime 8


Julien


Mon poing résonne comme le tonnerre sur cette foutue porte.

Je ne sais combien de temps cela fait que j'assène des coups à cette planche de bois. La sécurité va finir par débarquer avant que je ne la fende, ou que je me blesse vu la résistance que m'oppose.

Si seulement il pouvait ouvrir.

Je n'aurai pas à tenir le château entier éveillé.

Je n'aurai pas à m'écorcher la main sur du chêne.

Je n'aurai pas à pleurer en entendant sa souffrance de l'autre côté de la cloison.

Si seulement il pouvait m'ouvrir...

J'ai fait un choix de merde, je le sais, je le vois maintenant... Je n'aurai pas dû faire comme si ces derniers mois n'étaient rien. Je n'aurai pas dû revenir à l'ancien Julien... Surtout pas si facilement...

Le choix était le plus facile, le moins coûteux en énergie, en réputation, en émotion... mais le plus facile pour qui ? Le moins coûteux pour qui ?

C'est mon ancien moi qui pensait d'abord à lui, puis aux autres. Et moi qui pensais avoir changé...

Mon bras ne cesse toujours pas, comme si la douleur que je m'inflige conte un foutu mobilier pouvait endiguer tout ce que j'ai fait. Je voudrais que chaque coup soit le dernier, que la souffrance que nous nous infligeons s'arrête. Que nous puissions parler de ce qu'il s'est passé et de pourquoi...

La porte s'ouvre et je manque de m'étaler sur le sol, entraîner par l'élan. Devant moi nul Axel, mais une Lénie, qui du haut de son mètre soixante, rayonne d'une colère qui me fait faire un pas en arrière.

« Pas bientôt finit cette affaire ? Tu vois bien qu'on veut pas te parler, pas besoin de faire une batucada toute la nuit ! »

Son ton me ferait presque reculer un peu plus, c'est seulement parce qu'elle contient sa colère dans un rugissement de murmures que je ne le fait pas. Elle au moins, semble prendre à cœur la commodité du silence qui devrait régner en ces lieux la nuit, mais après tout elle n'est pas rongée par les remords, ni le chagrin. Je tente une réplique, armé de mon courage et d'une patience bien entamée.

« Je veux juste lui expliquer... »

Mais impossible de finir ma phrase. Elle me pousse violemment du plat de la main sur le torse et referme la porte derrière elle, bloquant définitivement tout passage, à moins d'user de la force et je m'y refuse catégoriquement. Elle me pointe du doigt et une fois encore ce n'est pas la gentille Lénie qui est en face de moi, mais une créature de rage et de fatigue, dont le ton enfle à chaque mot.

« Tu veux lui expliquer quoi ? Que ta copine qui te manquait tellement que tu l'as jamais appelé est revenu ? Il est au courant !

Qu'il devrait faire profil bas demain parce que ça risque de nuire à ta relation avec ta PETITE AMIE, que tu avais RÉGLER LE PROBLÈME ? »

J'en reste bouche bée, la véhémence et la justesse des coups qu'elle porte me sidère.

« Ah naaan pardon, tu veux seulement lui dire qu'il n'a plus sa place avec toi parce que c'était juste pour passer le temps ? »

Elle soupire et fait les cent pas devant la porte, la main à la tête comme pour contenir un début de migraine. Elle continue plus bas.

« Je savais que tu avais des red flag Julien, mais je pensais qu'au moins tu ferais un effort avec Axel, que tu pourrais faire de ton mieux pour t'améliorer... »

Elle retourne vers la porte et avance la main vers la poignée. Une fois posée dessus elle tourne la tête dans ma direction.

« En même temps à quoi peut-on s'attendre venant d'un type qui appelle sa copine 'un problème' ? Bonne nuit Julien, et arrête de frapper à cette maudite porte, tu as déjà brisé suffisamment de chose ce soir. »

Et la porte est de nouveau close...

En désespoir de cause, je prend une feuille de papier et je tente d'écrire des excuses, rien ne viens, rien ne sonne suffisant... je déchire encore et encore.

Je finis par écrire un message simple, une demande de paix... j'espère juste que la journée se passera bien et qu'il voudra me voir...

Faisons danser nos voixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant