Faisons danser nos voix

Chapitre 17 : Axel

Prime 6

Axel

« Alors tu vois, comme tout se mêle
Et du cœur à tes lèvres, je deviens un casse-tête
Ton rire me crie, de te lâcher
Avant de perdre prise, et d'abandonner
Car je ne t'en demanderai jamais autant
Déjà que tu me traites, comme un grand enfant
Et nous n'avons plus rien, à risquer
À part nos vies qu'on laisse de côté »

La voix de Margot résonne dans la salle aussi fort que dans mon être. J'ai un mauvais pressentiment depuis l'annonce des nominés et je sais que c'est la fin pour l'un de nous deux et ça me brise le cœur d'avance.

C'est une semaine plus que riche en émotion qui vient de se passer. La colère, l'inquiétude, la joie et l'angoisse ont coloré presque chaque jour de leur présence depuis le dernier prime. J'ai essayé de coller les morceaux et de tenir le cap malgré tout, néanmoins les professeurs ont dû le sentir et ont pris ça pour une fragilité de ma part. Je me retrouve donc sur le banc des nominés comme Julien il y a quelques semaines.

Nos positions sont inversées, mais, quelque part, nous sommes plus proches que jamais. Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé le soir de mon coming-out. Il a l'air d'avoir compris très vite et d'avoir voulu se rapprocher un peu plus. Était-ce par soutien, par amitié, pour plus ? Je ne sais pas et c'est sans doute ce qui me stresse le plus.

Pas la nomination et la menace du départ définitif, pas la perte potentielle de Margot, qui me brise le cœur plutôt qu'autre chose, ni... Si, je ne mentirai pas, le public est aussi une source de stress monumentale. Je fais de mon mieux pour ne pas le regarder, ne pas chercher si mes parents sont venus, si mon annonce ne les a pas fait fuir comme tant de gens dans ma vie avant...

« Et il m'aime encore, et moi je t'aime un peu plus fort

Mais il m'aime encore, et moi je t'aime un peu plus fort »

La douce mélodie me ramène à moi et calme un peu la panique qui montait doucement. Ce n'est pas la chanson que j'aurai choisie pour elle, trop calme et douce. Elle n'utilise pas son brin de voix si spéciale, ni sont coté grunge et sauvage. Pourtant, il y a des similitudes entre elle et ce qu'elle raconte.

Margot est un casse-tête, personne ne dira le contraire. Flamboyante, délurée, piquante, drôle, elle est tout ça et bien plus. Depuis son arrivée au château, c'est un one woman show chaque soir de nos vies. Je comprends que cela agace certains. Trop d'énergie et d'enthousiasme, mais pas toujours bien placé, trop de rire quand certains demandent de la concentration.

C'est pour toutes ces raisons que je me suis rapproché d'elle, le feu de forêt ne saurait s'appesantir des landes qu'il laisse derrière lui et je voulais me réchauffer à ses côtés, être la lune sur laquelle sa lumière pourrait être reflétée, mais je m'égare. C'est une grande enfant, pas un soleil, et je dois réussir à produire ma propre lumière si je dois m'en sortir au château.

« S'en est assez de ces dédoublements

C'est plus dur à faire, qu'autrement

Car sans rire c'est plus facile de rêver

À ce qu'on ne pourra, jamais plus toucher