Chapitre 33 : Lénie

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Jour de Noël


Lénie


Cette compétition est plus difficile que ce à quoi je m'attendais...

Le stress, le travail, la séparation du monde, tant de choses desquelles on peut parler, mais pas se préparer. C'est la première fois que je quitte ma famille aussi longtemps, il m'avait manqué, je m'en suis particulièrement rendu compte quand j'eus les bras autour de mes parents.

Les larmes ne doivent pas couler, je ne devais pas craquer, si le barrage s'effondrait, s'en aurait été fini de mon équilibre instable, s'en sera finit de mon aventure...

Je m'accrochais à ma bouée, comme si j'étais tombée à la mer et sortis du câlin avant le tragique destin qu'il aurait pu provoquer.

En m'écartant, j'ai enfin pu observer le reste des candidats et leurs familles. Beaucoup de larmes coulent, ils s'enlaçaient, se complimentaient, se souhaitaient un joyeux noël. Je cherche mon académicien préféré et le vis au côté de Nikos, les bras ballants et le regard dans le vide. La réalisation m'a frappé, ils ne sont pas venus...

Le repas qui s'en est suivi s'est bien passé, bon enfant, plein d'humour et de joie. J'ai fait en sorte qu'Axel reste avec moi, Djibriel eut la même idée, ce qui lui permit, peut-être de passer une journée un peu plus douce...

Ça n'est certainement pas grâce à Julien... Il n'a quasiment pas été avec nous de toute la journée, préférant la compagnie de Mélanie. Je... je ne sais plus quoi penser de lui. Le soir, il vient pleurer à ma porte, suppliant de pouvoir parler à Axel, le lendemain plus rien. En partie, c'est vrai, par l'effet dissuasif de la présence de Pierre, je me félicite que l'équipe se regroupe autant autour de notre camarade.

Camarade qui maintenant fixe le bout de papier qu'il a trouvé au sol ce matin. J'ai peur pour lui, cette amourette lui est monté à la tête et l'a sortie de la compétition, il a oublié pourquoi il est là...

Je dois l'empêcher de faire une bêtise, parce que si lui perd de vu l'objectif, est-ce que ça m'arrivera aussi ?

« Tu ne penses pas y aller, n'est-ce pas ? »

Est-ce que je pose vraiment cette question ? Je sais qu'il va y aller, je sais que c'est un combat perdu d'avance. Il ne me répond pas d'ailleurs, il a déjà pris sa décision... Combattre un moulin, c'est donc l'effet que cela fait. Pourtant, c'est Julien qui brasse du vent...

Je m'assois à côté de lui, ma décision est prise aussi, ça n'est pas à moi de l'en empêcher, mon rôle, c'est de le soutenir, tout comme il me soutient dans cette quête pour devenir un artiste.

« (soupire) Je ne pourrais pas te sortir l'idée de la tête n'est-ce pas ? Bien, au moins tu es sûr, quant à foncer dans le mur autant y aller tout droit. »

Il relève enfin la tête et ses yeux se verrouillent aux miens. Il a les larmes qui montent et les excuses au bord des lèvres. Je l'arrête d'un geste, s'il commence, c'est moi qui vais craquer, mais ça il ne le sait pas...

Je lui attrape la main, celle qui ne tient pas son message, et prends une seconde pour moi, j'aimerais qu'un jour quelqu'un me dise ce que je vais lui dire, quand j'en aurais besoin.

« Tu ne lui dois rien, si tu ne veux pas continuer arrête, si tu veux lui foutre ta main dans la tronche, fais le !(ses yeux s'écarquillent de surprise). Surtout, ne le laisse pas te blesser, c'est le plus important, il n'y a que toi qui puisses décider si ce qu'il va te dire et faire doit t'atteindre ou pas. Dernière chose, ne te venge pas, il ne le mérite pas...

Il me coupe la parole un instant, sa voix n'est qu'un murmure étouffé, son poing crispé autour du papier.

« Me venger ? Pourquoi je voudrais... »

Mais je n'ai pas finis alors je reprends le contrôle de l'instant.

« Je sais que tu ne voudras pas, même si cela s'avère nécessaire. La seule vengeance à laquelle tu dois penser, c'est la plus simple »

Il hoche la tête, laisse tomber sa précieuse missive, puis se lève en me lâchant la main. Arrivé à la porte, il ne se retourne même pas quand il me parle.

« Merci pour tout Lénie, je comprends ce que tu me dis et j'essaierai d'en tenir compte. Je veux seulement y croire, lui laisser le temps de s'expliquer. »

Il part et dans un souffle, j'entends sa supplique, plus pour lui-même que quiconque.

« Je veux juste y croire... »

Faisons danser nos voixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant