Chapitre 1

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Oliver

Elle gémit lorsque je m'enfonce en elle d'un geste impatient. Ses ongles égratignent la peau de mon dos. Je voudrais ressentir ce frisson qui me parcourait le corps. J'essaie de me rappeler. Les sensations, là, au creux de mon bide quand je lui faisais l'amour. Alors, je slalome entre ses cuisses avec plus de conviction. Trop fort. Trop vite. Rien. Je persiste encore. Pour m'aider à me souvenir, je niche mon nez dans son cou. Il a toujours aimé s'y planquer, respirer son odeur vanillée. Depuis des années, sa fragrance est différente. Mais je m'accroche. Comme un ultime recours pour retrouver ces impressions, je murmure :

— Stefanie !

Deux mains me repoussent avec rage, et j'atterris sur l'oreiller voisin.

— Tu fais chier, Oliver !

J'ouvre les yeux. Leslie ramasse sa foutue robe.

— Je croyais que tu avais oublié cette fille ? me rabroue-t-elle durement.

Je le pensais aussi. Mais je la cherche dans chaque fille que je baise. Je n'y peux rien. Son souvenir reste cheviller en moi, ancrer dans ma chair. Personne n'a réussi à prendre sa place. Difficilement, je me redresse pour m'asseoir au bord du lit. L'intérieur de mon crâne pulse avec une cadence qui me donne la gerbe.

Il faut vraiment que j'arrête !

Je dégage la capote de ma queue déjà ramollie et me lève. En titubant, je m'approche d'une Leslie plus dégoûtée que jamais. Cinq ans qu'elle essaie de s'inviter dans mon pieu par n'importe quel subterfuge à la con. J'ai tenu bon jusque là. Ce soir, l'alcool et les médocs m'ont convaincu d'accepter. Pour son plus grand malheur, ce n'est pas son prénom que je lui ai susurré à l'oreille. Les autres gonzesses ne s'en formalisent pas ; se faire culbuter par l'illustre Oliver Nade leur suffit. Leslie a tiqué. Malgré moi, j'expulse un petit rire ironique.

— Faut croire que tu ne me fais plus bander.

— Va te faire foutre ! siffle-t-elle en écrasant sa main sur ma tronche.

Tout en massant ma joue douloureuse, je la regarde enfiler ses escarpins et détaler hors de la chambre. J'y suis peut-être allé un peu fort, non ? Haussement d'épaules désinvolte. Elle est aussi bourrée que moi. Demain, elle aura tout oublier.

Enfin, je l'espère !

D'un pas maladroit, je rejoins la salle de bains. J'envoie quelques giclées d'eau sur mon visage. Mon reflet est flou dans le miroir. Mon état comateux doit rendre ma perception discordante de la réalité. J'avance mon visage plus près. Avec le pouce et l'index, je bifurque mon menton de gauche à droite afin d'évaluer les dégâts. Les yeux vitreux. Le teint blafard. Une barbe de trois jours. Finalement, le reflet est le bon. Le mec qui me fait face me répugne.

Si mes parents me voyaient...

Blaire nous a vendu du rêve. Oh ouais, putain. Un vrai illusionniste. La vie d'artiste n'est pas celle à laquelle je m'attendais. Blaire nous a rogné jusqu'à la moelle. On a charbonné comme des malades. Les tournées, les enregistrements au studio et les interviews ne laissent aucune place pour le reste. Ma vie privée est un no man's land. Je ne peux pas mettre un pied dehors sans essuyer le flash d'un paparazzi ou me faire accoster par une fan en chaleur. Parfois, je me laisse entraîner vers une autre vision de mon existence. Un boulot sans contrainte ; mon job chez le disquaire me manque. Une maison banale avec un petit jardin. Et une femme. Elle. Je suis tellement loin de ça. L'unique alternative que j'ai trouvée pour surmonter la réalité sont les amphétamines. J'en avale à forte dose. Ça m'aide à tenir le coup.

My Love Song, second couplet : pardonner(tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant