Chapitre 22

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Oliver

Je n'ai pas déserté mon lit de gaieté de cœur, ce matin. J'aurais préféré me blottir encore un peu dans les bras de Stefanie. Mais ces foutues répétitions m'ont contraint d'y renoncer. Mon stress se décuple tandis que je circule dans les rues de la ville pour atteindre le stade de foot.

Le groupe sera au complet.

La dernière fois qu'on a tous été réunis, les choses se sont mal terminées. J'ignore comment je vais réagir en voyant Jeff. La seule compensation qui me soit donnée en ce moment est de conduire mon van. Ça fait un bail que je ne me suis pas assis derrière son volant. Mes parents ne se sont pas résignés à s'en séparer. Il attendait sagement mon retour, bien au chaud dans leur garage. L'odeur du cuir abîmé par le temps se mêle à un tas de souvenirs. Stef est souvent sortie de ce van en tirant la tronche. Mais c'est aussi sur cette banquette qu'elle m'a embrassé pour la toute première fois. Je me rappelle à quel point ses baisers m'ont bouleversé. Ils s'apparentaient à une drogue. Ils sont encore addictifs. Si Stef avait été à mes côtés durant toutes ces années, je n'aurais pas eu recours à un autre substitut. Quel gâchis ! Je vais éviter d'y penser sous peine de décharger mes nerfs sur un mec en particulier.

Lorsque j'arrive aux abords du stade, tout me semble calme. Pas de paparazzi en vue. Le maire a peut-être tenu sa langue, comme il nous l'a certifié. Un bon point pour Tyron. Je me gare sur le parking. La moto de Jeff est stationnée un peu plus loin. Je reconnais aussi la Ford de Luke. J'ai l'impression de faire un bond dans le passé. À cette époque, on rêvait de succès et de gloire. À présent, on a fait le tour du Monde. Je n'en ressens pas vraiment de fierté. Le chanteur des Shadow Musicians n'est pas un gars admirable. Je ne suis pas l'être humain quintessentiel. Loin de là. L'image que je renvoie est celle d'un queutard doublé d'un camé. Charmante vision de ma personne. Heureusement que ma voix ne m'a pas trahi. C'est la seule richesse que mon attitude n'a pas éclaboussée.

Je prends une longue inspiration avant de descendre. Une dizaine d'ouvriers s'affairent déjà pour installer la scène et tout le matériel adéquat. Ils arrêtent de bosser quand je passe devant eux. Je leur fais un bref signe de la main. Je suis connu, mais ce n'est pas pour autant que j'ai oublié d'où je viens. Et puis, je n'ai jamais aimé qu'on me mette sur un piédestal.

— Ça va, les gars ?

Certains me font timidement signe en retour. Je progresse vers les gradins et me faufile dans les vestiaires. J'y trouve le reste du groupe. Luke est le premier à venir à ma rencontre. Il m'accolade chaleureusement, comme si ça faisait des plombes qu'on ne s'était pas vu. À moins que ce soit pour me remercier d'être venu.

— T'as l'air en forme, constate-t-il en me dévisageant.

— Ouais ! La coupure m'a fait du bien. J'ai dégagé de sales habitudes.

Pas besoin d'étayer. Luke a compris. Il envoie amicalement son poing dans mon épaule. Je crois qu'il est fier de moi. Je n'ai pas le temps de réagir que Brad m'encercle de ses bras.

— Salut, mon pote !

Je le repousse en riant, à moitié étouffé par cette montagne de muscles.

— Merde ! T'as soulevé de la fonte à longueur de journée ?

— Faut bien s'entretenir pour appâter les gonzesses !

My Love Song, second couplet : pardonner(tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant