Chapitre 19

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Stefanie

C'est la mort dans l'âme, que nous avons quitté l'île. Avant de partir, j'y ai jeté un dernier regard triste. Oliver m'a enveloppée de ses bras et m'a juré que nous y reviendrons bientôt. Je l'espère.

De tout mon cœur.

Contrairement à l'aller, je n'ai pas fait de « crise » dans l'avion. Je ne pense plus aux autres filles. Ce n'est qu'un mauvais souvenir, maintenant. J'ai confiance en Oliver et je lui ai pardonné. Les retrouvailles avec ses parents me stressent néanmoins. Oliver n'a de cesse de me rassurer, mais je n'y peux rien. Et ce concert n'assagie pas mes craintes. J'ai peur de ne pas réussir à gérer les éventuels journalistes. S'il le faut, je me terrai dans un coin avec Jonah jusqu'à ce qu'ils déguerpissent.

Faire la Une de la presse à scandale ne me réjouit pas.

Oliver n'a pas l'air serein non plus. Il ne dit rien pour ne pas m'inquiéter. Mais je le devine. La nuit dernière, il a été agité comme s'il se faisait malmener. Ses anciens démons sont-ils revenus à la vie ? Je suppose que le manque d'amphétamine est réapparue en même temps que cette histoire de concert.

Ça ne doit pas être facile pour lui de combattre ses addictions.

Heureusement pour nous, Jonah et ses bavardages incessants nous occupent suffisamment pour tenir notre scepticisme à bonne distance. Pourtant, dès que le taxi stationne devant la maison des Nade, mes appréhensions reviennent en force. Oliver resserre sa main autour de mes doigts.

— Tout va bien se passer ! me rassure-t-il une énième fois.

Je lui souris brièvement, loin d'être rassérénée, et dévie les yeux vers la vitre. Sa famille nous attend devant l'entrée de la maison. Pendant que le chauffeur dépose nos valises sur le trottoir, je sors en soutenant les regards posés sur moi. Mon courage a fichu le camp depuis longtemps. J'ai repris l'apparence de cette fille de dix-huit ans, timide et sans assurance. Mes yeux passent de Monsieur Nade à sa femme, puis percutent Coraly. Mon amie. Ma gorge se serre. Seul Jonah ne semble pas affecté par la situation. Il s'avance vaillamment vers ses grands-parents. Kate s'agenouille devant lui. Elle frotte discrètement sa joue mouillée avant de prendre Jonah dans ses bras. Son mari dépose un baiser sur le crâne de son petit-fils. Il lui chuchote des paroles qui le font sourire. Coraly se joint à eux. Elle pétille de joie lorsqu'elle reconnaît la peluche girafe que Jonah ne quitte jamais. Je me sens un peu apaisée. Les parents d'Oliver recentrent ensuite leur attention sur moi. Mon tour est arrivé.

— Allez ! m'encourage Oliver en me prenant la main. Ils ne vont pas te manger.

Le sourire chaleureux de Kate pulvérise tous mes doutes. Elle tend Jonah à son mari, qui le prend dans ses bras. Puis, elle ouvre grand les siens telle une invitation à m'y réfugier.

— Stefanie ! prononce-t-elle d'une voix marquée par l'émotion.

Je ne résiste pas. Les jambes en coton, je parcours le mètre qui nous sépare et m'encastre dans cet étau hospitalier. Une étreinte maternelle. Un geste affectueux dont j'ai été privé pendant l'enfance.

— Je suis tellement contente de te revoir. Si tu savais à quel point je suis navrée de ne pas avoir été là pour toi.

C'est moi qui suis censée m'excuser. Je leur ai caché ma grossesse en m'enfuyant loin d'ici. Kate ne l'entend pas de cette oreille. Elle se sent fautive, alors que je suis la seule responsable. Incapable de répondre, je laisse mon stress s'évacuer. Mes larmes souillent l'imprimé floral de sa robe.

My Love Song, second couplet : pardonner(tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant