Chapitre 9

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Oliver

Ça fait du bien d'être entouré des gens qu'on aime. Ici, dans cette maison. Mes parents ont bien fait de la garder. Je voulais leur en acheter une autre. Ils ont refusé, prétextant l'abondance de souvenirs qu'elle renferme. J'ai donc soldé leur crédit immobilier. Dans la foulée, je leur ai offert une nouvelle bagnole et gonflé leur compte en banque de quelques zéro.

Ils le méritent amplement.

Ma famille m'a manqué. Je ne me doutais pas à quel point. Ma mère est aux petits soins depuis mon arrivée. Coraly n'a pas changé. Toujours aussi chiante. Et mon père... Je crois qu'il a deviné. Mes mains tremblent sans que je ne puisse les contrôler. J'essaie d'être naturel, mais le manque joue avec mes nerfs. Je le suis davantage maintenant que je leur ai relaté les faits. La trahison de Leslie. L'existence de mon fils. Stefanie.

— Leslie ! Argh ! Je savais que cette fille ne t'apporterait rien de bon.

Ma mère se couvre le visage de ses mains et se met à sangloter. Mon père lui caresse tendrement le dos, ce qui ne la calme pas pour autant.

— Pauvre Stefanie ! Elle a vécu seule sa grossesse.

Je ferme les yeux en lâchant un long soupir. Je repense à cette nana exceptionnelle qui a élevé notre gosse. Mes nerfs sont sous pression. Le besoin d'avaler un cacheton s'intensifie. À cran, je quitte la cuisine pour aller m'isoler dans le jardin. Je m'assoie sur une chaise longue. Mes mains gigotent, alors je les coince entre mes jambes. Terrassé par une violente crampe d'estomac, je me plie en deux. Mon père me rejoint quelques minutes plus tard. Je me redresse en cachant la douleur, et lève les yeux vers lui.

— Comment va maman ?

— L'idée d'avoir un petit-fils lui a remonté le moral. Coraly et elle sont déjà en train de dresser une liste des cadeaux qu'elles pourraient lui faire.

Je souris.

— Et toi ? Comment tu gères tout ça ? La vie d'artiste ne doit pas être facile tous les jours. Le stress. Le rythme effréné.

Je dévie les yeux. Je sais où il veut en venir. C'est un stratagème pour me faire avouer. Des drogués dans ma situation, il en côtoie tous les jours. C'est son job. Il est le mieux placé que n'importe qui pour déceler les symptômes du manque. D'ailleurs, mon silence est éloquent. Je me sens tellement nul. Sa main se pose sur mon épaule.

— Ça fait combien de jours que tu n'en as pas pris ?

Suis-je en présence de mon père ou de l'éducateur spécialisé ? Me voit-il comme un de ces jeunes dont il s'occupe ou comme son fils ?Plus minable que jamais, je murmure :

— Deux !

Je lui jette un coup d'œil.

— Je te déçois, hein ?

— Non ! Je ne suis pas ici pour te juger. Je peux comprendre que ça t'aide à tenir le coup. La vraie question est de savoir si tu veux continuer à ingérer cette merde ?

Son ton est dur. Pourtant son regard est conciliant.

— Je veux arrêter, pour mon fils.

My Love Song, second couplet : pardonner(tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant