Chapitre 5

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Oliver

Elle est là, à quelques pas, juchée sur une paire de talons. Stefanie ! Elle a deviné que c'était moi. Son corps se braque. A-t-elle peur que son secret soit éventé ? Ça fait un mois que j'attends ce moment. Je veux voir la honte dans ses yeux. La frousse de se mettre enfin à nue. Mon plan se déroule à merveille. Depuis des jours, je la traque. La proie parfaite. Sublime et dangereuse à la fois. Je me suis fondu dans la masse. Ici, à Rosedale. Invisible mais à l'affût. Je vais omettre la relation qu'elle entretient avec ce connard. Pas question qu'il occupe une place dans la vie de mon fils. Ce fumier aura le droit à son heure de gloire, mais plus tard.

Ma principale préoccupation reste Jonah.

Il ne m'a fallu que quelques coups de fil et une chance phénoménale. La maison cherchait un acquéreur. Je l'ai achetée sans me poser de questions. J'ai suffisamment de fric pour me payer des extras. Elle fourre sa tablette dans le sac qu'elle porte à l'épaule, et se retourne lentement. Ses yeux sont frappés de stupeur.

— Salut, Stefanie !

Machinalement, elle se recule. J'avance à mon tour. Sa jupe crayon, étriquée, l'empêche de faire de grands pas. J'ai craqué pour ses mini- shorts, mais je dois avouer de cette foutue jupe me fait saliver.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

Sa voix chevrotante retentit. Je ne réponds pas. Les mains dans les poches de mon jean, je la détaille avec gourmandise. Je passe ma langue sur mes lèvres, soudain en appétit. Elle rougit.

J'ai oublié combien cette réaction me trouble.

J'essaie de dégager l'envie de balader mes mains sur son corps. Il a changé. Je devine des seins plus volumineux sous sa blouse en dentelle blanche. Ses hanches sont davantage sculptées. Si je laissais parler mes pulsions, j'écraserais mon corps contre le sien. Elle serait à ma merci. Là. Contre ce mur sur lequel elle vient de buter. Elle me détaille aussi. Ce n'est pas le genre de regard que les nanas m'octroient habituellement. Je ne me sens pas ce putain de casse-croûte sur lequel elles bavent. Dans ses prunelles bleues, je redécouvre une sensation que je croyais perdue.

La sensation d'être exceptionnel.

Est-ce qu'elle m'aime encore ? Est-ce le fruit de mon imagination tordue ? Suis-je assez désespéré pour croire que ses sentiments sont réels ? Déboussolé, je comble l'espace entre nous et colle mes mains sur le mur. Elle se retrouve dans un étau, coincée entre mes bras. Son odeur vanillée me taquine les narines. Je la respire profondément, les yeux perdus dans son décolleté. Entre ses seins, j'aperçois le pendentif que je lui ai offert. Je tente un geste.

— Ne me touche pas !

Ses mains frêles s'abattent sur mon torse. Je pense à cet enflure, à qui elle autorise les caresses. Je l'ai vu la toucher. Embrasser sa joue. Le mec aigri s'interpose. Les sensations agréables qui m'ont envahi s'éclatent les unes à la suite des autres comme des bulles de savon, ranimant au passage ma colère. Elle reprend le dessus. Ma sentence tombe comme un couperet.

— Où est-il ? Où est mon fils ?

Je m'attends à ce qu'elle s'écroule, anéantie par la culpabilité. Au lieu de ça, elle me repousse de toutes ses forces.

My Love Song, second couplet : pardonner(tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant