Chapitre 11

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Stefanie

Ça fait presque deux mois qu'Oliver est parti. J'en suis presque venue à graver des petits batons sur le mur de ma chambre, à l'instar d'une détenue. Pauvre prisonnière de mes émotions. Jonah n'a de cesse de me réclamer son père. Il a insisté pour que je lui envoie des messages vocaux. Oliver a répondu à chacun d'entre eux. Entendre cette voix chaude est un supplice. Cerise sur le gâteau, Timothy continue de vouloir flirter avec moi. Il multiplie les attentions et renouvelle sans relâche la proposition d'une deuxième sortie. Qu'est-ce qu'il attend de moi, au juste ?

Ce premier rencard a été un flop total.

Depuis cinq minutes, j'esquive la main qu'il tente de poser sur moi. Ses sourcils se froncent.

Nota bene : pour éviter ce genre de tête-à-tête malaisant, arriver dorénavant avec quelques minutes de retard sur l'heure d'accueil des enfants à la crèche.

N'a-t-il pas encore saisi que je refuse ses pseudos marques d'affection ? D'ailleurs, je ne l'écoute même pas. Mon esprit est ailleurs. Il virevolte auprès d'un homme dont je suis indubitablement amoureuse. Oui ! J'aime toujours Oliver. Je ne lui dirai pas. J'ai bien l'intention de le laisser mariner un peu. Enfin, s'il daigne revenir un jour ! S'il ne le fait pas, je vais...

— Tu es encore perdue dans tes pensées, Stefanie !

Je réagis trop tardivement, Timothy m'effleurent le visage du bout des doigts. Mes yeux le fusillent. J'ouvre la bouche pour lui signifier une fois de plus que je ne lui ai pas autorisé ce geste, mais Jonah me coupe dans mon élan.

— Papaaa !

Papa ? Je tourne brusquement la tête. Jonah me lâche la main et s'élance vers Oliver, qui s'agenouille pour l'intercepter. Il est là. Il est bien là. Mon cœur accentue brutalement ses battements. Les voir ensemble me rend toute chose. Le voir me rend plus fébrile encore. Il se relève, Jonah accroché à son cou. Je n'arrive pas à détourner mon regard. Sa silhouette élancée vêtue de noir me fait frissonner. Il est foutrement sexy. Je ne suis pas la seule à saliver. Beaucoup de mamans le suivent des yeux. Savent-elles que sous cette casquette et ces Ray-ban se cache Oliver Nade, le chanteur des Shadow Musicians ? Je crois que lui se fout de ces femmes qui suintent la convoitise. Il avance avec détermination et assurance dans ma direction. Ma gorge s'assèche lorsqu'il se glisse entre Timothy et moi.

— Salut, Stef !

Sa voix chaude et grave se répercute à un endroit de mon anatomie que j'ai volontairement occulté de ma vie. Zut de zut ! Ce machin fonctionne encore ! Subjugué par son corps, trop près du mien, je répète bêtement :

Salut !

Ses lèvres sont pincées. J'essaie d'apercevoir son regard, planqué derrière ses lunettes noires. A-t-il vu Timothy me toucher ? Ce dernier se décale pour se poster à ma droite.

— Bonjour ! Je suis...

— ... le père du meilleur ami de Jonah.

J'ai préféré compléter. Qui sait ce que Timothy aurait pu dire ! Oliver ne lui accorde qu'une minime attention.

— On s'est déjà vu, non ? ajoute-t-il, l'air suspicieux.

Faites qu'il ne l'ait pas reconnu ! Je n'ai pas envie de faire la première page du prochain numéro de People. Oliver semble agacé.

— Ça m'étonnerait !

Bien que Timothy soit plus musclé, il ne fait pas le poids face au charisme d'Oliver. La tension est palpable entre eux. Ils ressemblent à deux loups, prêts à s'entretuer pour s'approprier le poste d'alpha. Je devrais en ressentir de la fierté. Cette situation est plutôt embarrassante. Je me racle la gorge.

My Love Song, second couplet : pardonner(tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant