My Love Song, second couplet : pardonner(tome 2)

Chapitre 6

Stefanie

Voilà un quart d'heure qu'Oliver me montre deux personnalités différentes. Il est aussi sombre que les vêtements qu'il porte. À de courts instants, je retrouve le garçon dont je suis tombée amoureuse.

C'est perturbant !

Je n'arrive toujours pas à croire qu'il se trouve dans la même pièce que moi. Je surfe sur un océan d'émotions, qui m'engloutit et me rejette aussitôt. La colère prédomine. Il n'a pas le droit de débarquer, la bouche en cœur, et me revendiquer sa paternité. Qu'est-ce qu'il croit ? Jonah n'est pas un jouet que je vais lui refiler sur un coup de tête. Cet homme-là n'est pas capable de s'en occuper. Même s'il m'a certifié le contraire, je sais qu'il se drogue. Certains signes ne trompent pas. Ses yeux rougis. Son comportement agressif.

Il est néanmoins toujours aussi beau !

J'ai perdu le fil un court instant. Il n'a fallu qu'une simple étreinte pour me faire baisser la garde. J'ai bataillé. J'ai fait mon maximum pour refouler ce que j'éprouvais. La chaleur de ses bras a été la plus forte. Les souvenirs de ce qu'étaient nos moments intimes ont supplanté le reste. J'ai sombré, la dignité brièvement anesthésiée. Et puis, la réalité. Cinglante. Toutes ces filles, blotties dans ces mêmes bras, se sont rappelés à moi. Je l'ai repoussé. En quête de vengeance, je lui ai laissé croire que Timothy est mon amant. Je l'ai blessé. Il l'a bien cherché. De quel droit s'immisce-t-il dans ma vie privée ? Ce sentiment d'être suivie n'était donc pas qu'une illusion. Tout vient de basculer à nouveau. Il essaie de me convaincre qu'il n'était pas au courant de mon altercation avec Leslie.

— Je vais leur faire la peau.

Sa mâchoire est crispée. Ses poings serrés. Je m'avance lentement et pose ma main sur son bras. J'ignore quelle peut être sa réaction. Son comportement vacille entre deux états opposés.

— De quoi tu parles ?

Il peste.

— Leslie !

Je l'interroge silencieusement, le front plissé. Inutile de le braquer davantage.

— Les textos !

Je ne comprends toujours rien, mais j'attends. Je cherche dans son regard le Oliver que j'ai connu. Un autre le remplace, plus sanguin. Celui-là même qui m'a secouée brutalement.

— Le jour où tu devais me rejoindre à Detroit, je me suis réveillé à la bourre. Je pensais pourtant avoir enclenché l'alarme de mon téléphone.

Il secoue la tête, probablement pour raviver ses souvenirs.

— Quand je suis sorti de la salle de bains, Leslie était dans ma chambre. C'est là que tu m'as envoyé le dernier texto.

Il fait demi-tour et envoie son pied valser dans la porte. Les bras m'en tombent. Je ne veux pas savoir ce que son ex faisait là-bas. Mes nerfs sont suffisamment titillés. Je replace les évènements dans leur contexte. J'analyse. La conclusion me fait sursauter.

— Tu essaies de me dire que pendant que tu prenais ta douche, Leslie a usurpé ton identité. Elle m'a envoyé ces messages et les a ensuite effacés ?

Il vire brutalement dans ma direction, comme si je l'avais frappé. Ses yeux noirs se ruent sur moi.

— Je vais la tuer, cette garce !

Ma respiration se bloque, quand je réalise enfin ce qui s'est passé. Cinq ans. Ça fait cinq ans que je le hais de m'avoir abandonnée. De son côté, il a dû me détester. Je réalise combien ce texto l'a anéanti.