Chapitre 4

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Stefanie

Mon désistement n'a pas découragé Timothy. Il s'applique depuis deux semaines à renouveler son invitation. Toujours de façon officieuse et sans en avoir l'air, il la glisse au beau milieu de la conversation.

— Je crois qu'ils seraient contents de se voir en dehors de la crèche.

Timothy pointe du menton nos enfants respectifs, qui jouent dans l'enceinte de la crèche. Je devrais arrêter de le faire galérer et accepter enfin ce rencard. Rien ne m'oblige à refuser une énième fois. Il me gratifie d'un de ses sourires charmeurs.

Allez ma grande, jette-toi à l'eau !

Je n'ai rien à perdre, de toute façon. Ce sera une sorte de test. J'évaluerai mes capacités à entrevoir un futur sans Oliver. Rien ne filtre sur lui, depuis cette mémorable interview. C'est comme s'il s'était volatilisé. Ce qui me parait remarquable de sa part, lui qui défraie toujours les chroniques. N'a-t-il déniché aucune nouvelle conquête ? Serait-il devenu un homme exemplaire ? Au fond de moi, j'ai néanmoins la sensation qu'il n'est pas loin. Encore ce drôle de feeling. Next ! C'est à mon tour de prendre le relais. Mon père a raison. Jamais plus, il ne fera partie de ma vie.

— Si la proposition tient encore, je suis partante.

J'ai enfin pris mon courage à deux mains. Timothy sourit de plus belle.

— Je ne veux rien t'imposer, tu sais. Si tu ne te sens pas prête, aucun problème. J'attendrai le temps qu'il faudra.

Ce serait facile d'attraper cette perche tendue, de lui faire rebond à nouveau. Stop ! J'en ai assez de tirer des plans sur la comète. Oliver ne me reviendra pas.

— J'ai envie de faire cette sortie avec toi.

C'est dit ! Rien ne me fera changer d'avis. Timothy attrape ma main et m'embrasse la joue. Ces gestes me sont habituels maintenant. Je les lui ai consenti dans l'optique d'allumer un je-ne-sais quoi en moi. Je ne ressens cependant rien de spécial lorsque ses lèvres effleurent ma peau. J'aimerais percevoir un début de frisson. Peut-être qu'à la longue, je me débriderai.

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— J'ai accepté son invitation, informé-je mon père, alors qu'il prend de mes nouvelles par téléphone le soir-même.

— C'est super ! Enfin... j'espère que tu ne l'as pas fait par obligation ?

Sa voix est teintée d'un soupçon de remords, comme s'il se sentait responsable de ma décision.

— Non ! J'ai bien réfléchis à ce que tu m'as dit. Je dois aller de l'avant, et rien de tel que ce rendez-vous pour me remettre sur les rails.

Je ris doucement. Mon père garde son sérieux.

— Tu pourras me raconter comment ça s'est passé. Si tu en ressens le besoin, bien évidemment.

— C'est gentil de me le proposer.

Un long silence plus tard, il enchaîne :

— Je suis vraiment heureux que tu m'aies pardonné. Quand je repense à la façon dont je t'ai ignorée toutes ces années, je me sens mal. Comment j'ai pu être à ce point aveugle et con ?

Je déteste quand il fait son mea culpa. Je devine que ça puisse le soulager de s'excuser. Certes ! Mais à chaque fois, il me met au pied du mur. Je me sens obligée de le rassurer, alors que je n'ai pas oublié. J'occulte volontairement son comportement passé pour me focaliser sur le père qu'il tente de devenir.

My Love Song, second couplet : pardonner(tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant