Chapitre 15

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Stefanie

L'oreiller sent son parfum. Je n'ai pas pu m'empêcher d'aller y fourrer mon nez. Je hume l'odeur qui s'y dégage et qui me rappelle tant de moments alléchants. Depuis que j'ai posé le pied sur cette île, je suis dans ma bulle. Toutes ces filles essaient de la briser, mais elles n'y arrivent pas. Le processus de guérison est enclenché. Mon cerveau se vide de ces images perfides pour se remplir d'autres, plus réjouissantes. Peut-être est-ce à cause des souvenirs qui parsèment cette île ? Peut-être est-ce l'amour qui me transporte, tout simplement ? Que se soit la première option ou la seconde, je suis saupoudrée d'euphorie. Oliver nous aime. Je l'ai entendu nous le chuchoter. Mon cœur a bondi dans ma poitrine. Après la montagne d'embuches que le destin a jetée sur notre route, le bonheur est enfin là. Je le retiendrai de toutes mes forces pour qu'il ne m'échappe plus. Je me battrai corps et âme pour ne plus le laisser filer. Alors, je l'ai murmuré à mon tour. Le sort est conjuré.

Rien ne pourra plus nous arriver.

Je les entends, les deux hommes de ma vie. Voilà cinq minutes que je perçois leurs rires étouffés provenant de la cuisine. Je leur laisse ce moment. Ils en ont besoin pour s'apprivoiser, pour faire connaissance. Je ferme les yeux en souriant à cette ébauche de vie parfaite. Des petits coups répétés retentissent contre ma porte. Je me redresse au moment où Jonah fait irruption, un bouquet de fleurs ainsi qu'un dessin à la main. Oliver le suit, les bras encombrés d'un énorme plateau.

— Bon anniversaire, maman !

Ai-je fait allusion à la vie parfaite ? Malgré moi, une larme m'échappe lorsque Jonah se jette à mon cou. Il m'embrasse la joue avec ferveur.

— Tiens ! Je t'ai fait un dessin. Regarde ! Ça c'est toi. Ça c'est moi. Et ça c'est papa.

De l'index, il me désigne les personnages qui apparaissent sur le papier. Ce ne sont que des bonhommes têtard, pourtant ils symbolisent bien plus à mes yeux. C'est la première fois que Jonah inclut son père dans un dessin. Notre famille. Il me tend ensuite un bouquet.

— Je les ai cueillies avec papa.

Je reconnais les fleurs mauves qui pullulent sur le sable. Des œillets des dunes. Elles valent plus qu'un bouquet tout droit sorti des mains d'un fleuriste. Mon fils a pris la peine de les cueillir, pour moi. Je le serre contre mon cœur.

— Merci, ma grenouille ! Je t'aime fort.

— Je t'aime fort aussi, maman !

Il s'extrait de mes bras, pressé de me montrer le reste.

— On a préparé le petit-déjeuner. Papa a fait des pancakes.

Oliver s'approche et dépose le plateau sur mes jambes. Pancakes. Café. Jus d'orange. Confiture. En prime, il m'offre son fameux sourire.

— Tu ne fais pas de bisou à maman ?

Je tressaille mais j'en meurs d'envie. Ce baiser m'est passé sous le nez, hier soir. Il s'en est fallu de peu.

— Si, champion !

Oliver se penche vers mon visage. Ses lèvres prennent la bonne direction, puis bifurquent au dernier moment pour se poser sur ma joue.

— Bon anniversaire, Stefanie ! susurre-t-il contre mon oreille.

Ma gorge s'assèche brutalement.

— Merci ! 

Il me tend une mystérieuse enveloppe blanche, sur laquelle je reconnais son écriture.

Bon anniversaire, Stefanie !
Une promesse est une promesse.

My Love Song, second couplet : pardonner(tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant