III.

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Gabriel croisa les bras, désapprobateur.

"Vous êtes si impatient que ça ?"

Il trouvait cela impoli d'entrer avant qu'on ne lui ouvre.

Jordan ignora la question et referma la porte. Il regarda un petit peu partout avant de se retourner.

"Excusez-moi de mon avance. J'étais à côté de vos locaux."

Gabriel leva les sourcils.

"Vous n'allez pas me répondre ?"

La question fit rire le jeune homme.

"Pourquoi faire ? Vous pouvez trouver réponse à cette question seul."

Gabriel fronça les sourcils, se plaçant devant son bureau, toujours les bras croisés. Ses dossiers étaient éparpillés et il ne souhaitait pas qu'une seule information ne tombe dans les mains du jeune homme.

"Pourquoi vouliez-vous me voir ? Si c'était pour venir me provoquer, vous auriez pu rester chez vous."

Le président du RN s'avança, légèrement.

"Pourquoi avoir accepté de me voir, si vous pensez cela ?"

Gabriel prit une grande inspiration.

"Répondre par une question n'est pas répondre."

Jordan s'avança encore.

"Très bien. Je ne suis pas venu vous provoquer, loin de là. Je suis venu pour discuter avec vous."

Le ministre écarquilla les yeux.

"Discuter ? Nous l'avons déjà fait hier soir. Cela ne vous suffit pas ?"

Le jeune homme s'avança, inlassablement jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres du corps de son adversaire.

Gabriel se releva, il ne devait pas se sentir intimidé.

Malgré la taille et les épaules larges du jeune homme.

"Vous n'avez pas arrêté de vous focaliser sur Madame Autain. Même mon regard n'était pas à votre goût. N'aviez-vous pas envie de débattre avec moi ?"

Le ministre sourit.

"Et donc, vous êtes venu pleurer dans mon bureau pour cela...? Parce que je ne vous ai pas donné assez d'attention...?"

Jordan fronça les sourcils.

"Répondre par une question n'est pas répondre."

Touché.

Gabriel rit nerveusement.

"Très bien... Je..."

Il peinait à trouver ses mots.

C'était comme si ce soir, d'être face à face, rendait le regard du jeune homme plus chaud, plus brulant, plus intense et plus coloré, comme s'il pouvait l'emprisonner rien qu'avec ce regard.

Comme si son âme était sondé et observé.

Et c'est ça qu'il fuyait. Il se sentait mis à nu devant ses yeux, il se sentait sans secrets, il se sentait... mieux.
C'était un sentiment si étrange pour Gabriel. Sentir ce regard dans ses yeux, sur sa peau, sur son visage le faisait se sentir apaisé, mais aussi apeuré. Comme si un loup se promenait volontiers dans une bergerie.

Est-ce qu'il ne serait qu'une proie ?

L'atmosphère de la pièce se réchauffait, les deux hommes n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.
Et plus l'impatience de Jordan s'intensifiait, plus il se rapprochait.

Liberté d'aimer (Bardella x Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant