I.

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Avril 2022-

''On vous attend sur le plateau dans 5 minutes, Monsieur Attal.''

L'homme regarda la jeune femme avant d'hocher la tête avec un sourire. Elle le lui rendit et sortit de la pièce.

Refermant derrière elle, elle laissa le ministre seul, à essayer en vain de se rendre plus présentable. Il n'avait que peu dormi, comme à son habitude. La maquilleuse avait peiné à cacher ses cernes, devenues plus graves.

Il n'a jamais caché avoir des soucis d'insomnies, bien au contraire. Mais, si seulement, ceux-ci pouvaient être dû qu'à son travail et non à sa vie personnelle.

Il toucha, par réflexe, son alliance argenté, et se regarda droit dans les yeux.
La nuit dernière lui revint, et la douleur derrière son crâne également.
Il avait beau avaler des dolipranes, rien n'y faisait.

Gabriel se regarda encore longuement, se demandant où sa joie et sa bonne humeur était partie.
Quand il voyait son reflet, il voyait un homme pressé, un homme ayant peur pour l'avenir, un homme meurtrit par l'âge.
Il ne se reconnaissait plus.

Il baissa les yeux sur sa maudite alliance. Elle lui causait tellement de tort, elle lui causait des disputes incessantes, des jalousies mal placées, des violences, des pleurs...

Elle causait son mal.

Mais, il aimait l'homme avec qui il la partageait. Peu importe ce qu'il se passait.

Il aimait Stéphane Séjourné.

Après quelques instants, il se retourna vivement pour regarder l'horloge, ses pensées l'avaient hapés et il était en retard.

Il prit ses fiches à la va vite et sortit de sa loge.

Elles étaient toutes éloignées les unes des autres, évitant les soucis après débats.

Gabriel due faire un bon bout de chemin, presque à courir pour rattraper son retard.

Déboulant à cette allure, il ne fit pas attention à son espace.

Se retrouvant rapidement sur le chemin d'un autre homme, qui lui emmêla les jambes sans le vouloir.

Gabriel se sentit partir en avant, laissant presque ses feuilles tomber à terre, et un bras le retint.

''N'allez pas si vite, Monsieur Attal.''

Le ministre sentit ses oreilles bourdonner à l'entente de ces mots, et il eut envie de disparaître.

Jordan Bardella venait de l'empêcher de tomber, et surtout, de perdre la face.

Son bras le maintenait en place, comme si la gravité n'avait plus aucun effet sur lui. Il hésita à prendre appuie dessus pour se relever, mais il n'eut pas besoin.

En un effort, vraiment peu conséquent, Jordan le remit sur pieds, comme s'il ne pesait pas plus qu'une plume.

Le ministre n'osait pas le regarder, il était bien trop gêné.

''Vous n'avez rien ?''

Gabriel répondit avec un geste de la main, essayant vaguement de lui dire que tout allait bien. Il n'osait pas parler, la situation était pesante.

Le plus grand fit le tour, pour se retrouver face à l'autre homme, un grand sourire aux lèvres, le voir gêné était un spectacle réjouissant.

''Vous avez perdu votre langue ?''

Gabriel releva la tête, regardant dans les yeux de Jordan.

L'homme avait des yeux caramels, presque imperceptible. S'il les voyait de leur vrais couleurs, c'est qu'ils étaient bien trop près l'un de l'autre.

Liberté d'aimer (Bardella x Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant