XXII.

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Le dernier document fut signé, et Gabriel souffla enfin.

Il s'assit profondément dans son siège, les yeux fermés, profitant du calme, et de la satisfaction d'avoir fini.

Il fit tourner sa chaise de droite à gauche avant d'entendre la porte de son bureau toquer.

Il soupira, violemment. Il ne pouvait donc pas respirer ?

Se frottant le visage, il se leva et se dirigea vers la porte.

Et en ouvrant, il vit que son envie d'être prêt, ou même d'attendre allait se volatiliser.

"Je peux entrer ?"

Gabriel respira profondément, n'offrant qu'un hochement de tête comme réponse.

L'homme entra, bouquet de fleurs blanches à la main, sourire excuseur, et propre sur lui.

Le ministre referma la porte, à contrecœur, il ne voulait pas que ses collègues ne sachent, mais en même temps, l'idée d'être seul à seul l'effrayait.

Il n'aurait aucune aide.

Stéphane posa le bouquet sur son bureau, le regardant amoureusement.

Gabriel ne pouvait que frissonner de dégoût. Qu'est-ce qu'il allait dire ? Faire ? Discuter ?

Il déglutit difficilement, avant de croiser les bras, sur la défensive.

"Pourquoi tu es venu ?"

L'homme sourit.

"J'avais envie de te voir."

Il commença à retirer sa veste, laissant apparaître son cou.

Et Gabriel ne pouvait que voir l'état de celui-ci, il était rouge, presque ecchymosé, et il ne comprit que trop bien qui aurait pu faire ça.

Au fond de lui, il voulu fermer les yeux sur cette vision. Espérant que ce ne soit que de la légitime défense, choisissant de faire confiance à Jordan, qui n'a été qu'un homme bon envers lui, que son mari qui n'a réussi qu'à le faire dormir dans un lit.

Il releva les yeux, croisant son regard.

"Tu aurais pu m'envoyer un message. Je n'aime pas qu'on vienne me voir à l'improviste."

Stéphane baissa les yeux à son tour, cherchant ses mots.

"Je sais. Mais, j'ai à te parler."

L'ambiance devint plus intense, et plus pesante. Gabriel se sentait étouffer, comme si chaque mot prononcé lui écrasait la trachée.

Il ne voulait qu'une chose, que ça se termine. Que tout ça se termine enfin. Peu importe quelle décision il prenait à la fin, il ne voulait plus continuer comme cela.

Il continua de regarder son mari, qui essayait en vain de détendre l'atmosphère avec des sourires.

"...Tu ne vas certainement pas comprendre pourquoi. Mais, je vais juste te dire."

Gabriel haussa les sourcils, s'attendant au pire.

"De toute façon, tu vas me pardonner."

Il lui dit cela, avec un grand sourire, il avait cette certitude, cette confiance. Car, Gabriel avait tellement pardonné qu'il pourrait bien le faire une dernière fois, non ?

"...Je t'ai trompé. Plusieurs fois."

Le ministre ouvra la bouche, ne laissant qu'un faible cri s'échapper, qui se transforma en un sanglots déformé, il approcha sa main devant sa bouche.

Liberté d'aimer (Bardella x Attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant