CHAPITRE QUATRE

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Alicia 

Mes talons claquent sur le carrelage des grands couloirs de la faculté. Positionnée à la gauche de mon père, je jette quelque rapides coups d'œil vers les autres étudiants. Tous les regards sont braqués sur nous, quelques chuchotements fusent de part et d'autre du couloir. 

Ma seule envie est de baissée la tête et avancer sans croiser le regard de qui que ce soit. 

Mais je suis une DIAZ. Je garde toujours la tête haute. 

Mon père tourne quelques fois la tête dans ma direction, comme pour s'assurer que je ne parte pas comme une fusée. Un maigre sourire en coin s'affiche dans la commissure de ses lèvres. Je lui rends ce sourire. 

Nous traversons un grand couloir. Derrière chaque portes se cachent des bureaux du secrétariat et de la direction. Enfin, mon père s'arrête devant une grande porte beige. Son nom est inscrit dans un petit cadre argenté. 

Il abaisse la poignée et ouvre. Je le laisse passé devant moi pour qu'il découvre enfin son nouveau bureau. Du bout des doigts, mon père caresse chaque surface de son nouveau lieu de travail. Le nez en l'air, il contemple la décoration qui envahit l'espace.

Je ferme la porte derrière moi et place mes mains dans mon dos. J'en profite pour admirer un peu le bureau avant que mon géniteur ne s'installe sur son fauteuil en cuire. Doucement, il frotte son nouveau plan de travail. 

- Tu te rends compte, Alicia ? Nous y sommes enfin ! s'exclame-t-il avec son accent italien bien prononcé. 

J'hoche la tête et viens m'asseoir sur une petite chaise face à son bureau. Ses deux mains posés à plat sur le verre, mon géniteur sourit encore plus. Nos regards s'accrochent et ne sont pas près de se lâcher. 

- Maintenant que je détiens le rôle de directeur général de cet établissement, on peut enfin passer au plan d'attaques. 

- Papa... Tu as oublié qu'on n'était pas en Italie ? je finis par intervenir. Les lois ici sont plus durs ! Il n'y a aucune lois qui autorise les mafieux d'exercer leur travail !

- Qui t'as dis que je voulais forcément mettre en place un plan d'exécution ?

- Je te connais par cœur ! Et je sais que tu as toujours quelque chose en tête qui va nous mettre dans les problèmes.

Mon père me regarde droit dans les yeux et se redresse de son siège. Un sourire maléfique se dessine sur ses lèvres. Il appuie ses deux mains sur son bureau.

- Le dernier fils des Jacob est enfin entre nos mains. Et je ne compte pas le laisser filer pour une seconde fois ! 

- Après le grand-père, tu veux te charger de...

Il pose se penche sur son bureau pour poser sa main sur ma bouche. Nous nous regardons droit dans les yeux avec beaucoup d'insistance. De ses yeux, se dégage une haine phénoménale. 

- Tu vas m'écouter jusqu'à la fin, jeune fille. 

Il retire brutalement sa main de ma bouche et fait le tour de son bureau. Lorsqu'il atteint mon dos, il se penche à mon oreille pour me chuchoter d'un air grave : 

- Rappelle toi de ce que les JACOB nous ont fait subir pendant toutes ces années. D'accord, nous avons mis la main sur leur grand-père, le pire de tous. Mais ils n'ont absolument pas chercher à se faire pardonner. Ils ont détruit l'honneur de notre famille, Alicia ! Et je ne compte pas les laisser vivre comme si de rien n'était. Alors tu vas suivre mes instructions du début jusqu'à la fin. Tu tâcheras de ne pas faire un pas de travers... Sinon tu ne risques pas d'apprécier le moment que je te réserve. Tu es mon seul et unique arme aujourd'hui, mia principessa... Et je ne comptais pas te laisser fuir.

- Maman a fuit à cause de tes conneries. 

- Explique moi alors pourquoi tu as accepté de venir avec moi dans cette merveilleuse capitale française ? me dit-il d'un ton moqueur. TU as décidé de me suivre sans savoir ce que nous allons vraiment faire. Tu n'as plus droit à une possible marche arrière, Alicia.

Il se redresse et marche lentement jusqu'à son siège de bureau. Je ne le lâche pas des yeux, le regard grave et féroce. Le voilà qui se met à me rigoler au nez. Son rire n'a rien de bienveillant.

Bien au contraire. 

Il s'installe de nouveau sur sa chaise de bureau et croise les bras. Nos regards sont toujours fixes et un silence de mort s'élève dans la pièce. Son sourire s'agrandit et ses yeux se détachent des miens pour se poser sur un dossier posé sur le bureau. 

- A partir de demain, tu seras considéré comme une élève, dans la même promotion que notre cher Rafaël.

J'ouvre les yeux en grand et m'apprête à réprimander. Mais mon géniteur lève la main pour me couper. 

- Avant que tu ne dises quoi que ce soit, je vais t'expliquer le but de cette décision. 

Il laisse glisser une petite pile de dossier juste devant moi. Je me contente de regarder ce tas de papier mal rangé, sans le toucher. Sur la couverture, un nom y est inscrit. 

Rafaël Jacob. 

Je relève les yeux vers mon père qui n'a pas lâcher ce sourire horrible qui est dessiné sur son visage. 

- Tu as devant toi toute les informations à savoir sur notre très cher JACOB. J'ai réussis à mettre la main sur tout ce qu'il a pu vivre durant ces huit dernières années. Tout, dans les moindres détails. 

- Qu'est-ce que je suis sensée faire avec ça ? 

- Le détruire, mia principessa. Le détruire et l'attirer vers le gouffre. 

Je me lève d'un seul coup de ma chaise et attrape le dossier. Quelques feuilles voltigent et se posent délicatement sur le sol. Le sourire de mon père s'évapore et disparait de son visage. 

- Je te jure papa que s'il nous arrive quoi que ce soit avec tes putains de conneries, je...

- Tu ne vas rien faire du tout. 

Il se lève à nouveau de son bureau et s'approche dangereusement. Je garde le dossier contre moi tandis qu'il se poste face à moi. Sa main se pose sur mon cou et son visage se rapproche rapidement du mien. Il murmure quelques paroles, sans me lâcher des yeux : 

- Tu fais ce que je te dis et correctement. Je sais que nous sommes en France, que les lois ne sont pas les mêmes que de là d'où nous venons. Mais nous devons tout de suite agir avant qu'ils ne nous échappent. Les Jacob veulent aussi se venger. Alors si tu ne coopères pas, tu risques très gros. Tu as compris !! 

Un nouveau silence s'abat entre nous. Je ne quitte pas le regard menaçant de mon père. Instinctivement, un petit sourire en coin se dessine sur mon visage. Je lui chuchote doucement au visage : 

- C'est dommage de menacer sa propre fille, sua principessa comme tu le dis si bien, papa. Je vais le faire ton putain de boulot. Mais à la seule condition que tu ne fasses pas de vagues ! Ici, nous ne sommes pas comme à la maison. On est dans un pays que nous ne connaissons pas spécialement. Tes hommes, oui. Mais nous, non. Alors prego, papa, ne fait pas de conneries. Tu as compris ?!

Je ne lui laisse pas le temps de répondre que je me redresse d'un seul coup. Je lui tourne le dos et m'avance en direction de la grande porte. Mes talons claquent sur le sol, résonnant dans toute la pièce. Lorsque je pose ma main sur la poignée, je tourne la tête vers mon géniteur. Il reste assis, le regard menaçant, comme à chaque fois que nous nous disputons. J'affiche un maigre sourire avant de lui lancer : 

- Pas la peine de me regarder comme ça, papa. Tu sais déjà ce qui risque de t'arriver si tu continue de me fixer comme si j'étais ta cible. N'oublie pas que je suis ta fille, pas un soldat. 

Je sors de son bureau, sans quitter ce petit sourire en coin de ma bouche. Je claque la porte une bonne fois pour toute et commence à marcher dans les grands couloirs. Sous mon bras droit, le dossier de mon nouvel ennemi. 

Toutes ses informations me sont à porter de main.

Rafaël Jacob, prépare toi à ce qu'il t'arrive des malheurs.


DOLCE VENDETTAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant